Querelles d'egos sur un plateau de tournage, acteur ou actrice lunaire et / ou réputé(e) colérique, comportement de diva, exigences parfois tordues... Retour sur 10 films qui ont été le théâtre de gros caprices de stars.
Fast & Furious ou le battle d'ego trip
C'est le Wall Street Journal qui l'avait révélé : l'ambiance n'était pas au beau fixe sur le tournage de Fast & Furious 7 à cause d'une guerre d'egos et de gros muscles entre Vin Diesel, Jason Statham et Dwayne Johnson ! Très attachés à leur image de durs à cuire, les trois acteurs ont fait part d’exigences assez délirantes : Jason Statham a négocié de ne pas être frappé trop violemment, Vin Diesel a fait surveiller par sa sœur Samantha Vincent, productrice déléguée, le nombre de coups qu'il a subis et Dwayne Johnson a engagé du personnel qualifié pour s'assurer qu'il rendait les coups qu'il a reçus. C'est beau !
Et en images, ca donne quoi ?
Un train entier pour Sharon Stone
Ce n'est pas faire injure au talent de la comédienne de dire que le sommet de sa carrière remonte déjà à 25 ans, avec son fabuleux rôle dans le Casino de Martin Scorsese. Du reste, elle l'a d'ailleurs dit elle-même, dans un entretien accordé à un journaliste du Guardian en 2008 : "Casino était un sommet pour moi".
Toujours est-il que Sharon Stone continue de tourner régulièrement, y compris dans des productions étrangères. Comme en 2013 en Italie par exemple, sous la direction de Pupi Avati, dans un film intitulé Golden Boy, produit par son frère, Antonio Avati.
Pour ce film à petit budget, la venue de Sharon Stone était une belle prise de guerre. Les frères étaient particulièrement flatté que la comédienne accepte de jouer dans leur film, d'autant que son rôle fut précisément écrit en pensant à elle. C'est là que les choses ont commencé à se corser...
Cité par le Hollywood Reporter, les frères racontent la suite : "une correspondance a commencé, assez épaisse pour écrire un livre, entre ses agents et nos avocats. C'était une négociation qui frôlait le ridicule, concernant des détails embarrassants, comme si l'Italie était un pays du Tiers monde. Au fait, nous avons de l'électricité en Italie !"
Ils ont ainsi affrété spécialement pour elle un train complet (un train très chic, l'Italo) pour la faire venir de Rome à Florence. Dès le premier jour de tournage, il y avait 200 paparazzi. "Là son ego à commencer à gonfler; un classique chez ces actrices américaines qui sont légèrement en déclin" lâchent-ils non sans perfidie.
Surprenant sur le tournage une caméra appartenant à une équipe TV, la comédienne s'est alors volatilisée, exigeant que cette caméra TV disparaisse faute de quoi le tournage ne reprendrait pas. Plutôt que de s'adresser directement à l'équipe du film, la comédienne passa par son avocate à Los Angeles, qui contacta le jour même les frères Avati pour faire part des exigences de l'actrice...
Une comédienne du film, Cristiana Capotondi, raconte aussi que Sharon Stone a demandé à faire elle-même le shopping de toute la garde-robe de son personnage, avec la carte bleue de la production évidemment. En s'arrêtant de temps à autre chez de grandes marques comme Bulgari. Pas franchement le genre de marque très Indé friendly côté budget...
Contactée par le Hollywood Reporter à propos de ces allégations, l'avocate de Sharon Stone a répondu d'un laconique : "rien de cela est vrai. Madame Stone est une professionnelle accomplie". Fermez le ban.
American History X : Edward Norton reprend en main le montage du film
Malgré le succès du film, le tournage d'American History X n'a pas été tout rose. Edward Furlong et Edward Norton ont tellement mis leur grain de sel dans la mise en scène et la réécriture du scénario que le réalisateur Tony Kaye a voulu quitter le navire, étant très déçu de la tournure que prenait le projet. Finalement, c'est Edward Norton, soutenu par New Line Cinema, qui s'est lui-même occupé du montage définitif, en remontant le film dans le dos du réalisateur.
