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    La Dernière vie de Simon sur CANAL+ : rencontre avec Benjamin Voisin et Léo Karmann
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    A l'occasion de "La Dernière vie de Simon" sur CANAL+ & myCANAL, retrouvez notre rencontre avec le réalisateur et scénariste Léo Karmann et le comédien Benjamin Voisin autour de ce 1er long métrage, influencé par le cinéma américain des années 80-90.

    • La Dernière vie de Simon sur CANAL+ et my CANAL

    AlloCiné : Pouvez-vous nous pitcher La Dernière vie de Simon, et nous en résumer l'état d'esprit ? 

    Léo Karmann, réalisateur : Le film parle de Simon, 8 ans, orphelin. Son rêve, c’est d’avoir une famille. Et il a un pouvoir particulier : quand il touche quelqu’un, il peut copier son apparence, autant de fois qu’il veut.

    C’est un film à la fois fantastique, merveilleux, romanesque… Il y a même un petit peu de thriller. C’est un mélange des genres qui s’inspire de films comme E.T. de Spielberg ou Edward aux mains d’argent de Tim Burton, et peut être un petit peu de Stranger Things.

    Est-ce que c'est compliqué de monter un projet comme celui-là en France, d'autant plus quand il s'agit d'un premier long métrage ?

    L.K. : Pour monter un projet comme celui là en France, il faut avoir beaucoup de patience. Beaucoup de patience et de détermination, parce que ça a mis 9 ans en tout, entre la première ligne écrite et le film fini. Quand on a commencé à avoir l’idée de l’histoire, les enfants du film n’étaient pas nés ! On nous a dit pendant 8 ans, avec Sabrina B. Karine, la coscénariste du film, que ça ne se faisait pas en France. En France, on ne fait pas ça...

    Pour faire du cinéma orienté vers le grand public, dit familial, il faut faire de la comédie avec des grosses stars au casting. Soit ça, soit du cinéma dit d’auteur, de sujets. Ce sont deux cinémas que j’aime beaucoup, mais je trouve ça dommage de se priver de plein d’autres genres, et de se dire que non, on ne peut pas faire des films orientés famille si on ne fait pas des comédies. Avec Sabrina, quand on a commencé à écrire le film, on voulait vraiment faire du cinéma qui ressemble à celui avec lequel on a grandi : le cinéma de Spielberg, de Zemeckis, des années 80-90 américain, qui n’a pas peur des émotions, qui n’a pas peur du changement de genre, et où vraiment pendant 1h, on rêve, on rit, on pleure, et on a peur aussi parfois...

    Jour2fête

    Je trouve ça bien de passer par toutes ces émotions. Et quand on sort de la salle, on passe du ventre à la tête. On se dit : 'ça me raconte quelque chose de ma vie'. C’est vraiment le cinéma qu’on préfère avec Sabrina, et qu’on voulait absolument essayer de faire. Comment on fait ? Ben, on s’accroche, on améliore le scénario au maximum parce que c’est notre seule arme. Pour monter un film en France, c’est ce que nous disait notre producteur Grégoire Debailly, il faut une de trois armes, c’est à dire soit un casting de grosses stars, soit un réalisateur très connu, soit un scénario en béton armé. Du coup, on s’est remis à écrire quoi !

    Peut être pas de stars, mais le casting est très prometteur, de nouveaux talents en devenir, comme Camille Claris, Martin Karmann et Benjamin Voisin...

    Je suis ravi que ce soit des stars en devenir. Je pense qu’ils le méritent. Ce qui a été un handicap pendant le financement du film est devenu, je trouve, une force du film. On arrive mieux à croire à des histoires comme ça un peu magique quand en plus on ne connaît pas les visages qui les interprètent. Je trouve que ce serait mérité que Benjamin, Camille et Martin deviennent des stars. Je pense qu’ils en ont la valeur. Ce qui était génial c’est que j’ai choisi ceux qui pour moi étaient les meilleurs pour interpréter ces rôles, donc tant mieux si je ne suis pas tout seul à les trouver formidables.

    Mais je trouve qu’on ne fait pas vraiment dans le jeunisme en France. On a un peu du mal à faire confiance, que ce soit aux jeunes réalisateurs ou techniciens, et je trouve ça vraiment important ce renouvellement. La moyenne d’âge de l’équipe était de 28 ans. On a tous grandi avec les mêmes films. Je pense qu’on se prive de beaucoup de sujets à ne pas faire confiance aux jeunes réalisateurs. La Dernière vie de Simon, si j’avais eu 40 ans, ça n’aurait pas ressemblé à ça. C’est quand même dingue que la moyenne d’âge des primo-réalisateurs, ce soit 40 ans. C’est d’autant plus dommage qu’on se coupe de beaucoup de sujets.

    Jour2fête

    Benjamin, en tant qu'acteur, vous êtes dans la position du lecteur, et vous avez justement un aperçu des projets qui se font en France…

    Benjamin Voisin, acteur : J’ai assez de chance. J’ai l’occasion de lire pas mal de choses, et j’en suis très heureux. Je remarque quand même qu’on a tendance dans le cinéma à avoir des styles définis : ça c’est une comédie… Là c’est un drame… J’en suis au début de ma carrière, mais c’est une chose qui commence déjà à m’ennuyer. Là, il faudrait que je fasse ça, là il faudrait que… Il faut calculer quoi. C’est un peu ennuyeux pour un comédien. Et quand mon agent m’appelle et me dit : là c’est un film, il y a différentes choses dedans, il faut que tu lises. Et c’est le cas du film de Léo, je lis et c’est inclassable.

    Les émotions se confondent et c’est génial. J’adore quand dans une salle de cinéma on a l’opportunité de rire, pleurer, d’avoir peur dans un même film… Je n’ai pas envie de n’avoir qu’une émotion. Ca ne m’intéresse pas trop. Et en tant qu’acteur, je n’aime pas non plus l’idée de jouer 1h30 la même chose. Quand j’ai l’opportunité d’être dans une histoire comme ça, c’est génialissime d’avoir autant de choses diverses et variées. 

    Léo a une envie de collectif, de famille, de travailler ensemble, donc je me suis éclaté. C’est rare aujourd’hui mais je crois que c’est un mouvement qui est à venir. Le cinéma de demain a cette volonté là, et j’en serai très heureux de recevoir des projets aussi excitants, stimulants, que celui de Léo.

    C’est fou de prendre le cinéma américain, leurs codes, en gardant l’élégance française dans notre jeu, dans notre façon de travailler notre intimité. Quand les styles se confondent, et qu’on ne vend plus un film parce que c’est une comédie, parce que c’est un drame, simplement parce que c’est un film qui va faire passer plein d’émotions différentes, moi, c’est ça qui m’éclate. Il y a beaucoup de gens qui étaient effrayés à l’idée de ce projet, et encore aujourd’hui il a du mal à se développer. Mais dès qu’on va le présenter, en avant-première ou en festivals, les gens sont tous conquis. Mais pour le vendre, c’est assez compliqué ce genre de films, car on nous dit : il n’y a pas de star, on ne peut pas présente rle film en disant « ça ressemble à ce film » puisque c’est une sorte d’OVNI. C’est le premier film de Léo, il n’est pas encore star, mais il le sera, j’en suis sûr et certain. Mais ça me fait plaisir de tendre vers ça, d’aller vers un cinéma beaucoup plus ample, moins rangé dans des cases. 

    La bande-annonce de La Dernière Vie de Simon :

    Propos recueillis à Paris le 28 janvier 2020

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