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    Ici tout commence : "On peut s’attendre à une guerre au sommet entre Teyssier et Noémie" confie Benjamin Baroche
    Jennifer Radier
    Jennifer Radier
    -Journaliste séries
    Adepte de la zapette depuis toute petite, elle a vécu mille et une vies devant sa télévision et décortique avec passion tout ce qui passe sur le petit écran.

    En difficulté à la suite des révélations concernant la mort d’Amandine, Emmanuel Teyssier est loin d’avoir dit son dernier mot. Benjamin Baroche, son interprète, s’est livré pour nous sur l’avenir de son personnage dans "Ici tout commence".

    FABIEN MALOT / ITC /TF1

    AlloCiné : Vous avez déjà une grande carrière en tant qu’acteur. Aujourd’hui vous rejoignez une série quotidienne à succès avec Ici tout commence. Qu’est-ce que vous a attiré dans le projet ?

    Benjamin Baroche : Le rôle d’Emmanuel Teyssier. On m’a envoyé les castings au mois de mai, je n’ai dû lire qu’une séquence d’Emmanuel Teyssier pour sentir que j’avais une grande empathie pour ce personnage. Je me suis dit "Si tu peux faire ça, c’est super ! Tu vas vraiment prendre beaucoup de plaisir et t’amuser". C’était un grand challenge aussi pour moi. J’ai tout de suite été séduit par le rôle et c’est lui qui m’a vraiment emmené dans le projet.

    Nous ne voudrions pas les croiser dans la rue et pourtant il y a quelque chose de captivant chez les méchants à la télévision. Selon vous, qu’est-ce qui fascine autant les téléspectateurs chez Emmanuel Teyssier ?

    Ses punchlines, le brio qu’il peut avoir dans sa façon d’être dur avec ses élèves et avec tout le monde, l’exigence, la méchanceté gratuite dont il peut parfois faire preuve. C’est peut-être quelque chose de plutôt payant avec les téléspectateurs. La chance que l’on a avec une quotidienne, c’est de pouvoir mettre quelques failles dans ce personnage pour qu’il ne soit pas totalement noir. Qu’il y ait quelques petits rayons de soleil là-dedans et que l’on puisse non pas le faire aimer, car il faut qu’il reste méchant, mais comprendre qu’il peut y avoir quelques circonstances atténuantes chez lui. En fait, je pense que les gens aiment détester les méchants. Il faut faire très attention, il ne faut pas l’interpréter avec trop de force non plus. Moi j’ai vraiment en tête de ne pas y aller trop fort et de garder un certain équilibre avec ce personnage de manière à ce qu’il puisse rester proche de nous car s’il part trop dans les tours et devient trop méchant, cela ne marche plus. Il faut qu’il soit fidèle à lui-même, c’est-à-dire quelqu’un d’exigeant, d’un petit peu pervers et avec une haute opinion de lui-même. Mais c’est un mec courageux et je pense que c’est une qualité que l’on ne peut pas lui enlever. C’est en tout cas ce qu’il essaie d’inculquer à ses élèves : être courageux et aller au bout de ce qu’ils font.

    Ici Tout Commence
    Ici Tout Commence
    Sortie : 2020-11-02 | 26 min
    Série : Ici Tout Commence
    Avec Zoï Sévérin, Loan Becmont, Julie Sassoust
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    2,9
    Voir sur TF1+

    Pensiez-vous que votre personnage deviendrait aussi vite emblématique dans la série ?

    Pas du tout. C’est une magnifique surprise ! Premièrement, il y a toute une équipe d’acteurs formidables autour de moi. Ensuite, j’ai eu la chance avec Lucia Passaniti, qui joue le personnage de Noémie Matret, d’avoir des arches qui sont parties très vite autour du personnage d’Emmanuel Teyssier. On a donc emmené la série avec des problématiques liées à nos personnages et c’est vrai que cela a donné un petit peu de piment sur les premiers épisodes. Mais je suis agréablement surpris oui. Je ne m’attendais pas à cela.

    Quels aspects de ce personnage que les téléspectateurs adorent détester aimez-vous incarner en particulier ?

