De quoi ça parle ?
C’est toi que j’attendais nous plonge dans l’intimité de couples qui souhaitent adopter un enfant et attendent impatiemment l’appel qui fera basculer leurs vies. Mais c’est aussi l’histoire d'Alexandra qui recherche par tous les moyens son fils né sous X, ou Sylvian qui se bat chaque jour pour retrouver sa mère biologique. Des parcours de vie riches en émotion qui nous interrogent sur la quête d’identité et sur l’amour...
C'est toi que j'attendais, documentaire réalisé par Stéphanie Pillonca, coécrit avec Astrid de Lauzanne. Sortie le 22 décembre 2021
Le long parcours de l'adoption
Fruit d'un travail minutieux, C'est toi que j'attendais est un documentaire prenant la forme d'une enquête afin de parler de l'adoption au sens large.
"C'est un sujet qui est beaucoup plus vaste et conjugue différents éléments. Je voulais parler librement de l'adoption et pas faire un documentaire trop réducteur", nous a confié sa réalisatrice Stéphanie Pillonca. "Je ne voulais pas non plus être unilatérale et ne parler que de couples désireux de devenir parents. Aborder différents points de vue, différentes entrées, différents moteurs". Il s'agissait d'avoir une approche "comme un film policier", avec pour objectif d'en faire "un objet un peu différent".
Quatre trajectoires personnelles sont ainsi mises en lumière : deux couples adoptants, une femme qui a accouché sous X et un homme né sous X. Pour trouver ses protagonistes, un long travail préparatoire a été nécessaire, en particulier pour la jeune femme ayant accouché sous X. Laissant transparaitre beaucoup d'empathie pour chacun d'entre eux, la réalisatrice dit avoir fait un casting "avec un choix qui vient du coeur" : "Je dois être bien avec eux, et que eux soit bien avec nous".
Pour la femme ayant accouché sous X, Stéphanie Pillonca développe : "Ce sont des chiffres qu'on connaît peu mais il y a souvent la précarité, l'environnement et de vies faites de violence derrière ces filles qui accouchent sous X. Il y a aussi la question du viol, de la drogue, de la très grande précarité... Tout ça m'a beaucoup troublée, de voir à quel point notre société ne peut pas soutenir une femme dans un projet de vie de femme."
Et d'ajouter : "La plupart des femmes qui accouchent sous X le regrettent, vraiment. Elles ont deux mois pour se rétracter mais c'est une question qui va les hanter jusqu'au dernier jour de leur vie. J'ai rencontré 100 personnes et pour toutes, il n'y a pas un jour où elles ne pensent pas à leur nourrisson. Je ne m'attendais pas à tout ça, et c'est aussi pour cette raison que j'ai choisi des filles qui n'étaient pas françaises. Je ne voulais pas les ficher, je ne voulais pas qu'elles soient pointées du doigt, d'autant que la plupart était assez jeune."
La réalisatrice a choisi une Britannique de 45 ans : "Tout était réuni avec la femme que j'ai trouvée, l'éloignement, son âge, donc avec une vie plus libre et remplie. L'éloignement permettait de mettre un peu de distance entre nous, plus la barrière de la langue, un petit voile".
Et de conclure : "il y a eu des hasards heureux et c'est le choix des témoins qui a écrit le scénario".
L'émotion du film passe également par la musique composée par Aurélie Saada (moitié du duo Brigitte), que Stéphanie Pillonca qualifie de "chaleureuse, organique et sensuelle".