1988. La cinéaste Agnès Varda réalise Jane B. par Agnès V., un documentaire consacré à Jane Birkin. Dans ce film, l’icône se dévoile. Son parcours de femme, de chanteuse, d’actrice, de muse aussi. Plus d’une trentaine d'années plus tard, elle est de nouveau l’objet d’un portrait cinématographique, bien différent cette fois. Il est mis en scène par sa propre fille, Charlotte Gainsbourg.
Déjà passée derrière la caméra pour l’un de ses clips vidéo, c’est la première fois que l’actrice réalise un long métrage. Un film doux, pudique tout en étant intime et d’une sincérité désarmante. Toutes les mères ne sont pas aussi célèbres que Jane Birkin, pourtant le documentaire efface peu à peu le statut d’icône et le poids de la célébrité pour ne laisser que les complexités humaines, communes à toutes et à tous.
Une chose est sûre, Charlotte Gainsbourg ne s’attendait pas à créer un documentaire universel, au contraire. “J’ai fait le film très égoïstement. Pour moi, pour vivre quelque chose avec ma mère, explique-t-elle à AlloCiné. Tout ce que je voulais, c’était passer du temps avec elle, lui poser des questions que je n’aurais pas osé lui poser face-à-face. Je n’ai même pas imaginé qu’il puisse sortir en salles. J’ai compris seulement très tard le film qu’on faisait. Que ça puisse toucher des gens maintenant, cela me fait très plaisir.”
On a peur d’avoir mal fait, de ne pas être à la hauteur, je sais que les mamans comprennent ça.
“Finalement, toutes les personnes qui ont vu ce film ont parlé de leur mère ou de leur fille. C’est plus qu’une histoire de famille”, relance Jane Birkin. Pour un parent, c’est une chance quand l’enfant se tourne vers vous. Combien de ratages ? Combien de fois où on aurait préféré que l’enfant nous dise qu’il va mal ? On a peur d’avoir mal fait, de ne pas être à la hauteur, je sais que les mamans comprennent ça. On se trouve tous dans la même situation. C’est universel et ça n’arrête pas.”
Après une première partie de tournage difficile, c’est finalement sur la durée que Charlotte Gainsbourg a trouvé le rythme et le ton de son documentaire. “J’avais quelques questions à lui poser et elles étaient mal formulées au départ. Je faisais avec beaucoup de bienveillance, je ne voulais pas la choquer.”
Nolita Cinema - Deadly Valentine
Photos, images en Super 8, caméra amateur… Avec Jane par Charlotte, la réalisatrice s’est tournée vers l’expérimentation. Elle s’est tout de même entourée d’un chef opérateur, Adrien Bertolle, pour proposer un film avec une véritable ambition. “Il y a une vraie mise en scène, ce n'est pas un simple documentaire sur papa-maman, les frères et les sœurs", fait savoir Jane Birkin.
Plus qu’un projet sur une relation mère-fille, Jane par Charlotte est aussi une quête d’identité. Où se situer dans une fratrie ? Quel regard portent les parents sur leur enfant et comment se construire à partir de cela ? “Il y a que des personnes comme votre père ou votre mère qui peuvent vous dire ce que vous êtes pour eux, ajoute Jane Birkin. On passe sa vie à se dire qu’on méritait une meilleure place.”
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Angoulême, en août 2021.
Jane par Charlotte, au cinéma le 12 janvier.
Découvrez la bande-annonce du film :
