De quoi ça parle ?
Lola Bouvier, star déchue du patinage artistique à l’égo surdimensionné, décide de devenir " la plus grande championne de Roller Derby de tous les temps" en intégrant, malgré elle, l’une des plus mauvaises équipes de l’Hexagone : les Cannibal Licornes.
Ça ressemble à quoi ?
C'est avec qui ?
Chloé Jouannet (Infidèle, Jamais sans toi Louna) campe Lola, une héroïne au tempérament belliqueux dont la soif de revanche sportive dissimule mal son manque de confiance en elle. Autour d'elles, un casting solide de joueuses : Sophie-Marie Larrouy, alias Mother Blocker, qui prend Lola sous son aile, Acid Cyprine (Jisca Kalvanda), la capitaine de l'équipe qui voit clair dans le jeu de Lola et refuse de céder à ses caprices, et MJ (Salomé Dienis-Meulien), apprenti joueuse maladroite qui se prend d'amitié pour Lola. On retrouve également Olivia Côte (Antoinettes dans les Cévennes) dans le rôle de la mère/coach de Lola, et Adrien Ménielle (Groom) dans celui de son collègue ennamouré du magasin de sport où elle travaille depuis l'arrêt brutal de sa carrière olympique.
Ça vaut le coup d'oeil ?
Dernière nouveauté en date de la plateforme France TV Slash, entièrement gratuite et disponible sur le web, Derby Girl est un récit iniatique à l'humour féroce emmenée par la prometteuse Chloé Jouannet, qui s'en donne ici à coeur joie dans le rôle de Lola Bouvier. Véritable peste que n'aurait pas renié Regina de Lolita Malgré Moi, elle et obsédée par la compétition et la victoire, au détriment de ses liens familiaux et amicaux. Un vernis qui va vite se fissurer au contact de l'équipe des Cannibales Licornes et de ses membres, aussi loufoques et chaleureuses qu'elles sont mauvaises sur des patins.
Pop et rythmée, la série emprunte aux codes de narration de la comédie américaine, et dessine un joli portrait d'antihéroïne qui apprend à grandir en même temps que le sens du collectif. Si l'ensemble du casting se défend bien, que le rythme clipesque assumé de la série est efficace et ses dialogues décapants à souhait, on est en revanche moins convaincus par la structure de l'histoire. Hâtive, parfois confuse lors des récapitulatifs accompagnés d'une voix off dans les introductions d'épisodes (au point de nous faire douter plusieurs fois d'avoir raté un épisode au vu de certaines scènes inédites dedans), elle dévoile les limites de ce type de productions amibitieuses sur le papier mais limitées dans leur budget. Et si vous espérez y trouver des séquences de roller-derby digne de ce nom, prenez votre mal en patience car elles se font attendre, bien souvent ellipsées. Et si on apprécie la volonté d'inclusivité du casting des derby girls, notamment en présentant un personnage comme non-binaire (Suzanne de Baecque, alias Absinthe Ni Touche) il est dommage de voir ces héroïnes se limiter à des archétypes usés (la meilleure amie boulotte et pot-de-colle, la leadeuse intraitable et froide, la fille décomplexée qui parle de sexe à tout bout de champ) voire problématiques (la joueuse asiatique timide qui ne décroche pas un mot.)
En résumé, la série est une proposition rafraîchissante dans les nouveautés de cette rentrée, qui met en lumière un casting talentueux à travers les codes d'un sport féministe et inclusif, mais qui peine à convaincre sur la durée et déçoit par son exécution un peu trop convenue. On espère que Derby Girl n'en restera pas là pour son premier tour de piste...