"Nous sommes réunis pour une célébration". Après une entrée en plan-séquence depuis le tapis rouge jusqu'à un amphithéâtre repensé et une prise de parole engagée (voir la vidéo ci-dessous), Regina King a ouvert une 93e cérémonie des Oscars forcément spéciale, COVID oblige, conçue par Steven Soderbergh comme un film célébrant les films.
Une forme nouvelle dépoussiérant les codes de l'exercice, avec une approche moins spectaculaire et plus incarnée, plus solidaire, plus humaine, plus intime.
"Nous sommes comme sur un plateau" a d'ailleurs annoncé la comédienne et réalisatrice de One Night In Miami, expliquant que les nommés présents composaient le cast & crew du jour, testés, respectant la distanciation sociale et sans masque le temps de ce tournage très spécial, mais retrouvant leurs masques une fois les caméras éteintes.
Ce tournage, très maîtrisé, s'est d'ailleurs fait sans "magnétos" - ou presque - et surtout sans chronomètre pour les lauréats et les présentateurs, permettant à chacun(e) de prendre la parole de manière engagée ou personnelle, à hauteur de femmes et d'hommes de cinéma.
Tels Thomas Vinterberg très ému en évoquant sa fille disparue ou les réalisateurs du court métrage Two Distant Strangers évoquant les violences policières.
Certaines séquences relevaient même d'expérimentations intéressantes, loin des standards très produits auxquels la grand-messe hollywoodienne avait habitué ses téléspectateurs.
On pense ainsi à un blind-test en direct (et une danse de Glenn Glose !), à Bong Joon-ho racontant depuis sa Corée natale comment les différent(e)s cinéastes nommé(e)s résumaient leur métier de réalisateur, ou aux différents animateurs (Laura Dern, Don Cheadle, Bryan Cranston, Riz Ahmed, Reese Witherspoon, Steven Yeun, Brad Pitt, Halle Berry, Harrison Ford, Viola Davis, Zendaya, Angela Bassett, Rita Moreno, Renée Zellweger et Joaquin Phoenix) présentant les catégories et les nommé(e)s avec leurs propres mots de passionné(e)s.
Au-delà de la forme, cette édition 2021 s'est avérée historique dans son palmarès. Grand favori de la soirée, Nomadland a permis à Chloé Zhao de devenir la seconde femme (et la toute première d'origine asiatique) à remporter l'Oscar de la Meilleure réalisation, onze ans après Kathryn Bigelow.
Son évocation humaniste du destin des nomades américains modernes remporte également la statuette du Meilleur film et de la Meilleure actrice pour Frances McDormand. Trois Oscars pour Nomadland, donc, et trois Oscars pour la comédienne, qui devient la seconde actrice de l'Histoire à glaner trois trophées dans un rôle principal, derrière les quatre prix de Katharine Hepburn.
Soirée marquante également pour Netflix, qui dominait les nominations avec pas moins de 37 citations. La plateforme, dont la moisson aux Oscars avait été jusqu'ici plutôt timide (un Oscar en 2018, trois en 2019 et deux en 2020), repart cette année avec sept statuettes qui ont distingué Mank (Décors et Photographie), Quoiqu'il arrive, je vous aime (Court métrage animé), Two Distant Strangers (Court métrage), La Sagesse de la pieuvre (Documentaire) et Le Blues de Ma Rainey (Maquillages et Costumes).
Pourtant grand favori, le regretté Chadwick Boseman, disparu en août 2020, n'a toutefois pas reçu l'Oscar posthume attendu, l'Académie lui préférant la performance d'Anthony Hopkins dans la catégorie Meilleur acteur.
Avec deux Oscars pour Soul, les studios Pixar continuent de dominer le monde de l'animation, en s'offrant le onzième trophée du Meilleur film d'animation de leur histoire, ainsi que celui de la Meilleure musique. Deux Oscars sont également venus saluer Judas and the Black Messiah (Meilleur second rôle et Meilleure chanson) et Sound of Metal (Meilleur Montage et Meilleur Son).
La soirée a été inoubliable enfin pour Youn Yuh-jung, devenue la toute première actrice coréenne nommée et sacrée par l'Académie pour Minari. Un an après le triomphe de Parasite, Hollywood célèbre à nouveau le cinéma de la péninsule asiatique... et permet à la facétieuse comédienne de 73 ans de rencontrer en vrai un certain Brad Pitt, son producteur exécutif.
Côté Français, trois lauréats ont été distingués par l'Académie cette nuit : Florian Zeller, Oscar de la Meilleure adaptation (partagé avec son co-scénariste Christopher Hampton) pour The Father ; Nicolas Becker, Oscar du Meilleur son pour Sound of Metal ; et Alice Doyard, productrice heureuse du court métrage documentaire Colette réalisé par Anthony Giacchino.
OSCARS 2021 : LE PALMARES COMPLET
Meilleur film
- Nomadland
Meilleure actrice
- Frances McDormand - Nomadland
Meilleur acteur
- Anthony Hopkins - The Father
Meilleure actrice dans un second rôle
- Youn Yuh jung - Minari
Meilleur acteur dans un second rôle
- Daniel Kaluuya - Judas and the Black Messiah
Meilleure réalisation
- Chloé Zhao - Nomadland
Meilleur scénario adapté
- The Father - Florian Zeller & Christopher Hampton
Meilleur scénario original
Meilleure photographie
- Mank
Meilleur montage
- Sound of Metal
Meilleurs décors
- Mank
Meilleurs costumes
- Le Blues de Ma Rainey
Meilleurs maquillages et coiffures
- Le Blues de Ma Rainey
Meilleure musique originale
- Trent Reznor, Atticus Ross & Jon Batiste - Soul
Meilleure chanson
- Judas and the Black Messiah - "Fight for You"
Meilleur son
- Sound of Metal
Meilleurs effets visuels
Meilleur film d'animation
- Soul
Meilleur documentaire
- La Sagesse de la pieuvre
Meilleur film en langue étrangère
Meilleur court métrage documentaire
- Colette
Meilleur court métrage animé
- Quoiqu'il arrive, je vous aime
Meilleur court métrage
- Two Distant Strangers
PODCAST - César, Oscars... Les cérémonies de prix, stop ou encore ?