    Ce côté un petit peu shakespearien qu’il a et la beauté du diable aussi un peu. Et en même temps, ce qui me plaît, c’est de ne pas mépriser le personnage en tant qu’acteur. C’est-à-dire de le sauver tout le temps, d’essayer de voir ce que je peux faire pour justement lui trouver des circonstances atténuantes, de faire en sorte que ce ne soit pas la même couleur sans cesse. Personnellement, je n’ai pas forcément son abnégation, son courage, ni son talent de pâtissier. C’est quelqu’un de très talentueux et je pense que c’est ça qui le sauve d’ailleurs. C’est quelqu’un de tellement méchant et détestable que s’il n’était pas très talentueux, cela ferait très longtemps qu’il ne serait plus dans le paysage de l’Institut Auguste Armand. C’est un personnage qui arrive à me charmer. Je trouve que c’est un challenge en tant qu’acteur de garder cet équilibre avec les spectateurs, de faire en sorte qu’il plaise toujours autant sans lasser les gens et tout en lui trouvant quelques failles.

    capture d'écran/TF1

    Le milieu de la cuisine est particulièrement exigeant et compétitif. Est-ce uniquement à cause de cela qu’Emmanuel Teyssier est celui qu’il est aujourd’hui ou pouvons-nous espérer découvrir d’autres aspects de son passé pour mieux comprendre sa personnalité ?

    Je pense que c’est quelqu’un qui s’est fait tout seul et qui a grandi à une époque où le milieu de la cuisine était vraiment très dur. Le personnage incarné par Francis Huster est venu le chercher quand il avait vingt ans pour travailler avec lui. Il a connu un niveau d’exigence très fort et il a été lui-même un peu malmené quand il était plus jeune. Du coup, c’est un peu un mode de défense pour lui aujourd’hui. Il est fier de former celles et ceux qui deviendront les meilleurs ouvriers de France en tant que pâtissiers. Il connaît la difficulté d’évoluer dans les cuisines d’un grand restaurant pour l’avoir vécue et c’est ce qu’il essaie d’apprendre à ses élèves. Après, le tout c’est de ne pas oublier qu’il y a un cœur qui bat en dessous. Emmanuel Teyssier est un homme qui a une femme et des enfants même s’il a des rapports très difficiles avec son fils. Ce n’est pas qu’un tyran dans sa cuisine, c’est aussi un père de famille. Le challenge était de voir s’il pouvait s’en tirer aussi bien familialement que professionnellement. Ce n’était pas vraiment évident. Selon moi, c’est quelqu’un qui a trimé, qui en a bavé. Il a eu affaire à des mecs comme lui à l’époque. Il ne se contente pas de reproduire ce qu’il a connu et estime que ce n’est pas aider les gens que d’être gentil avec eux. Il a tort ou il a raison, ce n’est pas à moi de le dire, mais en tout cas c’est sa logique à lui. Tout est une lutte dans son esprit car il a dû s’imposer dans la difficulté, parfois même dans la violence, pour en être là où il en est aujourd’hui.

    Effectivement, ça transparaît beaucoup à l’écran…

    Oui, c’est quelqu’un qui a souffert et on peut parler de son addiction aussi. Je trouve que c’est assez moderne d’ailleurs dans une quotidienne sur TF1. Je suis assez fier de pouvoir jouer un homme cocaïnomane car c’est un problème qui peut exister dans certaines cuisines. Pour tenir, les mecs peuvent prendre de la cocaïne ou d’autres choses pour faire des heures et donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est une faille chez Emmanuel qui a réussi à devenir l’un des meilleurs dans ce milieu si dur. Il en est très fier mais il a vraiment beaucoup donné de lui-même. Ça l’a blessé au plus profond et c’est dans la veine du personnage.

    Justement, aujourd’hui, il a tout perdu à la suite des révélations sur la mort d’Amandine. Peut-on s’attendre à ce que votre personnage soit encore plus impitoyable ? Jusqu’où sera-t-il prêt à aller pour récupérer sa place ?

    Ce sont justement des choses dont j’ai parlé avec les producteurs et les scénaristes au tout début lorsque j’ai commencé à interpréter ce personnage. Emmanuel Teyssier est quelqu’un qui n’est jamais vraiment démuni, il retombe toujours sur ses pattes et remonte à la surface à partir de rien même quand on essaie de l’écraser. C’est le genre à avoir un projet pour faire un grand retour à l’Institut. Il a des idées, il ne va pas se laisser faire mais réagir. Il va imaginer quelque chose pour revenir à l’Institut et surtout exister en tant qu’enseignant.

    En plus d’avoir détruit la carrière de Teyssier, Noémie a pris sa place au sein de l’Institut. Alors que la guerre paraît bel et bien déclarée entre eux, Noémie n’a plus peur du chef et pourrait être un véritable obstacle à ses projets. Emmanuel Teyssier doit-il craindre Noémie et va-t-elle lui donner du fil à retordre dans les prochains épisodes ?

