Attention, spoilers. Les paragraphes suivants révèlent des éléments d'intrigue de The Haunting of Bly Manor. Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit.
Alors que The Haunting of Hill House était principalement inspirée du roman Maison Hantée de Shirley Jackson, The Haunting of Bly Manor, la nouvelle saison de l’anthologie de Mike Flanagan disponible sur Netflix depuis le 9 octobre, est une libre adaptation de l’œuvre Le Tour d’écrou d’Henry James. Le showrunner, né à Salem et féru d’histoires horrifiques, a donc choisi un autre classique de la littérature d’horreur pour livrer de nouveaux épisodes aussi terrifiants que poétiques. Déjà adapté une trentaine de fois auparavant, Le Tour d’écrou est une nouvelle fantastique remarquable publiée en 1898 de manière feuilletonnante dans le magazine Collier’s Weekly mais qui a été popularisée dans le monde grâce à l’adaptation en opéra de Benjamin Britten en 1954.
Le style poétique d’Henry James et sa manière de brouiller les pistes dans son récit ont rapidement troublé les lecteurs. Devenu rapidement célèbre, Le Tour d’écrou a notamment été adapté par Jack Clayton dans son film Les Innocents de 1961 mais aussi par Alejandro Amenabar, plus inspiré par le film précédemment cité, pour son chef-d’œuvre Les Autres, porté par Nicole Kidman. Le showrunner choisit de s’inspirer de l’ambiance du film de Jack Clayton et ne s’en cache pas dès les premières minutes de la saison avec la chanson "O Willow Waly", déjà présente dans Les Innocents.
Une lettre d'amour à l’œuvre d'Henry James
Pour The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan a pris quelques libertés scénaristiques concernant ses personnages et la manière dont le récit est raconté. Ainsi, dans la nouvelle d’Henry James, il y a deux narrateurs : le narrateur principal, Douglas, qui lit le journal de la gouvernante, et celui qui introduit Douglas. Dans la série, c’est Jamie (Amelia Eve), plus vieille (Carla Gugino) et ancienne compagne de la gouvernante Dani (Victoria Pedretti), qui raconte l’histoire au mariage de Flora. Par ailleurs, Le Tour d’écrou joue toujours avec les croyances du narrateur en brouillant les pistes volontairement sur la santé mentale de la gouvernante. On ne sait jamais si les fantômes existent réellement ou s’ils ne sont que des hallucinations de la gouvernante.
Si Le Tour d'écrou est l'inspiration principale de The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan n'a pas hésité à puiser dans d'autres nouvelles d'Henry James pour écrire le scénario de la série horrifique qui est bien plus qu'une histoire de fantômes comme le raconte le showrunner à Vanity Fair : "Il est très difficile de différencier la tragédie de la romance. Ce sentiment de désir romantique pour quelqu'un qui comptait tant pour nous – mais qui est parti – est vraiment au coeur de toute histoire de fantômes".
Pour cette histoire d'amour et de fantômes, Mike Flanagan a confié à GamesRadar+ qu'il s'était inspiré d'une douzaine de nouvelles d'Henry James pour The Haunting of Bly Manor : "Je vois Le Tour d'écrou comme la colonne vertébrale de cette saison – une ligne directe qui nous porte du début à la fin. Mais on peut plonger dans Le Coin Plaisant et Le Roman de quelques vieilles robes et tant d'autres merveilleuses histoires de fantômes que les gens n'ont jamais vues adaptées auparavant".
Comme suscitées, Le Coin Plaisant (également connue sous les noms de Le Coin du retour ou Le Coin charmant), l'histoire d'un Américain confronté à une version fantomatique de lui-même ayant plus de succès dans son ancienne demeure, et Le Roman de quelques vieilles robes (également connue sous les noms de Le Roman de certains vieux habits ou Histoire singulière de quelques vieux vêtements) ont été deux grandes inspirations. Cette dernière nouvelle permet d'expliquer la présence des fantômes dans des demeures devenues hantées par des événements bien antérieurs dans l’épisode 8 avec l’histoire tragique des sœurs Willoughby, Viola (Kate Siegel) et Perdita (Catherine Parker).
D'autres nouvelles, moins connues ou jamais adaptées avant, ont également servi d'inspiration à Mike Flanagan pour The Haunting of Bly Manor telles que La Bête dans la jungle, une histoire d'anticipation de perte de l'être cher, L'Autel des morts, Owen Wingrave, qui donne son prénom au cuisinier (Rahul Kohli) et son nom à la famille de Bly Manor, L'Endroit Parfait ou encore Sir Edmund Orme, qui inspire le fantôme du fiancé (Roby Attal) de Dani et la réplique "parfaitement splendide". Avec The Haunting of Bly Manor, Mike Flanagan signe une série mélancolique et poétique qui raconte plus qu'une histoire de fantômes comme l'avait fait Henry James auparavant avec ses nouvelles intemporelles.
La bande-annonce de The Haunting of Bly Manor :