On ne présente guère plus cette figure indéboulonnable de la pop culture, co-créateur de milliers de personnages qui seront le fondement de l'univers Marvel. Historiquement et étroitement associé à la société Marvel Comics, passée avec le temps du rang de petite société d'édition à celui de colossal groupe industriel multimédia.
Après son départ de Marvel, il créa en novembre 2001 un nouveau studio, nommé POW! Entertainment. Demeuré associé à Marvel en tant que symbole historique de l'entreprise, il fut crédité comme producteur délégué de la plupart des adaptations audiovisuelles des comics mettant en scène ses personnages. Parmi ses contrats en or massif, il y avait celui-ci : la garantie de toucher 10% des profits nets sur tout ce qui utilisait ses créations ; films compris donc. De quoi généreusement garnir son compte en banque pour pas mal d'années...
"Je n'ai pas vu la couleur d'un centime !"
Lorsque le Spider-Man de Sam Raimi est sorti sur les écrans en 2002, le carton fut planétaire. Un jackpot pour Sony / Columbia, avec plus de 825 millions de dollars récoltés au box office mondial. En vertu des clauses de son contrat, Stan Lee aurait logiquement dû toucher une part plutôt généreuse du gâteau.
Sauf que Marvel Comics, impliquée dans la production, lui rétorqua le plus sérieusement du monde que le film n'avait généré aucun profit tel que le prévoyait le contrat de Stan Lee. En conséquence de quoi rien ne lui serait versé. Oui oui, vous avez bien lu.
En 2002, Stan Lee attaqua en justice Marvel Comics en portant plainte auprès du district de Manhattan. "Bien qu'ils aient tiré d'énormes bénéfices des créations de M. Lee, les accusés ont refusé d'honorer leurs engagements envers lui" stipulait la plainte. De son côté, Marvel précisait que "Mr Lee continue à être très bien rémunéré" pour sa contribution à la société et l'industrie du comic book. Certes. Mais de là à mettre un coup de canif dans le contrat... L'affaire ne se réglera qu'en avril 2005 ; Marvel payant 10 millions $ pour "financer les paiements passés et futurs réclamés par Mr. Lee". Une paille au regard des sommes en jeu.
Stan The Man, victime de l'Hollywood Accounting
Comment un film qui a engrangé plus de 825 millions $ peut-il ne pas dégager, ou si peu, de profits ? Un seul coupable : le "Hollywood Accounting". Une vieille pratique, moralement très douteuse, mais néanmoins... légale. De quoi s'agit-il ?
L'idée, c'est de gonfler le plus possible le montant des frais dits "généraux" d'un film (de production, de distribution et de promotion), grâce à une société montée pour l'occasion, qui va absorber ces dépenses. Une somme qui est donc déduite des profits générés grâce aux recettes du film au box office.
Cette méthode permet ainsi aux majors de réduire notamment le montant des royalties à verser (voire de les éliminer). En fait, les studios mettent le plus souvent sur pied une société pour chaque film qu'elles produisent. Comme n'importe quelle société, elle calcule ses profits en soustrayant les dépenses des revenus.
Le studio charge alors cette société / entité avec d'énormes frais, qui couvrent ou camouflent ainsi les revenus des films. D'un point de vue comptable, le film devient un "money loser", et n'a donc techniquement pas de profits à reverser.
En temps normal, le but d'une société est de maximiser les profits en limitant les coûts. C'est dans sa nature. Avec le "Hollywood Accounting", les majors, elles, cherchent à gonfler les pertes en maximisant les coûts (des frais généraux). Histoire de s'éviter d'avoir à reverser une obole trop généreuse... Même à quelqu'un comme Stan Lee.