    Même s’il a été très dur avec elle, je pense qu’il a reconnu en Noémie une facette de lui-même. Ils ont un vrai rapport. On va se rendre compte au fur et à mesure des épisodes que Noémie n’est pas soumise et qu’elle n’est pas faible du tout. C’est une véritable guerre entre les deux qui est déclarée. Malgré tout, il y a une espèce d’estime réciproque que ces deux personnages partagent pour pouvoir se livrer une belle guerre et soupeser les forces de l’adversaire. Il se rend compte qu’elle est plus réactive qu’il ne l’aurait pensé et ils vont devoir se retrouver l’un en face de l’autre car elle est sur sa route maintenant. Emmanuel va devoir faire avec elle et cela ne va pas être évident. On peut s’attendre à une guerre au sommet entre Teyssier et Noémie. Il va devoir élever encore plus son niveau de méchanceté et de machiavélisme. Il ne va pas se laisser faire, ça c’est sûr.

    capture d'écran/TF1

    Auguste et Teyssier semblent très proches. Mais l’implication du chef pâtissier dans la mort d’Amandine a profondément ébranlé le lien qui les unissait. Autrefois ami et allié, Auguste est-il devenu la nouvelle cible à abattre pour Teyssier ? A quoi peut-on s’attendre pour le futur de leur relation ?

    Il y a une grande amitié entre eux. Ce sont des amis de plus de vingt ans. Ils ont vraiment vécu beaucoup de choses ensemble. Sans spoiler quoi que ce soit, ils ne deviendront pas ennemis mais il va y avoir des problèmes entre eux. Il y a un vrai respect et un grand sens de l’amitié chez Emmanuel Teyssier par rapport à Auguste et vice versa. On voit d’ailleurs de quelle façon Auguste le défend dans les premiers épisodes, un peu comme un père protecteur. S’il y a bien quelqu’un qu’Emmanuel Teyssier respecte énormément dans la vie, c’est Auguste. Cependant, on va au-devant de quelques difficultés parce qu’évidemment plus ça va aller, plus cela va être compliqué. Le rôle qu’a joué Emmanuel dans la mort d’Amandine est impardonnable et pour Auguste c’est terrible. Ce n’est pas quelque chose qui va s’effacer comme ça entre eux mais leur amitié est quand même très profonde. Ce sont des personnages liés à vie.

    C’est un plaisir immense de jouer avec Francis Huster comme avec tous mes autres camarades d’ailleurs. Mais dès les premières séquences avec Francis, j’ai senti que l’on avait réussi à installer un lien humain qui a fait que l’on a immédiatement cru à cette espèce de background entre ces deux personnages. Je suis vraiment très content que l’on ait réussi à faire sentir ce passif qu’ils ont ensemble. On a l’impression qu’ils ont vécu des choses très fortes. Ce n’était pas forcément écrit, il a fallu qu’on l’amène avec nos énergies et je suis très heureux d’avoir pu jouer avec lui. C’est un comédien formidable et un homme très généreux.

    La famille Teyssier est dans la tourmente. Tandis que sa femme et ses enfants lui ont tourné le dos, Emmanuel est-il plus intéressé à l’idée de sauver sa carrière ou l’avenir de sa famille ?

    A mon avis, Emmanuel est quelqu’un qui pense avant tout à sa carrière. En tout cas, c’est l’ADN du personnage et c’est comme cela que l’on a ressenti ce personnage avec Sarah Farahmand et Vincent Meslet, les producteurs de la série. Mais il est en train de se rendre compte que sa famille est importante pour lui, de prendre conscience qu’il a peut-être vraiment abusé et qu’il a été trop dédaigneux avec elle. Il ouvre les yeux sur l’importance qu’ont sa femme, son fils et sa fille dans sa vie et sur le fait que sans eux, il ne serait rien en fait. D’après moi, l’une des autres failles d’Emmanuel c’est sa famille et plus particulièrement sa femme Constance, magistralement interprétée par Sabine Perraud. D’ailleurs, les séquences avec Sabine ont elles aussi été formidables depuis le début. Dès le départ, il y a eu instinctivement beaucoup d’émotions à jouer avec elle. Le talon d’Achille d’Emmanuel, c’est sa femme en ce moment.

    A ce sujet, Emmanuel et Constance vont-ils parvenir à surmonter cette épreuve ?

    Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’Emmanuel va tout mettre en œuvre pour revenir dans le cœur de sa femme. C’est une évidence et un objectif pour lui.

    De leur côté, Emmanuel et Théo ont une relation très conflictuelle depuis le début de la série. Pourquoi votre personnage rejette-t-il tant son fils ?

