Sean Connery, c'était bien évidemment James Bond, Henry Jones Sr, Jim Malone, Juan Sanchez Villa-Lobos Ramirez, Richard Coeur de Lion ou Robin des Bois. C'était aussi Guillaume de Baskerville dans Le Nom de la Rose (1986). Dans ce formidable polar moyenâgeux sur fond d'Inquisition adapté du chef d'oeuvre d'Umberto Eco, il menait, sous la bure du moine franciscain, une enquête passionnante autour d'un "livre qui tue" dans une abbaye bénédictine. Et il défendait, devant la caméra de Jean-Jacques Annaud, le droit de rire et se moquer. Interviewé par AlloCiné en 2007, le cinéaste français avait partagé ses souvenirs de Sir Sean, disparu ce 31 octobre à l'âge de 90 ans.
"Il m'appelait Boy tout le temps... mais c'était quand même moi son papa, puisque je suis metteur en scène ! C'est le rapport très particulier qu'on a avec les acteurs, puisque c'est à moi qu'ils demandent ce qu'ils doivent faire..."
"J'ai adoré travaillé avec lui, parce que c'est vraiment une Rolls à l'ancienne. C'est d'une précision diabolique. Ce qu'il aime, c'est qu'on le dirige au millimètre, en lui disant 'Tu fais deux pas vers l'écritoire, tu prends tes lunettes et tu les mets à un pouce et quart du bout de ton nez et un peu plus bas que le niveau, et là tu marques une pause d'une seconde et demie'. Quand on fonctionne comme ça avec lui, c'est merveilleux. Et du coup, j'ai passé un tournage merveilleux avec Sean."
"Ce qui est fou, c'est qu'il donne une absolue impression de liberté alors que tout est répété et ajusté au millimètre des semaines et des mois à l'avance. Par contre, vous ne pouvez pas changer le texte : le texte est appris par coeur, il le débite de manière impeccable, et vous pouvez, dans ce texte, lui demander toutes les nuances que vous voulez. Mais ne changez pas UN mot. Parce que justement, sa liberté, c'est que la machine est complètement huilée, prête à tous les ajustements que doit pouvoir demander le metteur en scène. Du coup, il est très exigeant avec les techniciens car lui est très bon dès la première prise. Et il attend la même chose de tout le monde."
"Mais c'est un souvenir de grand bonheur avec Sean. Et en même temps, j'avais un soucis, car Umberto Eco détestait l'idée. J'adore Umberto et j'étais très soucieux de ça car il avait mal pris mon idée de donner le rôle à Sean. Et jour après jour, je lui expliquais combien Sean était formidable : il disait le texte tel que je l'avais entendu dans mon oreille depuis des mois. Après, je sais qu'il est terrible avec certains metteurs en scène, parce que si vous ne savez pas répondre à sa question, il fait mal... (Rires)"
Faux Raccord - Les gaffes et erreurs du Nom de la Rose