Si les performances de Romy Schneider et Michel Piccoli ont fait des Choses de la vie un classique intemporel, l'une des scènes marquantes du film n'implique aucun des deux comédiens -du moins directement, il s'agit de celle de l'accident. Mais comment a-t-elle été orchestrée ?
Cette scène de l'accident de voiture fait l'ouverture du film, un élément qui avait marqué Claude Sautet dès la lecture du scénario, comme il l'a confié dans le livre de Michel Boujut :
L'idée qui m'a séduit dans ce problème de construction, c'était de partir de l'accident.
De se trouver d'emblée au sein d'un fait divers de la route : une voiture en feu, un corps inerte dans un pré, l'attroupement des curieux, les commentaires, les premiers secours... Et d'un seul coup, on allait voir comment c'était avant.
Ce scénario qui a tant frappé Claude Sautet est signé Jean-Loup Dabadie, qui assure également les dialogues, et c'est lui qui a l'idée de débuter ainsi l'histoire, avec un récit à l'envers, ce que le réalisateur embrasse immédiatement :
"Le générique est (...) une projection à l'envers de l'accident, au ralenti d'abord et très vite ensuite. Les flammes s'éteignent, la garniture du phare va revenir, la voiture roule en arrière. Le début est lent pour qu'on saisisse ce mouvement à l'envers, ce que devait être ce qu'on vient de voir flamber. Après, je me contente d'accélérer en remontant le temps jusqu'à la veille au soir."
En effet, ce détail passe parfois inaperçu, mais tout le début du film est monté à rebours, partant des enfants en train de contempler l'accident puis en remontant à l'interrogatoire des témoins, à l'arrivée de la police, à l'accident proprement dit, et à ce qui l'a précédé.
Le tournage
A lui seul, le tournage de l'accident a pris 18 jours, selon la femme de Claude Sautet, Graziella. Durant cette longue période, les arbres sont systématiquement repeints chaque matin afin d'apparaître "comme neuf" pour les besoins de l'action.
Plusieurs caméras sont utilisées simultanément, chacune avec des focales 400 mm (très longues) et l'accent est mis à l'image sur les couleurs. On peut ainsi repérer la chemise orange du conducteur du camion bleu, les coquelicots dans le champ, les flammes de la voiture, la verdure de l'herbe, et le soleil qui baigne la scène de lumière.
Cette séquence, d'une importance capitale pour l'histoire des deux personnages principaux, est magnifiquement mise en scène et peut-être l'une des plus mémorables du film, qui vaudra à Claude Sautet son premier prix Louis-Delluc avant Nelly et Monsieur Arnaud en 1995.
L'info en plus : La voiture employée pour l'accident est une Alfa Romeo Giulietta - Sprint Veloce de 1962, dont seulement 3058 exemplaires furent construits. L'une de ces raretés a donc terminé dans un champ, pour les besoins du film !