Attention, cet article contient de nombreux spoilers sur la série Sissi et la saga cinématographique d’Ernst Marischka. Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit.
Le 23 décembre dernier, TF1 lançait en grande pompe la série Sissi, les nouvelles aventures de la célèbre impératrice Élisabeth de Wittelsbach. Une version revisitée de la saga cinématographique d’Ernst Marischka portée à l’époque par l’iconique Romy Schneider.
Si Sissi, Sissi impératrice et Sissi face à son destin relevaient plus de conte de fées, la série campée par Dominique Devenport et Jannick Schümann, se veut quant à elle bien plus contemporaine et réaliste.
En effet, les scénaristes de la série allemande ont fait le pari de se démarquer totalement de l’œuvre de Marischka en proposant une lecture à la fois moderne, historique et politique. Rien de tel pour jouer au jeu des différences.
Alors que bon nombre de téléspectateurs ont encore en tête la saga culte, qu’est-ce qui distingue les films et la série ?
LA MALÉDICTION
Dès les premières séquences de la série, Franz ordonne la pendaison d’un prisonnier de guerre hongrois et sa veuve se tourne alors vers lui pour le maudire.
« Que le ciel comme l’enfer t’empêche de connaître le bonheur sur terre. Que ceux qui te sont chers disparaissent de la surface du globe. Je te maudis et te condamne à errer seul tel un fantôme. Tu feras périr tous ceux que tu touches et tes enfants seront voués à une mort indigne. ».
Une damnation qui hantera l’empereur au fil de la saison, lequel devra vivre avec la peur constante, ou presque, de perdre celle qu’il aime.
Alors que dans les films d’Ernst Marischka la malédiction n’existe pas, les scénaristes de la série ont quant à eux pris le parti d’ajouter cette touche mystique au récit. Un choix qui sonne comme une volonté de rappeler aux téléspectateurs que la vie de Franz et Sissi n’était pas aussi idyllique que les films voulaient nous le faire croire et d’ancrer le couple impérial un peu plus dans la réalité historique.
LA JALOUSIE D’HÉLÈNE
Dans les films, Élisabeth et Hélène sont deux sœurs très proches et complices. Si dans les deux premiers épisodes, la série met elle aussi cette complicté en avant, le choix de Franz, de prendre Sissi comme épouse, va créer un véritable fossé entre elles. Pour Hélène (Pauline Rénevier), cela sera vécu comme une véritable trahison.
Loin du personnage doux et attentionné de la trilogie cinématographique, Hélène se révèle à l’inverse froide et hautaine. Jalouse et estimant que sa sœur voit Franz comme une aventure, elle n’hésitera pas à tout mettre en œuvre pour la décrédibiliser aux yeux de l’empereur.
LA RENCONTRE ENTRE SISSI ET FRANZ
Que ce soit dans les films ou la série, l’histoire d’amour entre Sissi et François-Joseph fait des étincelles. Dans les deux œuvres, ils tombent amoureux au premier regard mais en définitive, leur rencontre est traitée de façon bien différente.
En effet, dans les films d’Ernst Marischka, Sissi profite d’une après-midi pour aller pêcher. Lorsqu’elle essaie de jeter sa ligne à l’eau, l’hameçon s’accroche à la veste de l’empereur qui longe la rivière dans sa calèche.
Dans la série, la rencontre du futur couple impérial est au contraire on ne peut plus officielle. Ludovica et ses deux filles arrivent à Ischl, la résidence d’été impériale, pour fêter l’anniversaire de Franz. Au moment où ce dernier salue ses cousines, il tombe immédiatement sous le charme de Sissi mais se méprend en imaginant qu’elle est Hélène, sa promise.
FRANZ, UN PERSONNAGE PLUS SANGUINAIRE
D’une œuvre à l’autre, Franz est un personnage diamétralement opposé.
Alors que le Franz originel est doux et aimant, la série explore en profondeur le personnage et n’édulcore rien de sa part d’ombre. D’homme parfait de conte de fées, Franz devient dans la série un personnage impulsif, dangereux, violent et presque dénué de sentiments à l’égard de sa compagne qu’il n’hésitera pas par ailleurs à tromper à maintes reprises comme dans la réalité.
