Avant d’être une légende du crime, Tony Soprano a fait ses gammes auprès de son oncle, Dickie Moltisanti. Dans un contexte explosif de guerre des gangs, cet intraitable parrain a ouvert les portes de la mafia à son neveu. C'est l'histoire racontée par Many Saint of Newark, prequel de la série culte qui a révélé au monde entier un acteur exceptionnel : James Gandolfini.
Décédé en 2013, le comédien a laissé un héritage inestimable, perpétué par son fils, Michael. Ce dernier a réussi à convaincre David Chase, créateur des Soprano, et Alan Taylor, réalisateur du film, de le laisser reprendre le rôle mythique tenu par son père.
INCARNER TONY SOPRANO
Toutefois, le jeune homme n'a pas eu la tâche facile. Il a dû se confronter à un lourd processus d'auditions. "Je me suis senti sur une autre planète quand j'ai appris que j'avais le rôle. J’ai auditionné sur une période de 3 mois donc j’ai passé beaucoup de temps avec l’accent, la physicalité et les émotions du personnage", a-t-il confié à notre micro.
Entrer dans la peau d'un jeune Tony Soprano n'a pas été chose aisée. David Chase a bien spécifié que le personnage n'était pas du tout celui que l'on connaît dans la série, il ne fallait donc pas imiter le jeu de James Gandolfini mais s'approprier la personnalité du chef mafieux à une période spécifique de sa vie.
Ça n'a pas été facile pour Michael, il a dû beaucoup prendre sur lui pour s'approprier le rôle.
"Sa performance est excellente. Ça n'a pas été facile pour lui, il a dû beaucoup prendre sur lui pour s'approprier le rôle. Mais pour moi, je ne le voyais pas comme le fils de James Gandolfini, c'était juste le bon acteur pour ce rôle précis", explique David Chase.
NE PAS IMITER JAMES GANDOLFINI
Au départ, Michael Gandolfini tentait trop d'imiter son père. Il jouait le jeune Tony avec les manières du personnage plus vieux et ça ne collait pas. Alan Taylor et David Chase ont donc exhorté le comédien à oublier la performance de son père pour se concentrer sur sa propre version de Tony, qui n'était pas encore un redoutable parrain de la mafia à cette époque. Même s'il voulait absolument satisfaire les fans en incarnant un Tony digne de ce nom, Michael a dû changer de cap et revoir totalement sa performance.
Mon instinct me poussait à jouer le personnage de la même manière que mon père.
"Mon instinct me poussait à jouer le personnage de la même manière que mon père, pour que les fans reconnaissent le Tony de la série. Mais David Chase et Alan Taylor m'ont dissuadé d'aller dans cette direction. Ils m'ont dit de revenir en arrière, m'ont expliqué que le personnage n'était pas encore le Tony que l'on connaît tous. "Tu ne peux pas crier contre quelqu'un comme si tu avais 30 ans", m'ont-ils expliqué. Je me suis trop mis la pression pour donner aux fans ce qu'ils voudraient. Mais j'ai dû faire un gros travail pour revenir en arrière et proposer mon propre Tony", a précisé Michael Gandolfini.
UN PERSONNAGE EMBLÉMATIQUE
En effet, le comédien a dû avoir une grosse pression sur les épaules pour se glisser dans le costume d'un personnage aussi iconique. De plus, Tony Soprano est indissociable de la performance de son père et l'erreur aurait été justement de l'imiter. Chase et Taylor ont donc eu raison de pousser le jeune homme à oublier l'héritage de son géniteur pour parvenir à camper le personnage de la façon la plus authentique possible.
Pour Michael, grandir aux côtés de celui qui a incarné Tony n'a pas vraiment été d'une grande aide pour entrer dans la peau du personnage. "Je ne dirais pas qu’avoir grandi avec lui m’a aidé à mieux cerner Tony. Évidemment, la série m’a énormément aidé. Elle m’a permis de connaître ses manières, ses postures, poser son regard et tenir ma tête d’une façon spécifique. Mais aussi ma gestuelle, et l’accent", explique le jeune comédien.
"Mais ce qui m’a le plus aidé c’était que j’avais en gros 86 heures de séances de psy avec le personnage que j’allais jouer. J’ai vraiment réussi à comprendre tous les aspects de ce personnage mais aussi comment Tony pense et ce qui lui provoque ses réactions. Toutefois, ce rôle ne m’a pas réellement appris de choses sur mon père et mon père ne m’a rien appris à propos de Tony. Car mon père n’était pas Tony, ce sont des personnes différentes", conclut-il.