De quoi ça parle ?
Avshalom, un Israélien de confession juive et de descendance marocaine, musicien reconnu déménage à Paris pour suivre sa femme Annabelle qui devient attachée à l’ambassade d’Israël à Paris. Devenir un immigrant anonyme dans un pays étranger va prendre un nouveau sens lorsque Avshalom arrive le même jour que la plus grande attaque terroriste de l’histoire de France. L’année romantique à l’étranger dont ils ont rêvé se transforme rapidement en cauchemar – une crise conjugale dans la capitale éternelle de la romance, une crise d’immigration au cœur de l’Europe, et une crise de masculinité et de paternité.
C’est avec qui ?
Quasi inconnu en France, Eli Ben-David est un créateur de séries israélien. Dans The Attaché, en plus d’être le co-créateur, il est aussi le réalisateur de l’intégralité de la saison et l’interprète d’Avshalom. Dans ce drame, il partage la vedette avec celle qui joue Annabelle son épouse, Héloïse Godet qui a également participé à l’écriture du scénario tout comme Ori Elon. On peut aussi croiser un visage familier des comédies françaises : Patrick Braoudé ! Ce dernier joue le père d’Annabelle, une Française qui retrouve ses racines parisiennes avec son poste d’attachée à l’ambassade d’Israël.
Ça vaut quoi ?
Contrairement à un bon nombre de séries israéliennes qui ont des prédispositions particulières pour le thriller, The Attaché – malgré son décor : Paris durant les attentats du 13 novembre 2015 – préfère le drame intimiste. La série dresse le portrait d’un homme en perte de tous ses repères. Sa famille quitte Israël en espérant fuir le terrorisme et l’ambiance anxiogène qui y pèse… pour se retrouver en France le jour des attentats les plus meurtriers de l’histoire du pays !
Crise d’identité
La complexité de The Attaché ne se situe pas tant dans l’action ou une lutte contre le terrorisme comme on pourrait s’y attendre. La série met en relief la difficulté pour Avshalom d’être un étranger en France à ce moment-là. Israélien, il est de facto une cible potentielle des terroristes. De descendance marocaine, il a un profil suspect aux yeux des autorités françaises lorsqu’il tombe nez à nez sur des policiers qui sont aux cent coups le soir des attentats. Ces facteurs accumulés vont faire accroître sa paranoïa et son sentiment d’insécurité.
S’ajoute à cela un fossé culturel et la barrière de la langue. Avshalom est "lost in translation" au pire moment possible à Paris. Musicien reconnu en Israël, il est sans emploi en France et a le sentiment de ne plus avoir aucun contrôle sur sa vie alors que sa femme s’épanouit dans son métier et dans la ville où elle a grandi.
Un récit autobiographique
Ce n’est pas un hasard si l’on sent dès le début le caractère très organique dans la manière de raconter cette histoire. Tout simplement parce que Eli Ben-David l’a vécue. Le fait de la raconter dans The Attaché a une vocation cathartique pour l’auteur. Quand il parle de son couple, la série devient alors une romance. Il s’agit pour Avshalom, éloigné de tout, de ne pas s’éloigner de sa femme.
On se surprend à voir comment Eli Ben-David joue avec les genres. Tout n’est pas grave et dramatique dans The Attaché. Il y a des moments de drôlerie et même de burlesque. La première journée de son fils à l’école prend une tournure charmante lorsque son père s’amuse à faire le clown à la fenêtre pour rassurer son fils. A la manière d’un Roberto Benigni. Même s’il ne trouve pas toujours le juste équilibre dans l’articulation de son récit, Eli Ben-David a réussi à insuffler suffisamment d’humanité dans sa série pour qu’elle mérite le détour.