Faisant le choix d’un récit historique plus authentique, la série met en avant les conflits politiques qui régnaient en Autriche et auxquels l’empereur a dû faire face de façon autoritaire, dure, froide afin de trouver sa place. C’est donc un personnage beaucoup complexe qu’il nous est donné à voir et qui volerait presque la vedette à Sissi.
SISSI, UNE HÉROÏNE MODERNE
Avec Romy Schneider, Sissi était sans aucun doute l’héroïne des films. Dans cette version de 2021, c’est un personnage plus effacé et en grande partie plus intéressé par le sexe que par le rôle qu’on attend d’elle à la Cour.
Cependant, un trait de sa personnalité est resté intact, celui de sa soif de liberté. Il faudra toutefois attendre la seconde partie de la saison pour retrouver la Sissi indépendante que l’on connaît. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle commence à rejeter les codes imposés par la Cour, à se rebeller et à jouer un rôle plus important dans l’Histoire de sa patrie.
Dans cette seconde partie, Sissi se mue en personnage plus moderne et actif. Et à la différence des films, on verra l’Impératrice beaucoup plus préoccupée par ce qu’il se passe dans son pays. Elle n’hésitera pas d’ailleurs à donner de sa personne pour s’occuper des blessés de guerre, à parler de politique ou encore à créer une alliance féminine pour faire face à Napoléon III.
L’AFFIRMATION D’UNE CERTAINE LIBERTÉ SEXUELLE
En faisant la promesse de revisiter l’histoire de Sissi tout en lui apportant une touche de modernité mêlée de féminisme, la série allemande a choisi de mettre en avant une certaine forme de liberté sexuelle.
Plus axée sur la vie sexuelle de ses protagonistes, la série Sissi contient de nombreuses scènes érotiques et sulfureuses qui auraient été inimaginables dans la saga cinématographique. A ce titre, la première séquence donne le ton. Sissi, seule dans son lit, explore son corps en poussant des gémissements sans équivoque. Masturbation, bordel, kamasutra, sex toys ou encore prostituées, autant d’ingrédients qui viennent dépoussiérer le mythe de Sissi.
FANNY LA COURTISANE
Ignorante des choses de l’amour, Sissi se rend dans une maison close où elle fait la connaissance de Fanny (Paula Kober), une prostituée qui vient de passer un moment d’intimité avec Franz. Comme elle désire en apprendre davantage sur la sexualité, la future impératrice va alors en faire sa dame de compagnie.
Fanny, qui n’existe pas dans les œuvres filmiques, va s’avérer être un personnage important dans la série. Proches et complices, les scénaristes n’hésiteront pas d’ailleurs à suggérer à quelques reprises une relation lesbienne entre elles.
Si leur amitié est un point central dans la narration de la série, les intentions de Fanny demeurent néanmoins complexes. Aussi, même si elle est sincèrement attachée à l’impératrice, elle n’hésitera pas à la trahir pour se protéger. Un acte qui ne sera évidemment pas sans conséquences pour Sissi.
Pour la petite anecdote, Fanny Angerer était la coiffeuse attitrée de l’impératrice d’Autriche mais rien dans l’Histoire ne dit si elles étaient réellement amies.
LA COMTESSE ESTERHAZY
Bien qu’elle régente la vie de Sissi en l’obligeant à se plier aux règles de la Cour, la comtesse Esterhazy (Tanja Schleiff) est finalement un personnage plus drôle et moins antipathique que dans les films. C’est d’ailleurs à travers ce personnage que tout l’aspect comique de la série passe.
Mais la comtesse ne se réduit pas à cela et prend elle aussi part aux conflits qui règnent en Autriche. Afin d’éviter une guerre avec le Royaume de Lombardie et que les hongrois ne se rebellent contre la couronne, elle permettra ainsi la rencontre entre Sissi et le comte Andrassy (Giovanni Funiati).
