De quoi ça parle ?
Tokyo, le 11 mars 2011 : un tsunami ravage la côte du Japon, menaçant de détruire la centrale de Fukushima. Alexandra, qui travaille depuis peu pour une banque française à Tokyo, se retrouve au cœur de cette crise. Tiraillée entre les ordres de sa direction et la volonté de protéger sa famille et ses collaborateurs, Alexandra tente de composer avec la situation et se retrouve, presque malgré elle, à défendre une certaine idée de l’honneur.
Tokyo Shaking, réalisé par Olivier Peyon, écrit par Olivier Peyon et Cyril Brody, avec Karin Viard, Stéphane Bak, Yumi Narita...
Sortie le 23 juin 2021
Librement inspiré d'une histoire vraie
En mêlant ce qui pourrait être le point de départ d'un film catastrophe (le tsunami qui a déclenché la catastophe de Fukushima) et film social en entreprise, Tokyo Shaking se distingue par son sujet plutôt original dans le paysage du cinéma français.
Le résultat est intéressant à plus d'un titre car il réussit à entretenir un suspense et maintient une certaine légèreté malgré la gravité des faits dont le film s'inspire.
Parlons des faits, justement. L'une des qualités de ce film est le soin tout particulier apporté aux détails factuels du scénario. S'il ne s'agit aucunement de faire une histoire purement documentaire, on sent une volonté d'être au plus proche de la situation réellement endurée.
Comme l'explique le réalisateur Olivier Peyon, l'intrigue de Tokyo Shaking prend pour point de départ le récit d'une amie du cinéaste. "Je la retrouve un soir à Paris et, alors que je la croyais en poste à Hong Kong, elle m’annonce qu’elle travaille désormais pour une grande banque française à Tokyo et se met à me raconter la semaine folle qu’elle a vécue deux ans auparavant lors du tremblement de terre de mars 2011."
Et d'ajouter : "Elle me décrit la puissance des secousses, l’horreur du tsunami, l’angoisse montant au fur et à mesure que la centrale de Fukushima devenait hors de contrôle. La désinformation est totale, autant côté japonais qu’étranger, et pour cause, personne ne sait ce qui se passe. Que faire : partir ou rester ? Chacun s’arrange avec sa conscience."
"Mon amie me raconte ça, traversée de fous rires, comme si elle prenait soudain conscience de cette situation ubuesque, poursuit le cinéaste. C’est véritablement le quotidien d’une catastrophe qu’elle me raconte, quand vous avez tellement de choses à gérer que vous n’avez pas le temps d’avoir peur, où la grande et la petite histoire se mélangent. L’envie d’en faire un film était née."
Un long travail d'enquête
Pour mener à bien ce scénario, Olivier Peyon a ensuite effectué un long travail d'enquête, avec Cyril Brody, son coscénariste. "Après nous être nourris des anecdotes de mon amie, nous sommes allés à Tokyo visiter la banque dans laquelle elle travaillait, nous avons rencontré le milieu des expatriés, dont le personnage de Michel (le voisin travaillant pour une filiale Areva.) Tout ce qu’il raconte dans le film est vrai."
"Nous nous sommes aussi évidemment beaucoup intéressés au cas de TEPCO, l’équivalent privé d’EDF en charge de la centrale de Fukushima. En 2009, deux ans avant la catastrophe, un rapport avait stipulé qu’il fallait surélever les digues de deux centrales à cause des risques de tsunami – celles de Fukushima et d’Onagawa, plus au nord qui ne dépendait pas du même opérateur.
Cela coûtait des millions : TEPCO a enterré le rapport tandis que l’autre opérateur a surélevé ses digues. On sait ce qu’il est advenu de la centrale de Fukushima alors que l’autre a été épargnée. C’est toujours la même histoire d’argent et de profit. Et c’est une belle métaphore du capitalisme : quand tout va bien, tout roule ; quand ça bloque, l’état de nature reprend ses droits, il n’y a plus personne."
Précisons que Tokyo Shaking bénéficie également d'une mise en scène soignée, avec notamment quelques scènes réellement tournées à Tokyo, et une excellente distribution emmenée par une Karin Viard impeccable.