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    Le Maître d'école sur TMC : un tournage très compliqué avec Coluche
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    "Le Maitre d'école", comédie avec Coluche en instituteur suppléant débordé, marquait la seconde collaboration entre le comédien et Claude Berri. Le tournage s'est déroulé dans un climat particulièrement compliqué. Explications.

    Très souvent diffusé à la télévision, et en l'occurrence à nouveau ce soir sur TMC, la comédie Le Maitre d'école, sortie en salles en octobre 1981, est l'un des grands succès publics de Coluche et du réalisateur Claude Berri (plus de 3 millons d'entrées*). Il s'agit également de leur seconde collaboration, après Le Pistonné (1970) et avant Tchao Pantin (1983) qui vaudra une grande reconnaissance critique de la carrière de comédien de l'humoriste. 

    Dans ses mémoires, Claude Berri se confiait sur l'importance que revêtaient ces trois films tournés avec Coluche et revenait sur le contexte au sein duquel s'était décidé le tournage du Maitre d'école. 

    "Depuis Le Pistonné, une de mes (rencontres) les plus importantes pour moi a été celle de Coluche, je l'admirais et pour lui, j'ai toujours représenté le cinéma. Au début de l'année 1980, il en avait marre du music-hall, il voulait faire l'acteur. Pierre Grunstein (producteur, Ndlr.) et moi l'avons convaincu de tourner avec Zidi Inspecteur la bavure avec Depardieu. Avant même de connaitre le résultat du film, il m'a convoqué rue Gazan (adresse où se trouvait le domicile du comédien, Ndlr.). Ce soir-là, comme tous les soirs, il avait invité une quarantaine ou cinquante personnes à dîner. Devant tout ce monde, il m'a demandé de lui signer un contrat de quatre films à faire en vint-quatre mois. J'ai obtenu de les faire en trente. (...) Une de ses exigences a été que ce soit moi qui réalise le premier de ces films. C'est pour cela que nous avons fait Le Maitre d'école. Au début, je n'avais pas d'idée, quand j'ai repensé à un livre édité par Champ libre, Journal d'un éducateur."

    Le Maître d'école
    Le Maître d'école
    Sortie : 28 octobre 1981 | 1h 35min
    De Claude Berri
    Avec Coluche, Roland Giraud, Josiane Balasko
    Spectateurs
    3,0
    Voir sur Universciné

    Le film Le Maître d'école est en effet librement inspiré de Mémoires d'un éducateur, roman de Jules Celma. Ce dernier officie d'ailleurs en tant que co-scénariste du long métrage. Claude Berri précise, dans ses mémoires, qu'il ne s'en inspire que lointainement cependant : "Je n'ai conservé que le principe d'un suppléant qui laisse le bordel s'installer dans sa classe", indique-t-il dans "Auto-portrait". Le film suit Gérard Barbier, vendeur de jeans, renvoyé de son travail. Possesseur du baccalauréat, il décide de devenir instituteur suppléant. Nommé dans une école, il s'aperçoit vite que le métier d'instituteur n'est pas comme il l'imaginait...

    Un rythme d'enfer...

    Pourquoi cet empressement à vouloir tourner avec Claude Berri ? Et pourquoi un engagement sur plusieurs films ? On apprend dans la biographie consacrée à Coluche, C'est l'histoire d'un mec, par Philippe Boggio, que l'artiste a de nombreuses dettes, suite à son divorce notamment. "Le fisc lui réclame des comptes", écrit Philippe Boggio. "Il doit plusieurs millions de francs aux impôts. (...) Il doit tourner, d'abord pour rembourser. Il va donc devenir boulimique de films, plusieurs par an, sans grand discernement. (...) Il presse Claude Berri". 

    Outre ce rythme sous pression, le tournage se passe dans un climat compliqué, en raison des dettes contractées par Coluche et ses problèmes personnels. L'ouvrage de Philippe Boggio explique qu'il est très irritable sur le tournage, même s'il a fait en sorte d'avoir des amis dans la distribution du film, ou des proches dans l'équipe. Séparé de sa compagne Véronique, il espère encore son retour. "Il exige de Claude Berri qu'elle soit embauchée sur le film. Véronique occupe d'abord la fonction de régisseur adjoint, puis celle d'attachée de presse. Mais avant la sortie du film, elle reprend son nom de jeune fille, figurant au générique sous deux patronymes différents". 

    En cause également, la prise de stupéfiants qui a une incidence forte sur le tournage, et explique notamment la perte de poids du comédien. "Coluche se drogue sans retenue", précise la biographie. "Il se querelle vite, même avec Claude Berri". Et d'ajouter qu'il "supporte difficilement la turbulence des enfants". "J'ai horreur des gosses, mais les miens me manquent" rapporte sa compagne de l'époque dans "Coluche" d'Axel Cadieux, Les Légendes du cinéma français, édité chez Sofilm Capricci.

    * source citations : "Auto-portrait" de Claude Berri, Le Livre de Poche / "Coluche, l'histoire d'un mec" de Philippe Boggio,  Flammarion / "Coluche" d'Axel Cadieux,  Les Légendes du cinéma français,  Sofilm Capricci.

    * source chiffres : CBO Box office

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