Tony Kaye a alors tenté de faire retirer son nom du générique en intentant un procès contre le syndicat des réalisateurs et New Line Cinema, réclamant le fameux alias (désormais disparu) Alan Smithee. En vain, car selon le syndicat, le cinéaste aurait enfreint une des règles en révélant à la presse pourquoi il voulait faire retirer son nom.
Blade Trinity : un Wesley Snipes sous Weeds qui ne parle plus que par post-it
Wesley Snipes est-il devenu (très) paresseux sur les tournages ? C'est en tout cas ce que laisse entendre le comédien Patton Oswalt, qui a tourné avec lui sur le film Blade Trinity, mis en scène par David S. Goyer, dans une interview qu'il avait accordé en 2012.
Oswalt se souvient "d'une production très compliquée. [...] Wesley ne sortait jamais de sa caravane de tournage, sauf pour faire les gros plans. Il fumait de l'herbe toute la journée. Je me souviens d'un jour où la production a laissé tout le monde mettre le vêtement qu'il voulait. Il y avait un acteur Noir qui portait une chemise, la sienne donc, avec marqué en gros "Garbage" dessus [NDR : "ordure"]. Wesley s'est pointé sur le tournage, et ne venait que pour les gros plans. Tout le reste était fait par sa doublure. Il a alors vu ce mec avec sa chemise, et a explosé : "il n'y a qu'un seul autre acteur noir dans ce film, et vous lui faite porter une chemise avec "garbage" écrit dessus ? Vous n'êtes que des enfoirés de racistes ! Il a alors essayé d'étrangler le réalisateur, David S. Goyer".
Plus tard le même jour, dans la soirée, le réalisateur interpella une bande de bikers dans un strip Club, en leur proposant de leur payer à boire s'ils se pointaient le lendemain matin sur le tournage, en se faisant passer pour ses gardes du corps. Wesley Snipes, présent à ce moment là, est rentré dans sa caravane.
"Le lendemain, Wesley s'est assis à côté de David, et lui a dit : "pourquoi tu ne quittes pas le tournage ? Tu portes préjudice à ce film !" Ce à quoi Goyer aurait répondu : "pourquoi TOI tu ne pars pas ? On a déjà en boîte tous les gros plans, et on pourrait tourner le reste du film avec ta doublure". Outch. L'acteur aurait été tellement remonté par la remarque du réalisateur qu'il n'a plus communiqué avec lui que par posts-it interposés, signés "From Blade". Chouette ambiance...
Borsalino, querelle d'égo sur l'affiche (et dans le film, évidemment...)
La toute première collaboration entre Alain Delon et Jean-Paul Belmondo a été plutôt explosive ! Les deux monstres sacrés du cinéma sont réunis en 1970 dans Borsalino de Jacques Deray. Pour ce film, leurs avocats avaient négocié que les deux acteurs soient traités de la même manière : temps à l'écran identique, même nombre de coups de poings reçus, etc. Si l'on en croit le maquilleur de Belmondo, les deux acteurs s'entendaient bien.
Jusqu'à ce que Bébel attaque Delon en justice pour la formulation contractuelle non respectée sur l'affiche. Alain Delon, producteur du film, avait fait apparaître deux fois son nom. La presse a alors profité de cette histoire pour intensifier leur histoire de "rivalité". Réconciliés depuis, les deux acteurs se sont retrouvés vingt-huit ans plus tard dans Une chance sur deux de Patrice Leconte.
Gary Busey, l'acteur qui a déjà visité le Paradis
Eternel second couteau du cinéma US, Gary Busey promène sa tignasse blonde et son sourire extra large depuis les années 70, avec à son actif une quantité industrielle et hallucinante de films, malheureusement souvent de piètre qualité.