    Parce que je pense qu’il voit le reflet de lui-même. Quand son fils est face à lui, il manque un peu de lucidité. Parfois il est très dur avec lui mais parce qu’il veut le pousser à devenir le meilleur. C’est du narcissisme car il voudrait que son fils lui ressemble. Du coup, il empêche Théo d’exister tel qu’il voudrait exister. Mais ce qui est vachement bien, c’est que Théo résiste. Il a une vraie personnalité et ce n’est pas quelqu’un de soumis. Non seulement, Emmanuel Teyssier a de plus en plus d’ennemis à l’extérieur mais aussi au sein de sa famille avec son fils. En fait, ce sont les faces d’une même personne l’un et l’autre, c’est le père et le fils. Il y a de l’amour mais c’est caché par beaucoup d’autres choses. Ils n’arrivent pas à se parler, à s’apprécier, à s’aimer comme ils le devraient. Là aussi, c’est un beau challenge pour les deux personnages. Avec Khaled Alouach, qui joue mon fils, ce sont vraiment des scènes formidables à jouer. C’est la grande chance que j’ai en tant qu’acteur dans cette série. Pour une quotidienne, il y a vraiment un instinct de jeu chez tous ces jeunes gens d’assez formidable. Ça veut dire que tout est upgradé tout de suite. Les scènes que j’ai eues avec Khaled, notamment celle où Emmanuel le gifle, sont d’une violence inouïe et en même temps d’une grande profondeur. C’est vraiment formidable de jouer cela tous ensemble.

    capture d'écran/TF1

    Charlène (Pola Petrenko) a quant à elle beaucoup d’admiration pour son père et partage de nombreux points communs avec lui. Si jusqu’ici elle le défendait contre vents et marées, la jeune femme a finalement choisi de lui tourner le dos. C’est d’ailleurs l’une des rares fois où l’on voit Emmanuel fendre l’armure et montrer une facette plus humaine de sa personnalité. Teyssier préfère-t-il Charlène à son fils et peut-elle selon vous l’amener vers la rédemption ?

    Il adore sa fille mais je ne dirais pas qu’il la préfère. Il les aime tous les deux mais il aime mal son fils, ça c’est sûr. Pour moi, il est très fier de sa fille et il a tout un voyage à faire avec son fils qu’il n’est pas encore prêt à accomplir. Il forme une belle équipe avec Charlène, on va le voir mais je ne peux pas vous en dire plus. En tout cas, il y a une belle association avec elle et elle pourrait devenir un autre talon d’Achille pour Emmanuel. On voit bien que si Charlène dit à son père qu’elle ne veut plus le voir alors il a tout perdu, il est seul au monde. C’est quelqu’un qui a tout reporté sur sa fille à un moment donné comme avec le personnage d’Auguste. Tant que l’un et l’autre sont là, Emmanuel n’a besoin de rien d’autre. En ce moment, il n’a plus ni Charlène ni Auguste donc il est mal mais il va rebondir.

    Teyssier est-il voué à incarner durablement LE méchant d’Ici tout commence ou peut-on s’attendre à une transformation radicale de sa part dans les prochains épisodes ?

    L’ADN du personnage est qu’il est le méchant de la série. Ce n’est pas quelqu’un qui va se refaire de ce côté-là, ni quelqu’un du genre à changer radicalement. Emmanuel va garder le même ADN, la même réactivité, le même venin, la même perversité, la même méchanceté. C’est ce qui fait son charme et aussi sa force. Et il en est conscient. Après je pense qu’il évolue et va continuer d’évoluer. On le verra, il y a des choses très fines et profondes qui vont arriver par rapport à tout ça. Mais selon moi, il va garder la même couleur et la même puissance au fil de la série. Personnellement, je ne conseillerais à personne d’être l’ennemi d’Emmanuel Teyssier. Je dis cela avec du recul mais je ne l’imagine pas devenir un gentil matou. Il va garder ce côté cobra, ce côté fauve qu’il a en lui. Il s’est fait comme ça et ne changera pas. Mais il peut toutefois apprendre et évoluer. Les ennemis et les amis qu’il a face à lui peuvent lui apprendre et le faire bouger un peu quand même.

    Avez-vous d’autres projets en dehors d’Ici tout commence dont vous pouvez nous parler ?

    J’ai tourné dans un long métrage franco-finlandais qui s’appelle A Girl’s Room de Aino Suni et qui je l’espère connaîtra une belle carrière dans les festivals de cinéma. Carmen Kassovitz, la fille de Mathieu Kassovitz, joue le rôle principal. Je tourne encore une fois avec des jeunes et je joue un méchant qui pourrait être le cousin éloigné d’Emmanuel Teyssier. Je suis très heureux d’avoir fait cela. Je viens de tourner ça fin septembre, début octobre. Après, j’ai eu des propositions notamment sur un téléfilm avec Philippe Bas, avec qui j’avais joué dans Profilage, mais malheureusement je n’étais pas disponible.

    Propos recueillis par téléphone le 30 novembre 2020.

     

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