ÇA PARLE DE QUOI ?
Appelé au chevet d’une mourante, un prêtre entend son horrible secret. Alors qu’il regagne son presbytère, il est assassiné. On retrouve sur lui une liste de noms. Certains sont ceux de personnes récemment décédées que Mark Easterbrook connaissait. Les autres désignent-ils de prochaines victimes ?
Le Cheval pâle d'après Agatha Christie, créée par Sarah Phelps
C'EST AVEC QUI ?
Révélé par Dark City avant de jouer le méchant de La Légende de Zorro et de L'Illusionniste, ou de s'illustrer dans l'oscarisé Judy, le Britannique Rufus Sewell s'est rapidement tourné vers les séries avec quelques titres mémorables à son palmarès : John Adams, Les Piliers de la Terre, Victoria, The Man in the High Castle ou, plus récemment, La Fabuleuse Mme Maisel. Qu'il joue dans une adaptation télévisée de sa compatriote Agatha Christie tombe donc sous le sens.
Et il donne la réplique à une autre anglaise : Kaya Scodelario. Révélée à la télévision grâce à Skins, elle s'est ensuite essayée aux blockbusters ciné avec Le Choc des Titans, Pirates des Caraïbes 5 et la saga Le Labyrinthe, qui lui permet de se faire connaître du grand public. Vue l'an dernier dans le film d'horreur Crawl, elle fait son retour sur le petit écran en 2020 avec Spinning Out, puis ce Cheval Pâle.
ÇA VAUT LE COUP-D'ŒIL ?
Agatha Christie par la BBC : épisode 5 ! Depuis 2015 et Les Dix petits nègres, les adaptations de la reine du suspense par la chaîne anglaise sont devenues une tradition annuelle, qui se poursuit avec Le Cheval pâle. Alors qu'on imaginait John Malkovich revenir dans la peau d'Hercule Poirot, après avoir affronté ABC, la scénariste Sarah Phelps, qui a travaillé sur chaque mini-série, a opté pour un roman moins connu qu'elle transpose en deux épisodes, comme Témoin à charge en 2016. Et cela peut vite se comprendre, car s'il est question d'une enquête, celle-ci se concentre sur un nombre réduit de personnages et tourne majoritairement autour de Mark Eastbrook avec un double-enjeu : découvrir les raisons de la présence de son nom sur la liste retrouvée sur une défunte tout autant que la menace qui pèse sur lui, et les secrets qu'il semble cacher.
Comme toujours chez Agatha Christie, tout le monde est suspect, qu'il s'agisse d'Eastbrook lui-même, de sa seconde épouse (jouée par Kaya Scodelario) qui cache des accès de violence, du paranoïaque Zachariah Obsorne (Bertie Carvel) dont le nom est également présent sur la liste, et même du détective Lejeune (Sean Pertwee, l'Alfred Pennyworth de Gotham). Sans oublier les trois femmes d'un étrange village, accusées d'être des sorcières, et qui permettent d'introduire un peu de fantastique dans cette mini-série policière dont le dénouement sera bien évidemment rationnel. Et assez inattendu puisque se jouant sur davantage de tableaux que la simple recherche d'un éventuel coupable.
Un peu moins stylisée que ne l'étaient les adaptations précédentes, Le Cheval pâle prend son temps pour installer la situation mais ne donne pas l'impression de traîner en route, en dissipant le brouillard qui entoure Eastbrook par petites doses. Centrée sur le thème de la culpabilité, cœur de l'œuvre d'Agatha Christie, la mini-série ajoute ici la notion de croyance avec ses trois sorcières, mais on peut regretter que la partie de l'intrigue qui les concerne soit peu soutenue et moins effrayante qu'espéré. De la même façon, la focalisation sur un personnage principal qui se révèle être une victime potentielle est intéressante, car elle permet de changer le point de vue habituel. Mais elle laisse d'autres protagonistes dans l'ombre pendant trop longtemps, et réduit un peu trop tôt la liste des suspects, même si cela n'empêche pas d'être surpris par le dénouement, et un final plus sombre que ce à quoi nous sommes habitués avec la romancière.
Si cette cinquième et, pour l'instant, dernière adaptation signée Sarah Phelps ne restera pas comme la meilleure, il s'agit de celle sur laquelle la scénariste reconnaît avoir pris le plus de libertés, avec Mark Eastbrook notamment, pour mieux illustrer sa vision de l'œuvre d'Agatha Christie : "Le vrai sujet de ses écrits, c'est le pouvoir et la façon dont les gens mentent pour le conserver", explique-t-elle dans une interview donnée à Deadline. "Il n'est pas tant question du meurtre que du mensonge. Pas tant de l'arme utilisée que de la raison pour laquelle une personne est morte." Les téléspectateurs familiers du livre paru en 1961 en Grande-Bretagne pourront donc avoir, eux aussi, quelques surprises.
Portée par des acteurs impeccables, Le Cheval pâle conclut momentanément la collection d'adaptations récentes d'Agatha Christie produites par la BBC et qui sont parvenues, avec le concours de Sarah Phelps, à dépoussiérer ces romans policiers en y injectant davantage de psychologie et de noirceur avec, dans la plupart des cas, une mise en scène soignée.