De quoi ça parle ?
Anna, sous l'emprise de son mari violent depuis plusieurs années, commet l'irréparable lors d'une énième dispute. Le jour de son inculpation, sa vie bascule une nouvelle fois quand elle découvre qu'il est toujours en vie et que leur fils est en danger. Elle n'a alors plus d'autre choix que de s'évader.
Chaque lundi à 21h sur 13ème Rue à partir du 29 novembre
Un thriller "populaire" sur un sujet plus que jamais d'actualité
Après Trauma, diffusée en 2019 avec Guillaume Labbé dans le rôle principal, le scénariste et producteur Henri Debeurme, à qui l'on doit Les Grands, Missions, ou encore Christmas Flow, retrouve la chaîne 13ème Rue, adepte des polars, pour une nouvelle création originale plutôt haletante et surprenante : J'ai tué mon mari.
Portée par Erika Sainte (Les Rivières pourpres), Antoine Gouy (Lupin), et Tiphaine Daviot (HP), cette série en six épisodes réalisée par Rémy Silk Binisti aborde la thématique des violences faites aux femmes sous l'angle du thriller pur, afin de se démarquer des récentes fictions sur le même sujet, plus réalistes, telles que Jacqueline Sauvage, A la folie (bientôt sur M6), ou encore Boomerang (téléfilm France 2 avec Corinne Masiero à venir et déjà présenté au Festival de La Rochelle).
Et c'est en partant d'une histoire personnelle qu'Henri Debeurme a imaginé l'intrigue de J'ai tué mon mari, comme il l'expliquait lors d'une conférence de presse organisée en septembre dernier à La Rochelle justement, où a également été tournée la série.
"Le vrai déclencheur c'est quelque chose d'assez personnel. Un jour, une amie très proche m'a raconté son histoire, dont je n'avais absolument pas conscience. Et je me suis dit qu'il fallait trouver un moyen de raconter ce genre d'histoires. Et ensuite, j'avais envie d'imaginer une série avec des personnages féminins forts, différents de ce qu'on voit d'habitude dans les séries françaises. J'avais envie de proposer un vrai thriller, avec plus d'action que dans Trauma, qui était davantage un thriller psychologique".
"Le sujet est touchy, il faut évidemment bien le travailler", poursuit Rémy Silk Binisti. "Le raconter sous forme de thriller nous paraissait être le plus intéressant. Et on lui a donné un peu de couleur, un peu de relief, pour que ce soit populaire, que ça touche un maximum de gens. Et qu'on puisse sensibiliser le téléspectateur aux détails qui pourraient trahir les mauvaises intentions qu'on ne verrait pas forcément chez certaines personnes".
"Ce qui m'intéressait c'était de voir ce qui se passe si on passe 15 années de maltraitance auprès de quelqu'un. Psychologiquement, quelles sont les conséquences d'un tel calvaire ? On voulait le montrer de manière réaliste, à un certain niveau, mais aussi et surtout de manière trash et poétique. Pour qu'on puisse voir que ça peut réellement détruire. On cherchait vraiment à avoir ce côté populaire, ce côté pulp qu'on aime beaucoup", ajoute le réalisateur qui confie s'être inspiré de cinéastes comme Denis Villeneuve et David Fincher, et notamment du film Gone Girl.
Antoine Gouy glaçant en "mâle toxique très 2021"
Présente dans quasiment toutes les séquences de J'ai tué mon mari, Erika Sainte, que les fidèles des Rivières pourpres connaissent bien, porte littéralement la série à bout de bras et parvient à donner chair à cette femme sous emprise qui peine à sortir du déni, mais va devoir tout risquer pour protéger son fils. Et tuer une bonne fois pour toutes son bourreau ?
"J'ai été très touchée par le personnage et par cette opportunité", avoue Erika Sainte, qui ne tarit pas d'éloges sur le travail des scénaristes Sophie Dab, Lucie Frejaville, Justine Kim Gautier, et Rémy Silk Binisti. "Car pour une actrice, c'est un cadeau génial d''avoir des rôles, à 40 ans, qui font rêver. Je me suis dit que c'était excessivement bien écrit. J'avais déjà traité de l'emprise et de la manipulation psychologique dans d'autres fictions, et là j'ai trouvé que le scénario était très, très fin. À tel point que, au 3ème ou 4ème épisode, je n'étais pas certaine que c'était vraiment son mari le méchant".
Et si Anna "n'a pas du tout l'air d'être une victime", car présentée comme une femme forte et indépendante, évoluant dans un milieu aisé, elle n'est évidemment pas la seule à dissimuler une vérité derrière une façade et des apparences. Et le comédien Antoine Gouy, qui incarne Manuel, le fameux "mari" du titre, se révèle glaçant dans la peau de cet époux et père de famille bien sous tous rapports, qui une fois le masque tombé se révèle en monstre du quotidien.
"Rémy voulait que j'incarne le mec dont on ne se méfie pas du tout", explique Antoine Gouy. "C'est une série qui nous poursuit longtemps et qui aide à décrypter la société dans laquelle nous vivons. J'ai joué parfois des salauds, souvent extraordinaires. Et là ce qui était séduisant c'était de jouer un salaud ordinaire. En tant qu'acteur, de m'emparer de la psychologie de ces personnes, pour comprendre les schémas, les mécanismes, c'était passionnant. On a tous connu ces histoires-là, et souvent on se dit "Je n'avais rien vu, il avait l'air si sympa". C'est vraiment terrible".
L'occasion pour la série de s'ancrer dans quelque chose de très actuel, en laissant au placard la figure du "mâle alpha, sur le visage duquel il est écrit qu'il est violent", selon Henri Debeurme. "Je ne sais pas si on avait vu tant que ça cette figure de mâle toxique très 2021 à la télé. Très amoureux de sa femme et de son fils, loin du mâle alpha qu'on a longtemps représenté et qu'on repère assez facilement maintenant".
Une vision similaire à celle de la série The Undoing, dont les auteurs ont beaucoup parlé durant l'écriture de J'ai tué mon mari. "Hugh Grant c'est l'homme idéal, le pote idéal, et dans The Undoing on déconstruit totalement cette image", analyse Henri Debeurme. "Il y a une vraie tendance à changer les schémas. Il y avait Big Little Lies aussi, qui amenait de la violence dans un cadre bourgeois. Ce n'est pas forcément propre aux séries, c'est juste la société qui évolue".