Vingt-cinq ans après la sortie du film original, Scream revient sur les écrans. Mis en scène par le duo Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, ce nouveau chapitre rouvre les portes de Woodsboro pour un énième massacre sanglant. Aux États-Unis, le slasher est classé R - terme qui désigne Restricted en anglais, soit une interdiction aux moins de 17 ans. Une classification plutôt ordinaire, attribuée à une grande majorité de films d’horreur outre-Atlantique.
Dans l’Hexagone, Scream est interdit aux moins de 16 ans et c’est un peu plus surprenant. La France est pourtant connue pour être tolérante sur la classification des longs métrages. Surtout, aucune suite de la franchise lancée par Wes Craven n’avait reçu une telle interdiction auparavant.
Interrogée par AlloCiné, Françoise Tomé, présidente de la classification des œuvres cinématographiques, rappelle d’abord le procédé : tout visa est attribué à la suite de débats au sein de la commission de classification. “Ces débats sont confidentiels, chacun s’y exprime de manière très libre, puis nous votons à bulletins secrets”, précise-t-elle.
Pour justifier l’interdiction de Scream, la présidente parle des “scènes de meurtres très violentes”. La saga n’en est pas à ses premiers crimes sanglants, mais les suites qui ont succédé à l’original n’ont jamais été connues pour leur grande violence. Ce nouveau film prend, au contraire, un malin plaisir à filmer de plus près la douleur et les cicatrices de ses personnages. Surtout, le troisième acte s’en donne à cœur joie sur les effusions de sang.
Une telle classification a incontestablement un impact sur les entrées et le succès du film dans les salles. Françoise Tomé explique néanmoins “qu’une autre version a été montrée à la commission”. Après visionnage, ce montage moins sanglant s’est vu proposer un visa assorti d’une interdiction aux moins de 12 ans. “C’est le distributeur Paramount qui a finalement pris la décision de sortir l’autre version, interdite aux moins de 16 ans”, fait savoir la présidente.
“Les distributeurs sont représentés dans la commission comme d’autres professions du cinéma - auteurs, producteurs, exploitants, critiques. Chacun a son mot à dire et surtout un droit de vote pour s’exprimer”, rappelle-t-elle.
Scream vu par Neve Campbell et Courteney Cox, ses deux héroïnes iconiquesEn juillet 1997, le tout premier Scream débarque en France avec, là aussi, une interdiction aux moins de 16 ans. Quelques années plus tard, le film de Wes Craven est finalement réévalué pour une interdiction aux moins de 12 ans. “Il n’est pas rare que la commission soit saisie à nouveau du même film ou dans une version modifiée, ce qui explique qu’il puisse y avoir une modification du visa.”
“S’agissant de Scream, la commission de classification à l’époque a effectivement été saisie pour voir une version remontée du film pour une diffusion télé qui, elle, a reçu une interdiction aux moins de 12 ans”, explique Françoise Tomé. En sera-t-il de même pour Scream version 2022 ? L’avenir le dira.
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 15 janvier 2022.