ÇA PARLE DE QUOI ?
Ruben et Lou, ensemble à la ville comme à la scène, sillonnent les Etats-Unis entre deux concerts. Un soir, Ruben est gêné par des acouphènes, et un médecin lui annonce qu'il sera bientôt sourd. Désemparé, et face à ses vieux démons, Ruben va devoir prendre une décision qui changera sa vie à jamais.
"Sound of Metal" réalisé par Darius Marder - Avec Riz Ahmed, Olivia Cooke… - En salles à partir du 16 juin
LE SON DE CINÉMA
Récompensé par deux Oscars en avril dernier (Meilleur Montage et Meilleur Son), Sound of Metal est un film qui a fait grand bruit, alors qu'il parle de surdité. Celle dont Ruben, batteur dans un groupe, est atteint. Sa vie bascule donc du jour au lendemain, et il va devoir apprendre à réorganiser son quotidien avec sa nouvelle condition qu'il peine à accepter dans un premier temps.
Voilà pour le point de départ de ce drame puissant, qui a mis de très nombreuses années à se concrétiser. Car à l'origine, il y avait un docu-fiction : Metalhead, réalisé par Derek Cianfrance (Blue Valentine) et porté par un vrai couple de musiciens, membres du groupe Jucifer.
Il y était déjà question de surdité soudaine et de nécessité d'apprendre à vivre avec le silence pour le batteur, mais le projet, en post-production depuis 2009, est resté dans les limbes.
Le réalisateur se tourne alors vers d'autres films. Et notamment The Place Beyond the Pines, qu'il écrit avec Darius Marder, metteur en scène du documentaire Loot en 2008. Le courant passe tellement bien entre les deux hommes que Cianfrance lui demande personnellement de terminer Metalhead. Ou plutôt de s'en emparer et de le retravailler intégralement à sa sauce, pour ce qui deviendra Sound of Metal.
Tandem
Une pure fiction cette fois-ci, mais réalisée avec une approche documentaire qui passe par la manière de filmer, au plus près des personnages, et la présence de nombreuses personnes sourdes dans le casting (ainsi que Paul Raci, dont les deux parents étaient atteints de surdité).
Et une volonté de faire vivre au spectateur la condition de Ruben à travers un formidable travail sur le son et l'usage de sous-titres pour malentendants qui changent de couleur et/ou d'emplacement sur l'écran selon l'interolucteur et sa présence, ou non, à l'écran.
Si l'expérience peut se révéler inconfortable (et c'est le but recherché), elle n'en reste pas moins mémorable et donne un peu plus de force à ce récit porté par un Riz Ahmed habité. Remplaçant de Matthias Schoenaerts, initialement attaché au projet, le comédien a appris à jouer de la batterie ainsi que la langue des signes pour les besoins de ce film tourné dans l'ordre chronologique qui lui a valu une nomination plus que méritée aux derniers Oscars.
Également inspiré par l'histoire de sa grand-mère, devenue sourde après la prise d'un antibiotique, Darius Marder a surmonté divers obstacles pour parvenir à donner naissance à ce film, tourné en pellicule et doté d'un travail sur le son particulièrement remarquable et sensoriel.
Et si son destin a longtemps été incertain chez nous, fermeture des salles oblige, il passe bel et bien par nos cinémas et risque de vous suivre longtemps. Y compris lorsque vous serez de nouveau confrontés aux sons de la rue, ou quand vous fermerez les yeux le soir.