1992. Le célèbre réalisateur Woody Allen est accusé d'agression sexuelle sur sa fille adoptive, Dylan Farrow, âgée de 7 ans. La nouvelle crée un véritable coup de tonnerre dans le monde culturel. Fin août 1992, le cinéaste fait la Une du Time et se défend de tout acte inapproprié. Les années passent, l'affaire entache la réputation du metteur en scène, mais pas sa carrière. Woody Allen, qui a toujours nié les faits qui lui sont reprochés, continue de sortir un film tous les ans. Une lettre ouverte de Dylan Farrow, publiée dans le New York Times en 2014, relance la polémique de plus belle. En 2020, le cinéaste sort ses mémoires, intitulés Soit dit en passant. Il revient sur son enfance, ses œuvres, sa vie avec Mia Farrow - une relation longue de 12 ans - et les accusations dont il fait l'objet.
Moins d'un an après, le clan Farrow riposte. La série documentaire de 4 épisodes Allen v. Farrow - un titre qui en dit long - revient sur la rencontre du couple de cinéma et sur les événements qui ont suivi. Si la parole de Dylan Farrow constitue le fil rouge de l'enquête, les documentalistes Kirby Dick et Amy Ziering s'intéressent également à la relation entre le cinéaste et Soon-Yi Previn, sa femme actuelle, qui est aussi la fille adoptive de Mia Farrow. À l'aide de témoignages, de conversations téléphoniques enregistrées et d'images filmées par Mia Farrow elle-même, la série devient une pièce clé de cette affaire qui dure depuis presque trois décennies.
La première prise de parole de Mia Farrow
D'abord réticente à l'idée de participer au projet, Mia Farrow accepte finalement de témoigner. Depuis que l'affaire a éclaté, en 1992, Allen v. Farrow marque sa première prise de parole publique. Dans les colonnes de The Hollywood Reporter, la réalisatrice Amy Ziering se remémore les paroles de l'actrice et ancienne compagne de Woody Allen : "Elle disait : 'Je le fais seulement pour ma fille. Je ne le ferais pour rien au monde sinon. Je souhaite seulement que tout ça se finisse. C'est fait. C'est une histoire qui appartient au passé.'" Le jour du tournage, la documentaliste raconte que la comédienne était si peu enthousiaste à l'idée de parler qu'elle s'est présentée avec un pull noir en piteux état devant la caméra.
Une enquête née après l'affaire Harvey Weinstein
Allen v. Farrow est le résultat d'une enquête longue de trois ans - le tournage a débuté en janvier 2018. Pourtant, tout a commencé en 2016 lorsque la réalisatrice Amy Ziering était membre du jury au festival du film de Sundance. Assise à côté de Rose McGowan (l'une des victimes de Harvey Weisntein, NDLR) lors d'un dîner, elle se présente et attire l'attention de l'actrice qui lui livre son témoignage sur le producteur. Quelques mois plus tard, Amy Ziering récolte un nouveau témoignage, celui d'Ashley Judd. La documentaliste décide de présenter son projet autour du magnat d'Hollywood, mais tout le monde refuse. Lorsque l'affaire MeToo éclate, les producteurs la relancent. Plutôt que de se lancer sur la piste Harvey Weinstein, la productrice Amy Herdy lui suggère de se tourner vers l'histoire de Dylan Farrow.
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Le témoignage filmé accablant
Le deuxième épisode de la série montre une vidéo filmée par Mia Farrow en 1992 dans laquelle elle demande à Dylan Farrow, alors âgée de 7 ans, de lui raconter les gestes déplacés de son père adoptif, Woody Allen. Une fois majeure, la jeune femme récupère les images sans ne jamais les regarder. Après une longue hésitation, elle décide finalement de les partager avec les réalisateurs pour les besoins du documentaire. Dans un post Instagram - aujourd'hui supprimé -, Dylan Farrow explique que rendre cette vidéo publique "n'a pas été facile". "J'ai, pendant des décennies, ignoré la "petite Dylan" pour me protéger. Mon objectif en la laissant parler aujourd'hui est d'essayer de trouver une forme de guérison pour moi et mon enfance", écrit-elle. L'intégralité du message est toujours disponible ici.
Des sollicitations laissées sans réponse
Woody Allen et sa femme, Soon-Yi Previn, ne participent pas à la série documentaire. Seule l'édition audio de ses mémoires est utilisée pour apporter sa version des faits. La productrice Amy Herdy affirme avoir contacté le cinéaste en juin 2018 pour recueillir directement son témoignage. Les avocats du metteur en scène déclarent, quant à eux, que le principal intéressé n'a été contacté que deux mois avant la diffusion du premier épisode, ne lui laissant pas assez de temps pour répondre aux sollicitations.
Ces informations omises par le documentaire
Depuis la sortie d'Allen v. Farrow, plusieurs médias, notamment The Guardian, pointent du doigt dans un essai le manque d'objectivité de la série et regrettent que des détails importants ne figurent pas dans l'enquête. Comme les témoignages de la nourrice de Dylan Farrow, Monica Thompson, ou du docteur Nancy Schulz, qui contredisent la version de Mia Farrow. D'autres reprochent aux réalisateurs Amy Ziering et Kirby Dick de ne pas mentionner le frère de l'actrice, John Charles Villers-Farrow, condamné en 2013 à 10 ans de prison pour des abus sexuels sur plusieurs enfants.
Découvrez les podcasts qui reviennent sur la série "Allen v. Farrow" :
