Entre les vagues, à l'affiche ce mercredi, suit l'amitié de Margot (Souheila Yacoub) et Alma (Déborah Lukumuena). Deux amies inséparables partageant une même passion : le théâtre. Toutes deux ont une immense urgence de vivre et vont nous faire traverser une grande palette de sensations, du rire aux émotions fortes.
Ce que l'on en retient avant tout de ce premier long métrage (exception faite de projets autoproduits par la jeune cinéaste) est son énergie, sa vitalité et la force de son tandem d'actrices. La cinéaste Anaïs Volpé, qui avait réalisé par le passé le projet autoproduit Heis, signe un film à l'énergie communicative, toujours en mouvement, empruntant à la comédie, même au buddy-movie, jusqu'à une tonalité bien plus dramatique et émouvante.
"Il y a de l'humour, de l'amour, de la fraicheur, c'est un ensemble" indique la comédienne Déborah Lukumuena, rencontrée au lendemain de la projection cannoise du film, en juillet dernier, aux côtés de Souheila Yacoub, sa partenaire de jeu, et la réalisatrice et scénariste Anaïs Volpé.
"En terme de fabrication de film pur et dur, le challenge était de rester dans la même liberté [que mon premier projet], et pouvoir presque aller plus loin dans cette liberté", nous explique la cinéaste.
"Avec ma productrice on voyait le même film, et je pense qu'on était vraiment d'accord sur cette notion de liberté. J'ai eu beaucoup de chance, poursuit-elle. J'ai été très libre du choix de tout, des gens devant et derrière la caméra. Elle m'a fait confiance, et je me suis sentie encore plus libre d'être accompagnée dans la production".
Capter l'énergie
Comment capter cette énergie, ce point fort du film ? Comment transmettre cette sensation de liberté ? Est-elle le fruit d'un fort travail d'improvisation, ou au contraire, un intense temps préparatoire ? "Cela passe par beaucoup de répétition, car c'était très écrit. Il n'y avait pas de place à l'improvisation. Pour que les actrices puissent s'imprégner du texte et des répétitions, on a essayé de travailler en amont."
"On a fait des répétitions avant le tournage. Je voulais vraiment qu'elles se sentent très libres. Elles jouent des actrices qui jouent dans la vie, qui jouent sur scène, et qui s'arrêtent de jouer parce qu'elles sont rattrapées par ce qu'elles vivent", développe Anaïs Volpé.
Avec Déborah Lukumuena, on a un amour du jeu assez fou
"Avec Déborah, on a un amour du jeu assez fou, faire plein de prises pour aller creuser, aller chercher au plus profond les états. C'est quelque chose qui est vertigineux, mais que j'aime défendre", nous explique Souheila Yacoub, visiblement réjouie de cette collaboration avec Déborah Lukumuena et la réalisatrice.
"Il y avait un challenge au niveau du jeu car elles passent par plein d'émotions différentes. On avait beaucoup préparé de telle manière à pouvoir aller droit au but au moment de tourner", complète Anaïs Volpé.
"C'est comme faire un jogging, avec ses pentes et ses montées, raconte Déborah Lukumuena, pour décrire la façon dont elles ont appréhendé la palette d'émotions à jouer. Il faut considérer le tout comme un ensemble, avec des moments plus calmes et plus difficiles".
Anaïs Volpé qui aime évoluer avec une famille de comédiens et collaborateurs, fidèles de projets en projets, travaille ici pour la première fois avec Souheila Yacoub (vue notamment dans la série Les Sauvages et le film Climax de Gaspar Noé) et Déborah Lukumuena (Divines, Les Invisible).
"Je choisis beaucoup les comédiens pour qui ils sont, leurs personnalités, qui ils sont la vie, en écoutant leurs interviews; ça m'intéresse vraiment. J'ai rencontré beaucoup de comédiennes, nous précise la cinéaste.
Il y avait un très gros challenge car il fallait que je trouve un duo qui fonctionne et que l'on croit très fort à cette amitié. Mais il fallait en plus qu'on puisse croire à une metteuse en scène à l'intérieur du film les choisissent pour la pièce de théâtre. Cela complexifiait vraiment le challenge. Il y a eu une évidence avec elles. Et au-delà d'un duo, il fallait qu'on puisse former un trio aussi".
Il fallait que l'on croit très fort à cette amitié
"Il y avait quelque chose dès la rencontre : qui est cette femme lumineuse, passionnée, hyper intéressante..., indique Souheila Yacoub. Elle sait ce qu'elle veut. Elle me dit qu'elle est auto-didacte, qu'elle n'a pas fait d'école type la Fémis. Rien que pour ça j'étais assez enthousiaste de rencontrer Anaïs à ce moment là."
Pour l'esthétique du film qui rappelle le cinéma indépendant américain, on la doit à Sean Price Williams, chef opérateur de Good Time des frères Safdie notamment. Si le grain du film peut faire penser à de la pellicule, ce n'est pas le cas. "Le film a été avec des caméras spéciales fabriquées par deux passionnés, avec un rendu de 16 mm alors que c'est une caméra digitale".
Un hommage à l'amitié
Quant au message du film, Anaïs Volpé souligne son envie de parler de l'importance de la fiction, des rencontres et de l'amitié dans nos vies.
"J'ai voulu faire un film qui dit que malgré toutes les difficultés et les drames qu'on peut traverser, quand on vit des choses extraordinaires avec des gens, ça l'emporte sur tout le reste. Cela reste et c'est à vie."
"Je voulais aussi raconter à quel point la fiction et l'amitié sont des choses qui nous sauvent, poursuit-elle. On parle souvent des histoires d'amour au cinéma, et Dieu sait si j'adore ça, mais l'amitié est quelque chose d'incroyable. C'est vraiment des partenaires avec qui parfois traverser des décennies. Parfois, c'est juste sur une période extrêmement intense. Cela peut être aussi intense que l'amour. Et enfin, je dirai que l'important, c'est de rencontrer les gens, et ne pas passer à côté d'eux. Faire un voyage avec eux. De vraiment les rencontrer."
Et de conclure : "C'est aussi un film qui rend hommage à toutes les rencontres que j'ai pu faire, les portes qui s'ouvrent, qui se ferment, qu'il faut enfoncer parfois. C'est une fiction, mais il y a plein de détails cachés, nichés."
Entre les vagues sort au cinéma ce mercredi.