15 ans après OSS 117, Le Caire nid d'espions, et 12 ans après OSS 117 : Rio ne répond plus, le troisième volet de la saga nommé Alerte rouge en Afrique noire, devrait sortir très bientôt sur grand écran, précisément le 14 avril 2021. A deux mois de cette date de lancement (si la situation sanitaire le permet), et alors que le film dévoile petit à petit de premières images (deux teasers ont déjà été diffusés), on fait le point sur ce que l'on sait du film.
Cap sur les années 80
Changement d'époque d'abord. Cette suite fera un saut dans le temps puisque nous serons projetés en 1981. Hubert Bonisseur de la Bath sera envoyé en Afrique noire. Nicolas Bedos, qui réalise cette suite, promet "exotisme, aventure et transgression", comme il l'indiquait récemment à nos confrères de Première. Selon Jean-François Halin, scénariste de la trilogie, un esprit à la Philippe de Broca (réalisateur du Magnifique ou encore L'Homme de Rio) devrait souffler sur le film : "Il y a de l’aventure, des paysages, du rire… Le film a un esprit un peu De Broca", nous avait-il confié en podcast cet été.
Côté casting, Pierre Niney rejoint l'aventure, promettant de belles joutes verbales face à Jean Dujardin. Fatou N'Diaye aura aussi un rôle important. Notons également la présence du regretté Wladimir Yordanoff.
Encore plus d'humour et d'irréverence ?
Avec les années et la forte attente qui s'est installée, les deux premiers OSS ont accédé à un statut particulier, celui de film culte pour tout une partie du public. Comme nous l'expliquait Jean-François Halin, ce statut a rendu la mise en oeuvre de cette suite "difficile" : "il y a une partie du public qui aime beaucoup beaucoup ces films, qui les connaît par cœur et qui attend donc le troisième avec beaucoup d’impatience. 10 ans après, c’est beaucoup trop long, et donc il ne faut pas décevoir les gens. Je ne veux pas décevoir moi-même. J'ai passé beaucoup de temps à l’écrire".
Dans les premières interviews données par le scénariste Jean-François Halin et le réalisateur Nicolas Bedos, il semble acquis que cette suite jouera à nouveau la carte de l'humour poil à gratter."Il n’était pas question de faire un film aseptisé", nous a affirmé Jean-François Halin lors de notre podcast dont la thématique était les nombreuses polémiques qui ont entouré la sortie ou réédition de films dernièrement, comme Autant en emporte le vent.
Pour Jean-François Halin, il est hors de question de céder à une forme d'"uniformisation" de l'humour. "Cette tendance à l'uniformisation rend les choses plus difficiles", explique-t-il. "Je voulais que (ce nouveau volet) choque autant, car les deux premiers ont choqué par moment. De ce choc peut naître le rire... Je voulais la même chose, et je voulais surprendre les gens. (...) Et puis l’humour, il n’y a rien qui divise plus les gens que ça. Donc si on demande l’avis de tout le monde, si on veut faire rire tout le monde, selon moi, on ne fait plus rire personne."
On constate tous les jours que le politiquement correct fait des ravages, plus que jamais.
Et d'ajouter : "Evidemment qu’(OSS 117) se conduit de manière assez honteuse, mais pas de la façon dont on l’attend. (...) Le film n’est pas timide. Voilà, il va gêner par moments, car c’est aussi le regard du Français en 1981 sur l’Afrique, c’est à dire son pré carré, son territoire conquis, les rapports avec les dirigeants africains, les rapports avec la rébellion, les rapports avec les Soviétiques là-bas, avec la population..."
"Je voulais parler de tous ces clichés que les gens ne supportent plus de la part des Européens, poursuit Jean-François Halin à notre micro. J’ai traité de tout ça. Vous avez vu les deux premiers, donc ne vous imaginez pas deux secondes que le film soit raciste ou anti-africain. Absolument pas."
Nicolas Bedos, récemment interrogé par Première, soulignait "la pertinence très grande de faire un OSS en 2021" : "on constate tous les jours que le politiquement correct fait des ravages, plus que jamais. En plus d'être une pure comédie, le film est un acte de résistance".
Alors que la sortie du film approche, Nicolas Bedos a d'ailleurs annoncé la semaine dernière quitter les réseaux sociaux, ne semblant plus être en phase avec les codes de cet espace d'expression :"Voilà plusieurs mois que, tout au chagrin de la mort de mes parents, les réseaux sociaux servent de jardin en friche à mes rancœurs personnelles et colères impulsives, m'offrant une tribune plus ou moins efficace face au fléau du politiquement correct qui menace gravement nos arts non essentiels et la liberté d'expression si chère à mes aïeux ". Il dénonce précisément "les limites de l'expression directe et la perversion médiatique qu'elle provoque". Le cinéaste a indiqué vouloir désormais se "consacrer exclusivement à (son) travail".
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