Si côté vie privée le comédien a accumulé les problèmes (accident de moto à la fin des 80’s qui le défigurera partiellement, forte consommation de cocaïne qui lui vaut une overdose en 1995, problèmes judiciaires de violence conjugale, etc...), l'acteur est en outre réputé pour être sacrément perché, en tout cas lunaire, et parfois difficilement gérable sur un plateau...
Un exemple parmi (beaucoup) d'autres, sur le tournage d'un inoffensif film familial dont le pitch a été écrit sur le coin d'une nappe, inédit chez nous : Quigley, en 2003. Dans ce film (qui n'a au passage aucun rapport avec Monsieur Quigley l'Australien), Busey incarne Archie, un milliardaire qui a tout ce que l'on peut imaginer, sauf ce qui est le plus important, un cœur et une conscience.
Sur le point de faire une annonce qui changerait à jamais la vie de ses employés, Archie subit un tragique accident qui l'emmène aux portes du Paradis. Il est décidé qu'il va finalement être renvoyé sur Terre, sous la forme d'un loulou de Poméranie (!!!) - une créature qu'il méprise encore plus que les gens. Accompagné de son ange gardien, Archie est envoyé dans une mission céleste pour aider la vie de ceux qui l'entourent, tout en sauvant la sienne.
Tout se serait passé dans le plus merveilleux des mondes si le comédien n'avait pas tiqué sur la scène du film se déroulant au Paradis, qu'il a refusé de jouer, alors que le calendrier de tournage accusait 3 jours de retard. Motif ? Ayant vécu lui-même une NDE, acronyme de Near Death Experience, il lâcha à une assistance médusée : "j'ai visité le Paradis, et ca ne ressemble absolument pas à ça. Ce sofa n'est pas bon. Ce miroir est ridicule. Ils n'ont même pas de miroir !" Il est devenu fou à propos du design du Paradis !" racontait le comédien Curtis Armstrong, qui lui donne la réplique dans le film. Qui ajoutait : "Par-dessus ça, il se trouve qu'un autre comédien qui jouait un ange dans le film avait lui aussi vécu une Near Death Experience, avant de revenir à la vie. Et ce gars s'est mis à s'engueuler avec Gary à propos du design du Paradis. Ils en sont venu aux mains, si bien que tout le monde fut renvoyé à la maison".
Vous mourrez d'envie de voir la bande-annonce du film ? La voici !
Cléopâtre, ou le comportement de diva d'Elizabeth Taylor
Après un changement de réalisateur, le film Cléopâtre a été le théâtre de nombreux problèmes sur le tournage, notamment financiers avec des dépenses extravagantes. Mais c’est surtout de nombreux caprices de stars qui viendront entraver le tournage. Elizabeth Taylor avait d’importantes exigences pour son confort et se permettait des absences répétées.
Sa santé fragile a retardé le tournage et ses addictions aux somnifères et autres drogues ont coûté des centaines de milliers de dollars à la Fox. Rex Harrison n’a pas manqué de dénoncer le comportement de diva de sa partenaire à l’écran alors qu’il était aussi controversé, l’acteur ayant du mal à retenir son texte et à ne pas se laisser distraire. Toutes les conditions désastreuses de tournage ont eu raison de la santé du réalisateur Joseph Mankiewicz.
Hook, l'insupportable Julia Roberts
Le tournage du film Hook a été un enfer pour les partenaires de Julia Roberts. À l’époque, l’actrice venait de se séparer de Kiefer Sutherland et cet évènement l’a rendue dépressive. Sous médicaments, son comportement sur le plateau était atroce. De nombreuses sautes d’humeur, des absences répétées (dont une escapade en Irlande pour fuir la presse), des critiques envers l’équipe technique et de caprices d’enfant ont énervé tous ceux qui travaillaient avec elle, y compris le réalisateur Steven Spielberg, d’habitude très calme, qui a dû hausser le ton pour la calmer. L’équipe a d’ailleurs surnommée l’interprète de la Fée Clochette Tinkerhell, en référence à l’enfer qu’elle leur a fait vivre.
