On ne présente guère plus John Le Carré. L'homme est considéré à juste titre comme un des maîtres absolu du roman d'espionnage, maintes fois adapté sur petit comme grand écran. Ce grand auteur nous a malheureusement quitté ce samedi 12 décembre, à l'âge de 89 ans.
Machination, agents doubles, Guerre Froide, meurtres, chantage... L'intéressé savait exactement de quoi il parlait, et pour cause. David Cornwell, son vrai nom, a travaillé en effet pour le MI5 et le MI6, et a commencé à écrire des romans sous le pseudonyme de "John le Carré".
Son troisième roman, L'Espion qui venait du froid (1963), est devenu un best-seller international et demeure l'une de ses œuvres les plus connues. Il fut recruté par le Secret Intelligence Service alors qu'il était en poste à Hambourg. Il écrivit son premier roman (L'Appel du mort) en 1961, étant toujours en service actif.
Sa carrière au sein du service de renseignement britannique prit fin après que sa couverture fut compromise par un membre du MI5, le célèbre Kim Philby, qui était un agent double du KGB. Cette trahison est d'ailleurs directement sa source d'inspiration pour l'un de ses grands romans adaptés au cinéma en 2012 : La Taupe.
Non sans une certaine ironie, Le Carré s'était mis à écrire en partie parce qu'il détestait le personnage de James Bond créé par Ian Fleming; une autre recrue des Services Secrets de Sa Majesté. Il trouvait en effet que ce personnage "était un fasciste qui aurait tout à fait pu rejoindre le SMERSH [NDR : le département du contre-espionnage soviétique] si les filles n'avaient pas été aussi jolies et les martinis aussi secs".