De quoi ça parle ?
À l'approche de ses 30 ans, un jeune compositeur prometteur jongle entre l'amour, l'amitié et l'envie de réussir quelque chose de grandiose avant qu'il ne soit trop tard.
C’est avec qui ?
Il se faisait rare sur nos écrans, choisissant ses projets avec parcimonie. Andrew Garfield fait son grand retour dans Tick Tick... Boom! en se glissant dans les habits de Jonathan Larson. Si l’acteur laisse peu de place aux autres acteurs tellement il est solaire, on prend tout de même plaisir à voir à l’écran, Alexandra Shipp, Vanessa Hudgens, MJ Rodriguez ou encore, Judith Light. Le tout est réalisé par Lin-Manuel Miranda (Hamilton).
Ça vaut le coup d'œil ?
Jonathan Larson. Vous ne connaissez probablement pas son nom, et pourtant ce génie créatif adoubé par Sondheim lui-même a signé l’une des plus grandes comédies musicales de ces dernières décennies : Rent. Une ôde au temps, à la jeunesse perdue et touchée par la maladie (le SIDA), à la vie de bohême.
Larson ne saura jamais le succès qu’a rencontré sa pièce, n’ira pas récupérer les plusieurs Tony Awards qu’il a remportés sur scène, ni le prix Pulitzer donné à titre posthume. Fauché à l’âge de 35 ans le matin même de la première représentation de Rent, il est un talent parti trop tôt.
Tick Tick... Boom! nous raconte son histoire. Avant Rent, avant les prix, avant la reconnaissance. Il n’est juste qu’un auteur vivant dans un immeuble new-yorkais délabré qui a du mal à boucler les fins de mois. Il s’inspire de ce qui l’entoure pour écrire ses musiques. Il travaille d’ailleurs activement sur Superbia, une comédie musicale résolument rock et futuriste inspirée de 1984 d’Orwell.
Si sa pièce n’arrivera pas jusqu’à Broadway malgré de bons encouragements, cet échec lui inspirera sa pièce suivante : Tick Tick Boom!, un spectacle monologué qui va donner son titre au film de Lin-Manuel Miranda.
Et c’est ce qu’est aussi cette nouvelle production Netflix : le monologue d’un homme terrifié par le temps qui passe. Andrew Garfield est exceptionnel dans ce jeu. Et même s’il est présent dans quasiment toutes les scènes, l’acteur arrive à passer d’un extrême à l’autre. Autant à l’aise en chant qu’en danse, dans l’humour que le drame, il livre ici l’une des meilleures prestations de sa déjà si brillante carrière.
A l’image de Rent, qui raconte les ravages du SIDA dans le New York des années 90, Tick Tick Boom! est un film sans prétention, avec du cœur, qui nous pousse à nous reconcentrer sur l’essentiel. Les acteurs rendent justice aux chansons écrites par Jonathan Larson il y a 30 ans de cela.
Et force est de constater que les paroles font mouche aujourd’hui encore, et qu’elles continuent d’émouvoir. Mention spéciale à "Louder Than Words" que vous pouvez découvrir ci-dessous (interprétée par Andrew Garfield, Vanessa Hudgens et Joshua Henry).
Quant à Lin-Manuel Miranda, que l’on attendait au tournant, il réussit le challenge avec brio. Pour sa première vraie réalisation, l’homme de théâtre ne déçoit pas et propose dans Tick Tick Boom! des tableaux assez bluffants. Ses acteurs - Garfield et Alexandra Shipp en tête - semblent s’épanouir devant sa caméra. Le cinéaste s’est d’ailleurs permis un petit caméo et a fait appel le temps d’une scène à plusieurs de ses amis dont Renée Elise Goldsberry et Phillipa Soo d’Hamilton et Daphne Rubin-Vega que l’on a vue cet été dans D’où l’on vient.
Amoureux de comédies musicales ou non, vous tomberez sous le charme de ce film dont on entendra définitivement parler ces prochains mois.