Jack Nicholson, le supporter fanatique des L.A. Lakers
On ne présente guère le plus célèbre sourire carnassier d'Hollywood, qui n'enlève jamais ses fameuses lunettes de soleil; pas même pour évoquer en pleurant les débuts de sa carrière grâce à Roger Corman.
Nicholson est, de notoriété publique, un supporter fanatique de l'équipe de basket des Los Angeles Lakers. Pour rien au monde il ne manquerait un seul de leurs matchs, apparaissant toujours, lorsqu'il est à Los Angeles, au premier rang du Stapple Center.
En fait, sa passion vire même carrément à l'intransigeance : il fait tout simplement interdire aux équipes des films de porter sur le tournage un quelconque élément (casquette, T-Shirt ou autre) portant le sigle de l'équipe rivale historique des Lakers : les Boston Celtics.
Une bonne illustration de ça fut sur le tournage des Infiltrés de Martin Scorsese, dans lequel il campe le terrifiant Frank Costello, inspiré du vrai parrain local de Boston, James "Whitey" Bulger. Nicholson fut encore plus à cheval sur cette règle qu'il impose sur les tournages; la production ayant prévu de tourner des scènes à Boston même durant trois semaines. "S'il surprenait quelqu'un portant un T-Shirt des Boston Celtics, il aurait littéralement fermé le tournage. Ce n'était pas une plaisanterie" lâcha d'ailleurs un membre de la production au micro du site Radaronline.
Il était prévu que son personnage porte une casquette de l'équipe de Baseball locale, les Boston Red Sox; une "signature" de la tenue que portait régulièrement James "Whitey" Bulger. Histoire de mieux se fondre encore dans son personnage. Mais l'acteur a refusé, c'était déjà trop pour lui. Pas question de contrarier Jack.
Quand Johnny Depp exige qu'un ingénieur son lui souffle ses répliques...
Il ne vous aura sans doute pas échappé que Johnny Depp est dans l'oeil du cyclone judiciaire depuis un moment, depuis sa séparation fracassante avec Amber Heard en 2016, et la bataille judiciaire qui n'est toujours pas terminée d'ailleurs.
Mais il y a plus. Le torchon brûlait aussi entre l'acteur et l'ex société responsable de ses intérêts. En janvier 2017, il décidait de poursuivre en justice The Management Group (TMG) pour 25 millions $, accusant ses anciens managers d'avoir mal géré ses finances, d'avoir engagé des prêts sans son accord et de l'avoir conduit au bord de la ruine.
Dans une plainte croisée, TMG soulignait de son côté le train de vie ruineux du comédien,affirmant que c'était la cause de ses difficultés financières et disant avoir tenté maintes fois de lui faire entendre raison. Et d'égrener comme un chapelet les dépenses somptuaires de Depp. Depuis 20 ans, il dépensait 2 millions $ par mois; avait dépensé 75 millions $ pour acheter 14 maisons, plusieurs résidences à Hollywood, un Yacht à 18 millions $, 45 voitures de luxe...
Là où ca devient intéressant, c'est que dans la plainte déposée par l'avocat de TMG, Michael Kump, à l'encontre de Depp, figure aussi cette anecdote assez ravageuse : depuis des années, il n'apprendrait plus du tout ses textes, y compris donc sur la saga Pirates des Caraïbes. "L'acteur a ainsi dépensé des centaines de milliers de dollars pour employer à plein temps un ingénieur son, qu'il a utilisé durant des années pour lui souffler ses répliques dans une oreilllette. Mr Depp a insisté pour que cet ingénieur du son soit maintenu chaque année afin qu'il n'ait plus à mémoriser ses lignes".
En juillet 2017, alors que le procès devait s'ouvrir un mois plus tard, les avocats de la star ont annoncé avoir trouvé un accord avec la partie adverse. Un accord aux termes évidemment confidentiels, qui permettait surtout à Depp d'éviter une couverture médiatique qui aurait, à coup sûr, été retentissante.