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    Fugueuse : rencontre avec Romane Jolly, la révélation de la série de TF1
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Romane Jolly est la révélation de "Fugueuse" sur TF1, qui aborde le sujet de la prostitution des mineures. Rencontrée au Festival de La Rochelle, elle est revenue pour nous sur ce premier rôle à la télé et sur le message important de la série.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    AlloCiné : Vous décrochez avec Fugueuse votre premier rôle à la télévision. Et vous commencez avec un sujet pour le moins difficile et fort puisque la série raconte l'histoire de Léa, une ado qui, aveuglée par l'amour qu'elle porte à un jeune homme plus âgé, se laisse manipuler et accepte de se prostituer. Quelle a été votre réaction en découvrant le scénario de la série ?

    Romane Jolly : Quand j’ai lu le scénario pour la première fois, j’ai trouvé que c’était une magnifique opportunité en tant que comédienne, parce que la palette d’émotions était très large. Il y a de la danse, on travaille avec les corps. Il y a de la violence. Une opposition entre la jeunesse du personnage et son côté plus femme aussi. Beaucoup de choses qui rendaient le personnage de Léa très enrichissant.

    Et ensuite, bien sûr, il y a le sujet qui est très lourd, qui a son importance, et qui est évidemment alarmant. J’avais très envie de défendre un tel sujet. Et puis, forcément, je me suis vite demandée si j’allais pouvoir le faire et assumer. Parce que face à un projet aussi lourd, on se demande forcément si on en est capable.

    Quel a été le plus gros défi pour vous sur ce tournage ? Étaient-ce les scènes de nudité ?

    Non. Ma réponse va paraître très étrange, mais ce n’était ni la nudité, ni la violence, ni les larmes (rires). Le plus difficile pour moi c’était de jouer une adolescente, au départ, sans problèmes. Parce que j’ai eu la vie que j’ai eu, et à 16 ans je n’étais pas comme Léa. Jouer le côté très lisse, candide, très solaire du personnage, ce n’était donc pas évident pour moi, car je suis très différente de Léa.

    Fugueuse (FR)
    Fugueuse (FR)
    Sortie : 2021-09-23 | 52 min
    Série : Fugueuse (FR)
    Avec Michaël Youn, Sylvie Testud, Fanny Cottençon
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,4
    Voir sur TF1+

    On imagine qu’un tel scénario a nécessité une grosse préparation avec le réalisateur Jérôme Cornuau pour que tout se passe au mieux et que le tournage se déroule dans la confiance…

    Oui, on s’est vus plusieurs fois en amont du tournage. Et pendant ces séances-là on travaillait Jérôme et moi main dans la main. On a même parfois réécrit des scènes pour retravailler le personnage au mieux. On a créé une sorte de fil conducteur lui et moi pour fluidifier tout le travail qu’on aurait à faire ensuite sur le tournage.

    Comprenez-vous qu’une adolescente comme Léa puisse tomber dans une telle spirale – celle de la prostitution – par amour, parce qu’elle est aveuglée par ses sentiments pour un garçon pas forcément très recommandable ?

    En tout cas ce que j’ai essayé de faire c’est de ne pas la juger. Car 16 ans, c’est un âge compliqué, on ne s’aime pas forcément soi-même. On se cherche, on est paumé. On remet en question toute forme d’autorité, on saute des étapes, et tout va trop vite. Donc, effectivement, quand on rencontre un homme et qu’on tombe amoureuse, tout est décuplé. Donc, malheureusement, dans ce cas-là, c’est facile d’être aveuglée et de partir dans une espèce de descente aux enfers.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    C’est vrai qu’on ressort du visionnage de la série en se disant que ça peut arriver à n’importe qui…

    Exactement. Je crois que c’est le message de Fugueuse. Le but est de mettre en garde toutes les adolescentes. Léa ne sort pas d’un milieu défavorisé. Elle a une famille unie, un petit copain, des amis. Elle est studieuse en classe. Et malgré tout elle tombe dans cette spirale infernale.

    J'espère vraiment que la série va parvenir à toucher le plus grand nombre de téléspectateurs. Et notamment les jeunes, parce que le premier message de la série s’adresse à la jeunesse. On sait que les jeunes, aujourd’hui, sont davantage sur les plateformes comme Netflix, la télé a un petit peu perdu cette cible-là. Donc vu que la série s’adresse en priorité aux jeunes et à leurs parents, on espère vraiment que les ados, notamment, répondront présents. C’est important pour les sensibiliser.

