ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers sur "Iron Man 3" et sur un élément clé de son intrigue. Veuillez donc passer votre chemin si vous ne l'avez pas encore vu.
Le 7 juillet, Marvel fera ses adieux à Black Widow avec le film du même nom, porté par Scarlett Johansson. La Maison des Idées jouera ensuite la carte de la nouveauté, le 1er septembre, avec Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux. Soit le premier opus du MCU centré sur un super-héros d'origine asiatique : un maître des arts martiaux incarné par Simu Liu.
A ses côtés, nous retrouverons une poignée de nouveaux personnages, mais l'un d'eux nous sera sans doute plus familier que les autres. Même s'il ne dit pas son nom dans la bande-annonce dévoilée par Marvel Studios, Tony Leung Chiu Wai (In the Mood for Love, The Grandmaster) interprète le Mandarin. Le vrai ce coup-ci, après une apparition dans Iron Man 3 qui a énervé quelques fans.
Né en 1964 sur papier, celui qui déclare être le descendant de Gengis Khan compte parmi les ennemis les plus redoutables de Tony Stark, qu'il a tenté de faire passer pour un communiste au cœur de la Guerre Froide, après avoir essayé, en vain, de déclencher la Troisième Guerre mondiale. Envisagé dès le premier Iron Man signé Jon Favreau, il est finalement apparu dans l'épisode 3, réalisé par Shane Black et l'annonce de sa présence a été accueillie avec un mélange d'enthousiasme et de méfiance.
Car comment mettre en scène un tel antagoniste sans tomber dans les stéréotypes raciaux avec lesquels il a été façonné, pour incarner les peurs de l'Amérique pendant la Guerre Froide ? A première vue, Shane Black décide d'en faire un terroriste joué par un acteur d'origine anglaise et indienne (Ben Kingsley) dont les messages menaçants évoquent ceux d'Oussama Ben Laden et Al-Qaida. Mais un twist se cache derrière ces images.
Ben Kingsley incarne en réalité un certain Trevor Slattery, acteur de seconde zone engagé pour être un leurre et cacher l'identité du vrai Mandarin : Aldrich Killian (Guy Pearce), scientifique surdoué devenu mégalomane, à qui l'on doit la création du virus Extremis. Bien décidé à détruire Tony Stark, il fait passer pour des actes terroristes les exactions de ses super soldats et les accidents liés à une technologie qu'il ne maîtrise pas encore totalement.
Iron Man 3 se révèle ainsi plus politique que prévu, en faisant de celui que l'on nous présentait comme un Mandarin stéréotypé l'incarnation des perceptions américaines en la matière. Et un pantin grâce auquel on créé des "fake news" pour faire grandir la peur aux États-Unis. Le super-vilain doté de pouvoirs magiques grâce à des anneaux venus de l'espace était donc très loin, mais le résultat, davantage en phase avec l'univers d'Iron Man sur grand écran, a quelque peu divisé.
Et c'est même un euphémisme : si beaucoup de spectateurs ont applaudi ce rebondissement qui permettait d'actualiser intelligemment le personnage (en plus d'éviter tout possible incident diplomatique avec la Chine, dont le marché est devenu une place stratégique pour les blockbusters), d'autres ont crié au scandale, énervés face aux libertés prises par Shane Black et son co-scénariste Drew Pearce. Malgré un box-office mondial s'élevant à 1,215 milliard de dollars, Marvel décide de rattraper le coup. En deux temps.
Dès 2014, le court métrage Longue vie au roi, envisagé comme un bonus de l'édition vidéo de Thor - Le Monde des ténèbres, tente de calmer l'ire des fans. Nous y retrouvons Trevor Slattery, en prison, alors que celui-ci apprend que son manège n'a pas du tout plu au vrai Mandarin. Comme une manière de contrer le twist d'Iron Man 3 en se servant de la continuité rétroactive, également appelée "retcon".
Derrière ce terme se cache la manière dont un scénariste ou auteur peut altérer des faits établis dans une œuvre de fiction antérieure par l'apport de nouveaux éléments explicatifs. Une entorse afin de faire quelques changements sans renier ce qui a déjà été instauré. Comme lorsque Sir Arthur Conan Doyle invente une explication pour faire revenir Sherlock Holmes d'entre les morts, alors qu'il semblait avoir péri dans son duel avec Moriarty.
Mais l'un des plus célèbres exemples de continuité rétroactive reste celui de Dark Vador dans la première trilogie Star Wars :
- dans Un nouvel espoir, Obi-Wan affirme à Luke que son père a été tué par Dark Vador
- dans L'Empire contre-attaque, Luke découvre que le grand méchant masqué est en réalité son géniteur
- et dans Le Retour du Jedi, Obi-Wan se justifie de la sorte : "Ton père s'est laissé séduire par le côté obscur de la Force. Il a cessé d'être Anakin Skywalker pour devenir Dark Vador. Lorsque c'est arrivé, l'homme de bien qu'était ton père est mort. Donc, ce que je t'ai dit était vrai, mais d'un certain point de vue."
Ou comment se raccrocher aux branches sans briser la cohérence de l'ensemble (tout en rappelant que, contrairement à la légende, George Lucas n'avait pas écrit l'intégralité de la trilogie d'une traite). Dans le Marvel Cinematic Universe, la continuité rétroactive concernera donc le Mandarin : Kevin Feige et son équipe ne renient pas le twist d'Iron Man 3, qu'ils avaient évidemment validé en amont, mais ils vont quand même aller dans une autre direction en offrant aux fans ce qu'ils voulaient.
Soit le grand méchant d'origine asiatique, expert en arts martiaux, qui bénéficie de pouvoirs surnaturels grâce aux dix anneaux qui sont également le symbole de son organisation. Un logo que nous avions aperçu… dans le premier Iron Man. Devant la caméra de Destin Daniel Cretton (States of Grace), le personnage va donc récupérer cette identité usurpée par Trevor Slattery, mais il aura d'autres soucis à gérer.
Comme la bande-annonce le révèle, Shang-Chi n'est autre que son fils. Celui qu'il a formé en espérant qu'il prenne sa succession à la tête de son organisation criminelle. Mais le jeune homme va vouloir œuvrer pour le Bien et c'est un affrontement musclé et familial qui nous attendra le 1er septembre sur grand écran. Le tout avec un brin de super pouvoirs, grâce aux dix anneaux du titre, qui semblent se porter comme des bracelets et non des bagues, au vu des images révélées.