L’HISTOIRE
Contrairement aux films, l’Histoire a une place importante dans la série. A travers la romance de Franz et Sissi, les scénaristes nous racontent donc une partie de l’Histoire d’Autriche dans les années 1850. Et pour affirmer cet aspect plus réaliste, ils n’ont pas lésiné sur les scènes de guerre, les pendaisons, les conflits politiques, les attentats, les scènes de massacre et de rébellion.
LE MARIAGE MALHEUREUX DES PARENTS DE SISSI
Dans les films, Ludovica et Maximilien de Bavière, les parents de Sissi, filent le parfait amour. Vivant loin de la Cour, ce couple heureux et aimant, incarnait la famille idéale pour le public des années 1950.
Toutefois, ils sont bien différents dans la série d’Andreas Gutzeit et Robert Krause. S’ils semblent se respecter, Maximilien et Ludovica ne s’aiment pas et leur mariage n’est guère heureux.
Autre changement notable, Maximilien de Bavière, initialement fantasque et bohème, apparaît comme froid et aigri dans la série allemande. Tandis que son amour pour Sissi, qui reste son enfant préféré, est le même dans les deux œuvres, il n’apprécie pas du tout Franz et s’intéresse beaucoup plus aux questions politiques dans la série.
Ludovica a quant à elle connu aussi quelques changements. Très proche de sa fille et mère aimante, elle se révèle plus distante dans cette nouvelle version et figure bien moins à l’écran.
L’ARCHIDUCHESSE SOPHIE EST BEAUCOUP PLUS SYMPATHIQUE
Deux femmes de tête, deux visions différentes de la monarchie et du devoir d’une souveraine. Voilà la relation conflictuelle qu’entretenaient Sissi et l’Archiduchesse Sophie tout au long de la saga cinématographique.
Femme de devoir au caractère autoritaire, acariâtre et ferme qui incarnait à merveille le rôle de la méchante, Sophie (Désirée Nosbusch) est cette fois moins manichéenne. Plus sympathique et humaine, elle acceptera même rapidement Sissi comme sa nouvelle belle-fille. Malgré tout, comme dans les films, sa seule préoccupation demeure la grandeur de l’Autriche.
LE COMTE DE GRÜNNE
Conseiller militaire de l'empereur François-Joseph, le comte de Grünne (David Korbmann) n’existe pas dans les films. Dans la série, il accompagne Franz dans ses moindres déplacements et le côtoie quotidiennement. Même si cela fait partie de son rôle, il semble également être la seule personne à le comprendre, tout en étant pour le jeune empereur une figure presque amicale.
L’ABSENCE DU COLONEL BÖCKL
Le grand absent de la série est sans nul doute le colonel Böckl (Josef Meinrad). Personnage loufoque et éperdument amoureux de Sissi, il faisait pourtant partie des personnages phares et inoubliables de la saga cinématographique. Même si tout porte à croire qu’il n’ait jamais réellement existé, nous aurions cependant aimé le revoir dans la série. Son humour et sa maladresse légendaire, qui en ont fait rire plus d’un, manqueront certainement.
LA SCENE DE L’ACCOUCHEMENT
La naissance du premier enfant de Franz et Sissi est elle aussi bien différente dans les deux œuvres audiovisuelles. Tandis que dans les films l’impératrice met au monde sa petite fille sans aucune souffrance, on ne peut pas en dire autant dans la série qui donne une image bien plus réaliste de ce qu’est un accouchement.
LA MORT DU PREMIER ENFANT DE FRANZ ET SISSI
L’un des oublis majeurs de la saga cinématographique et qui est abordé dans la série, est le décès de Sophie, la première fille de Franz et Sissi. Une tragédie qui intervient dans les deux derniers épisodes de la série et qui aura forcément un impact majeur sur les personnalités du couple impérial.
D’ailleurs, c’est l’évènement clé à partir duquel Sissi commence à s’émanciper du protocole qui lui est imposé. L’occasion pour les scénaristes de laisser entrevoir les maux qui l’ont rongée toute sa vie.
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