Un terrible drame est survenu ce jeudi sur le tournage du western Rust : l'acteur américain Alec Baldwin a tué accidentellement la directrice de la photographie du film avec une arme chargée à blanc. Comment un tel incident peut-il se produire avec un pistolet dénué de balles réelles ? On vous explique.
Il convient d'abord d'indiquer, comme le note le site TheWrap, que les armes utilisées sur les tournages sont souvent de véritables armes, et ce même si le terme "prop gun" (arme factice) est couramment utilisé.
Pourquoi utiliser de vrais pistolets sur un plateau ? Tout simplement dans un souci de vraisemblance. En 2019, le spécialiste en armes à feu Dave Brown indiquait ainsi que les vraies armes ajoutaient de l'authenticité, notamment sur les gros plans.
Si lors de tournages, les armes sont donc souvent réelles, elles ne sont évidemment pas chargées avec de vraies balles, mais à blanc, c'est-à-dire avec une munition sans projectile, autrement dit une cartouche vierge. Dans le cadre d'une utilisation à blanc, cette cartouche vide, dans laquelle est disposé un étui (le plus souvent en plastique) contenant de la poudre, est introduite dans le canon d'une arme à feu.
Les armes chargées à blanc contiennent donc du plastique et de la poudre, mais pas de projectile. Alors comment peut-on en arriver à une issue dramatique ?
Tout simplement car même à blanc, un tir, s'il est effectué à courte distance, peut être fatal, avec l'effet combiné, lorsqu'on appuie sur la gachette, d'un bruit violent, d'un mouvement de recul, d'un flash de lumière et de l'expulsion de la matière solide servant à sceller la pointe de l'arme pour maintenir la poudre à canon. Bref, balle ou pas balle, quiconque est proche de l'extrémité du canon est potentiellement en danger.
Ainsi que le rappelle The Wrap, le tout premier bulletin de sécurité adopté par The Industrywide Labor-Management Safety Committee avertissait avec fermeté des dangers des munitions à blanc, déclarant qu'elles "peuvent tuer" et qu'il était impératif de "traiter toutes les armes à feu comme si elles étaient chargées."
On notera le rappel du site Deadline qui indique que c'est traditionnellement le premier assistant réalisateur qui est en charge de la sécurité sur un plateau, en coordination avec le chef accessoiriste.
"Selon le protocole, un armurier s'occupe de manipuler toutes les armes du plateau qui sont chargées à blanc", indique une source de notre correspondant américain Emmanuel Itier. "Le premier assistant réalisateur fait une annonce à ce sujet - il vérifie les armes et montre à toute l'équipe technique et à tous les acteurs qu'elles sont vides et inactives - ou bien, le cas échéant, qu'elles sont chargées à blanc. Une fois que le premier assistant et que l'armurier ont vérifié les armes, elles sont confiées aux acteurs avant la prise."
"Sur des films à plus petit budget, les accessoiristes vont parfois manipuler les armes", poursuit-il. "Si elles ne sont pas chargées à blanc et qu'elles sont vides, ce même protocole est indifféremment utilisé. Si des balles à blanc doivent être tirées, personne n'est censé se trouver juste en face de l'arme, pas même le caméraman."