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    Malignant par James Wan : "Un mélange de tout ce qui se trouve dans ma tête de réalisateur"
    Emmanuel Itier
    Emmanuel Itier
    -Correspondant
    Basé à Los Angeles, Emmanuel Itier accompagne AlloCiné sur les sorties américaines, en assurant interviews/junkets et couverture d’événements US.
    Co-écrit avec :
    Maximilien Pierrette

    James Wan nous présente "Malignant", son nouveau film d'horreur aux accents personnels, adapté d'un scénario original, qui mêle le slasher et les histoires de monstres, et nous balade entre rêve et réalité.

    S'il n'a pas réalisé Conjuring 3James Wan est quand même de retour à l'horreur en cette année 2021. Entre deux opus de la saga Aquaman, le papa de Saw et Insidious a signé Malignant, d'après un scénario original.

    Soit l'histoire de Madison, jeune femme tourmentée par des rêves dans lesquels elle assiste à des meurtres, avant de réaliser que ceux-ci ont bien eu lieu. Comment ? Pourquoi ? La réponse se trouve dans les salles, où le long métrage est sorti le 1er septembre, alors que James Wan revient avec nous sur les inspirations et quelques secrets de tournage de son nouveau long métrage.

    ATTENTION - L'entretien ci-dessous contient quelques spoilers sur l'intrigue de "Malignant", car il est difficile de parler du film sans évoquer certaines de ses révélations. Veuillez donc passer votre chemin si vous ne l'avez pas encore vu que vous souhaitez ne rien savoir avant, pour mieux revenir ensuite.

    Malignant
    Malignant
    Sortie : 1 septembre 2021 | 1h 51min
    De James Wan
    Avec Annabelle Wallis, Maddie Hasson, George Young
    Presse
    2,8
    Spectateurs
    2,8
    Streaming

    AlloCiné : Quelle a été votre inspiration principale pour "Malignant" ?

    James Wan : Ce n’est pas si simple pour moi de présenter clairement le film sans en révéler toutes les surprises. Mais dans tous les cas, tout part d'un concept scientifique réel que m’a présenté ma femme, Ingrid Bisu, qui a écrit l’histoire de Malignant et en est aussi l’une des productrices. J’ai vraiment été intrigué par ce qu’elle avait trouvé et la part horrifique de mon esprit s’est tout de suite mise au travail.

    Je voulais également revenir vers mes films plus indépendants, comme Saw ou Dead Silence, et d'autant plus que je me trouvais entre les tournage d'Aquaman 1 et 2. C’était donc, pour moi, une chance de me lâcher en tant que réalisateur de film d’horreur pur. Car cette histoire se prête à une version plus viscérale et plus gore de l’horreur. Ce n’est pas un film PG-13 [interdit aux moins de 13 ans non accompagnés aux États-Unis, ndlr] mais bien une version classée R [interdit aux moins de 17 ans non accompagnés aux États-Unis, ndrl], pour les fans de mes premiers films.

    J’aime alterner les films grand public avec des gros budgets, et des films plus indépendants avec des budgets plus raisonnables. Évidemment, le budget de Malignant n’a rien à voir avec celui de Saw, mais on est loin de celui d’Aquaman ! Pour moi, il s’agit d’une combinaison de plusieurs genres différents : c’est un peu un slasher, un peu un film de monstres, il y a un peu d'action et c’est aussi un thriller psychologique. C’est un mélange de tout ce qui se trouve dans ma tête de réalisateur.

    On dirait que vous vous êtes également inspirés du légendaire cas d'Edward Mordrake.

    Il est certain que si vous faites des recherches sur le concept au cœur de Malignant, vous allez tomber sur la légende urbaine d’Edward Mordrake [évoquée dans la saison 4 d'American Horror Story, ndlr]. Mais la vraie inspiration du film est le concept medical de "teratome".

    Nous sommes tombés sur des articles médicaux où des patients pensaient avoir une tumeur au cerveau ou dans l'estomac. Mais quand les médecins ont opéré, pour savoir ce dont il s’agissait, ils ont trouvé des cheveux, des dents ou même des yeux. Il s’agit en fait, à chaque fois, d’un jumeau qui a été absorbé par l’autre personne dominante. Cette idée d’avoir un jumeau à l’intérieur de soi est la vraie origine de Malignant et de la création du personnage de Gabriel.

