Pourquoi ça vaut le coup d’œil
C’est une série qui se savoure dès la première seconde, déjà avec son générique d’ouverture. Divin et entêtant avec son thème instrumental d’inspiration classique, cette séquence d’introduction est aussi terriblement galvanisante avec ses images d’explosion d’objets de luxe. Des images cathartiques mais reflétant aussi une Amérique au bord de l’explosion.
C’est une certaine philosophie de The Good Fight qui s’exprime dans ce générique, celle du couple de créateurs Michelle King et Robert King qui livrent une charge (explosive) contre les puissants.
Depuis son lancement en février 2017 aux Etats-Unis – soit un mois après l’investiture de Donald Trump – le spin-off de The Good Wife n’a de cesse de mener une charge politique tonitruante contre le pouvoir en place et de faire un constat effaré sur l’état du monde.
Un exercice de déconstruction
Jamais en manque de bonnes idées, les King démarrent cette saison 4 en plongeant leur héroïne – la fabuleuse Diane Lockhart jouée par la non moins fabuleuse Christine Baranski – dans une réalité alternative. Diane se réveille un beau matin dans un monde où Trump n’est pas le président des Etats-Unis et où Hillary Clinton a remporté l’élection. Un rêve…
Mais qui tourne vite au cauchemar ! Car dans cette réalité-là, Harvey Weinstein continue à couler des jours paisibles en agressant des femmes impunément. Et le mouvement #MeToo n’a jamais existé. L’administration Clinton a ses propres casseroles et pour bien faire son travail, Diane doit gagner les bonnes grâces d’Elizabeth Warren devenue juge à la Cour suprême.
Tout d’un coup, la mission de Diane n’est plus de combattre le "Mal" puisqu’il a changé de camp. Mais de le protéger. Puisque toutes ces mauvaises actions sont conduites par des Démocrates. Et elle doit le faire en dépit en de ses convictions personnelles. En un épisode, The Good Fight fait son propre procès, sur sa nature sardonique et sa capacité à tirer à boulets rouges sur l’ennemi. Brillant.
A la fin de l’épisode, Diane revient à la réalité, celle où Trump est président mais où le cabinet Reddick, Boseman & Lockhart se fait racheter par une grande firme, plus riche et plus puissante. C'est le début des ennuis. Au même moment court une intrigue – qui est peut-être liée à la première ? – qui va agiter toute la saison : le mémo 618.
Qu’est-ce que c’est ? Personne ne semble le savoir. Mais on finit par comprendre que c’est un mémo top secret qui permet aux personnes les plus riches de se retirer du processus juridique et donc d’agir en toute impunité. Une intrigue qui fait référence à une longue liste d’associés de Donald Trump qui ont refusé de se conformer aux assignations à comparaître.
Tout le jeu de The Good Fight consiste à démontrer à chaque instant avec quelle ampleur la réalité s'amuse à dépasser la fiction. Les intrigues semblent irréelles dans la série. Pourtant elles sont toutes inspirées d'histoires vraies.
Et le vrai génie de The Good Fight, c’est de décrire un présent surréaliste et cauchemardesque dicté par des puissants hors d’atteinte, d’être consciente que le système judiciaire américain est peut-être compromis et que les "gentils" ne peuvent pas toujours gagner. Elle ne cherche pas à vendre de faux espoirs. Et si cela peut sembler déprimant, c'est pourtant tout le contraire car elle le fait avec panache, un humour mordant et beaucoup de pédagogie. Ce qui rend la série totalement addictive.
Sa vocation ? Amener le spectateur à ouvrir les yeux.
L'excellent générique de la saison 4 :