    Cette famille de fiction que vous formez avec Sylvie Testud, Michaël Youn, Fanny Cottençon, Axel Naroditzky, et Vicki Andren fonctionne très bien à l’écran, on s’attache rapidement à ces personnages. Ça a tout de suite matché entre vous sur le tournage ?

    Tout de suite. On se sentait tous à l’aise, et je crois que ça se ressent à l’écran. Il y avait un vrai côté "famille" entre nous tous. Même avec mes autres partenaires. On ressentait une vraie bienveillance de l’équipe technique aussi. Ça a forcément facilité les choses et le fait qu’on se sentait bien sur ce tournage.

    Avez-vous pu beaucoup échanger avec Willy Cartier, l’interprète de Nico, le jeune homme plus âgé dont s’éprend Léa, avant le tournage ? Après tout, vous partagez tous les deux des scènes intenses et pas toujours faciles à jouer...

    Oui, on s’est vus plusieurs fois en amont du tournage. Et dès le premier café que nous avons pris ensemble on a parlé du fait qu’on allait devoir s’embrasser, qu’on aurait des scènes de nu. On voulait très vite apprendre à se connaître pour briser la glace et se soutenir dans ces moments où il suffit d’un peu de pudeur ou de stress pour paniquer. On voulait être de vrais partenaires de jeu lui et moi. Et, heureusement, Willy est vraiment quelqu’un d’adorable. La collaboration s’est passée à merveille.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    Au début de la série, Léa vibre pour une seule chose : la danse. Vous paraissez très à l'aise dans toutes les séquences où votre personnage s'entraîne et répète des chorégraphies. Etiez-vous déjà adepte de la danse avant le tournage, ou avez-vous dû suivre des cours spécialement pour Fugueuse ?

    J’ai fait beaucoup de danse dans ma vie, mais je n’avais malheureusement jamais fait de Krump et de contemporain. Et il se trouve que ce sont les deux styles de danse qu’on retrouve dans la série (rires). Mais j’ai eu la chance d’être accompagnée par Tatiana Seguin qui est une coach et une chorégraphe incroyable. Et qui du coup m’a bien briefée pour que je puisse faire des petits mouvements et que ça passe.

    Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours de la diffusion [cette interview a été réalisée le vendredi 17 septembre au Festival de La Rochelle, ndlr] ?

    C’est un mélange de tout. Je suis évidemment extrêmement reconnaissante, quand je vois que la série va enfin sortir et que la presse en parle déjà beaucoup. Je pense que je serai éternellement reconnaissante envers Jérôme Cornuau. Beaucoup d’enthousiasme, et une envie même pressante de montrer cette série et qu’on parle de ce sujet si fort et si important.

    Et puis je ressens évidemment aussi du stress car ce sont mes premiers pas de comédienne. Et l’art est fait pour être critiqué. Je ne sais pas quels vont être les retours du public, mais j’espère que la série et le propos seront bien reçus.

    GILLES GUSTINE / VEMA PRODUCTION / TF1

    Avez-vous déjà pu lire les retours des téléspectateurs qui ont regardé la série en avant-première sur Salto ?

    Oui, j’ai eu de très jolis retours, je suis très touchée. Et je suis étonnée car j’ai reçu de nombreux messages de parents, alors que je pensais avoir plutôt des retours de personnes de mon âge. Mais pour le moment je reçois beaucoup de messages de parents qui me disent "On va peut-être laisser une communication plus ouverte, on va faire attention à nos enfants". Je trouve ça super.

    Le public qui va découvrir Fugueuse sur TF1 va forcément chercher à en savoir un peu plus sur vous. Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant la série ?

    Après le bac, j’ai fait une licence de cinéma au Conservatoire. Je voulais à l’époque être réalisatrice, et je veux peut-être encore l’être un jour d’ailleurs, pourquoi pas. J’étais derrière la caméra et je suivais des cours de réalisation et de scénario. J’ai eu ma licence à 20 ans, et ensuite j’ai voulu faire du droit. Mais ça n’a pas duré très longtemps, vous vous en doutez, puisque je suis ici (rires). Fugueuse est arrivée très vite.

    Avez-vous d’autres projets à venir ?

    On me verra prochainement dans Mon Ange, une autre série de TF1 réalisée cette fois-ci par Arnauld Mercadier, avec Muriel Robin et Marilou Berry. Je viens de terminer cette aventure et c’était là encore une super expérience. J’ai eu de belles séries de la part de TF1, je suis ravie. Et si tout va bien je devrais prochainement tourner deux films pour le cinéma.

    La bande-annonce de Fugueuse, qui débute ce soir sur TF1 et est d'ores et déjà disponible sur Salto :

     

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