    Ce film est vraiment personnel de par mon expérience

    Et sur le plan visuel, comment avez-vous créé Gabriel et sa silhouette désarticulée ? Avec un mélange d'effets numériques et de contorsionnistes ?

    Donner vie à Gabriel fût un sacré défi. Écrire le personnage dans le scénario est une chose, mais le créer visuellement était un vrai casse-tête. Le résultat est le fruit du travail commun de plusieurs artistes digitaux d’ILM et de spécialistes d’animatroniques, mais aussi de la performance réelle et physique d’une contortionniste : Marina Mazepa qui est capable de se mettre dans des positions physiques défiant toute logique [elle a été découverte dans America’s Got Talent et a joué dans La Chapelle du Diable, sorti en juillet dans les salles françaises, ndlr].

    C’est elle qui a exécuté tous les mouvements à l’envers du personnage. Elle portait un masque animatronique derrière sa tête et était capable de faire, pour de vrai, presque toutes les cascades que vous voyez dans le film. C’est à couper le souffle ! Les effets numériques sont surtout utilisés pour disloquer ses membres et les inverser. ILM a fait un boulot incroyable et je vous défie de ne pas y croire.

    Peut-on voir "Malignant" comme la métaphore de notre monde à deux visages ? L'un tourné vers le chaos, l'autre vers la paix et l'équilibre.

    Bravo, vous avez tout compris de la métaphore du film. Ingrid et moi, pendant l’écriture, parlions de cette représentation de la vie qui a, en fait, deux visages. Et quelque part, nous avons tous deux visages également : celui que nous présentons au monde et celui derrière notre tête, qui a une autre vision des choses.

    Je dirais aussi que le film est très pertinent pour notre époque, surtout pour les femmes qui l’ont conçu, comme Ingrid, la scénariste Akela Cooper ou Annabelle Wallis qui joue Madison. Car il y a l’idée que les femmes, encore aujourd’hui, sont oppressées par les hommes. Cela fait écho au concept de Malignant où Gabriel tente de contrôler sa sœur jumelle. Madison était aussi, au début du film, abusée par son mari. Il y a donc une idée de femmes dures à cuire au cœur de Malignant.

    Warner Bros. Pictures

    C'est un film qui parle aussi "d'exciser le cancer" qui est en soi. Quel est le véritable cancer de la société dont nous devrions nous débarrasser à jamais ?

    C'est une bonne question. Comme j’ai perdu mon père à cause d'un cancer, je serais la personne la plus heureuse au monde si nous pouvions nous débarrasser à tout jamais de tous les cancers médicaux. Et, quelque part, l’idée de ce film a toujours grandi avec moi depuis mon enfance, suite à ce décès. J’ai même écrit un comic book qui s’intitule "Malignant Man".

    J’ai donc l’impression de clôre un chapitre de ma vie. Ce film est vraiment personnel de par mon expérience, et j’espère vraiment qu’un jour nous trouverons des traitements pour tous ces cancers qui nous enlèvent nos êtres chers.

    "Malignant" est-il le début d'une nouvelle franchise à succès de James Wan ?

    Pour être honnête, je ne pense toujours pas en termes de franchise. Mais j’essaye de faire, à chaque fois, le meilleur film possible. Et si c’est un succès et que cela s’y prête, bien sûr que je suis partant pour pourvuivre les aventures conflictuelles de Madison et de Gabriel. Car, à la fin, le film reste ouvert à toute possibilité.

    Verrons-nous un jour la convergence de tous vos univers horrifiques ? L'équivalent des "Avengers" ou de la "Justice League" de James Wan ?

    (rires) Je peux voir ça, oui : les Avengers de James Wan avec Annabelle comme leader (rires) Mais tous mes films ont été faits pour des studios différents, donc ce serait un peu difficile d’arriver à mettre ceci en route. Mais il est certain que ce serait cool de créer un tel film. On verra ce qui arrive.

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 28 août 2021

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