Comme pour les deux précédents volets, Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable est adapté des dossiers des chasseurs de démons Ed et Lorraine Warren, respectivement démonologiste et médium. Le couple a travaillé sur plus de 4000 affaires touchant au parapsychologique.
Sorti en 2013, le premier opus intitulé Les Dossiers Warren s'intéressait à l'affaire de la maison Perron, à Harrisville, Rhode Island, tandis que Le Cas Enfield (2016) racontait les événements survenus à la famille Harper entre 1977 et 1979. Un fait divers largement couvert par la presse à l'époque.
Attendu par les fans depuis 5 ans, Sous l'emprise du diable retrace l'affaire Arne Johnson, baptisée par la presse "le procès du démon." Il s'agit de la première affaire de l'Histoire des Etats-Unis dans laquelle un homme soupçonné de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense.
Dans cette enquête, Ed et Lorraine commencent par se battre pour protéger l'âme d'un petit garçon puis basculent dans un monde radicalement inconnu.
Comme le souligne à notre micro le metteur en scène Michael Chaves, Conjuring 3 diffère des deux précédents films par son intrigue quasi policière avec un véritable meurtrier et pas un "démon". On est entre le film noir et le film d’horreur.
Le réalisateur précise : "Je crois que c’est encore plus effrayant de penser que nous parlons d’un homme qui existe vraiment et qui a été jugé pour le crime qu’il a commis."
L'Affaire Arne Johnson ou Le Procès du Démon
Au début des années 80, Arne Cheyenne Johnson, 18 ans, et sa petite amie Debbie Glatzel emménagent à Monroe dans le Connecticut. En visite dans la maison, le jeune frère de Debbie, David, aurait senti une présence qui l'aurait mis en garde et aurait vu un fantôme.
Après avoir relaté différentes expériences similaires à sa mère, dont une traumatisante alors qu'il dormait, le couple Warren est appelé en renfort.
Lors d'une séance d'exorcisme à laquelle Arne et Debbie assistent, le garçon de 11 ans aurait cité les prénoms des 43 démons qui l'habitaient. Arne aurait même à plusieurs reprises demandé aux démons de s'en prendre à lui plutôt qu'à un enfant.
Dans une interview Lorraine Warren confie d'ailleurs : "Ça a été l’une des nuits les plus terrifiantes de ma vie. Il n’y avait pas un démon, il y en avait 43."
L'exorcisme semble avoir fonctionné sur l'enfant qui se remet peu à peu. Mais ce n'est pas le cas de Arne dont le comportement devient alors de plus en plus étrange. Souvent pris de transes, marmonnant des mots insensés, le jeune homme explique à Debbie être hanté par une bête et avoir perdu le contrôle de son véhicule à cause du Diable selon lui...
Le 16 février 1981, Arne quitte précipitamment son poste et rejoint Debbie au salon de toilettage où elle travaille. Ce dernier rencontre alors Alan Bono, le patron du Brookfield Pet Motel. Les sœurs et la cousine de Debbie sont également présentes sur les lieux.
Mais après un déjeuner bien arrosé, Alan Bono s'en serait pris à Mary, la jeune cousine de Debbie. Arne aurait alors pris la défense de la fillette. Dans le feu de l'action, le jeune homme s'empare d'un couteau et poignarde Alan Bono à plusieurs reprises.
Arne Johnson est retrouvé et arrêté à 3 kilomètres du lieu du crime. Le chef de la police a estimé que ce n'était "pas un crime inhabituel. Quelqu'un s'est mis en colère, une dispute en a résulté".
"Le Diable m'a forcé à le faire!"
Debbie précisera aux enquêteurs avoir entendu deux voix distinctes dans la bouche de son fiancé juste avant le drame. C'est alors que Arne Cheyenne Johnson aurait dit "The Devil Made me do it!", littéralement : "Le Diable m'a forcé à le faire!".
Le procès d'Arne Johnson débute en octobre 1981, et est célèbre car il s'agit de la première affaire de l'Histoire des Etats-Unis dans laquelle un homme accusé de meurtre plaide la possession démoniaque comme ligne de défense, réfutant ainsi toute responsabilité pour le crime dont on l'accuse.
Son avocat a soutenu devant le tribunal qu'il était possédé par un démon et qu'il n'était donc pas légalement responsable du crime, mais le juge a décidé qu'une telle défense ne pourrait jamais être prouvée et qu'elle était donc irrecevable dans un tribunal.
Arne Cheyenne Johnson est reconnu coupable d'homicide involontaire et condamné à une peine de 10 à 20 ans de prison. Il n'en purgera que 5 et sera libéré en janvier 1986 pour bonne conduite.
Des faits remis en cause
En 1983, le couple Warren s'associe avec Gerald Brittle. Ils publient le livre "The Devil in Connecticut", basé - selon les auteurs - sur plus de 100 heures d'entretiens avec la famille de David Glatzel. Donnant lieu au téléfilm de William Hale, The Demon Murder Case.
Mais en 2007, suite à la réédition du livre, Carl Glatzel, le frère aîné de David, poursuit Lorraine Warren et Gerald Brittle pour détresse émotionnelle infligée intentionnellement et violation de leur droit à la vie privée.
Selon lui, sa famille a été manipulée par les Warren qui auraient inventé cette histoire de possession et exploité la maladie mentale de David.
Les auteurs ont pour leur part toujours défendu leur version des faits tandis que - comme le révèle le site Digital Spy - Arne et Debbie Johnson ont soutenu l'histoire des Warren et même participé à l'écriture du long-métrage.
Emmené par Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ruairi O'Connor (Arne), Shannon Kook, le jeune Julian Hilliard (David) et Sterling Jerins, Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable est en salles depuis le 9 juin.
Debbie Johnson témoigne pour Conjuring 3 : Sous l'emprise du Diable