Producteurs véreux, acteurs et actrices sans foi ni loi, scénaristes dévorés par l'ambition, carrières brisées, Hollywood et son Star System frelaté, ses escrocs en tous genres... Les 25 ans de la sortie de l'excellent film féroce Swimming With Sharks, hélas un peu sous-côté, sont un bon prétexte pour revenir sur une sélection d'oeuvres, et parfois de purs chefs-d'oeuvre, sur le thème "Quand Hollywood flingue Hollywood".
Swimming With Sharks (1994)
Guy, un jeune assistant ambitieux, rentre au service de Buddy Ackerman, producteur indépendant à Los Angeles. Très vite, il va subir la tyrannie de son patron, découvrir les ficelles du métier et apprendre à nager (et survivre) parmi les requins...
Plébiscité par la critique, primé au Festival de Deauville, ce portrait acide du rêve hollywoodien est un petit bijou de cynisme et (visiblement) de réalisme. Le réalisateur George Huang (tombé dans l'oubli depuis) se serait en effet inspiré de son expérience dans les bureaux de production d'un certain Joel Silver pour livrer ce portrait terrifiant d'un producteur tyrannique.
Dans le rôle principal, Kevin Spacey (qui n'avait pas encore explosé avec Seven et Usual Suspects) est tout à tour terrifiant, manipulateur, mielleux, bref, impressionnant. Face à lui, Benicio Del Toro puis Frank Whaley subissent brimades et humiliations jusqu'à un final absolument machiavélique et inattendu qu'il serait criminel de révéler.
Barton Fink (1990)
En 1941, Barton Fink est un jeune auteur timide et effacé de pièces de théâtre, dont la dernière pièce est encensée par la critique à New York. Son agent le pousse à tenter sa chance à Hollywood comme scénariste sous contrat pour un studio, Capitol Pictures. Arrivé à Hollywood, le patron du studio, Jack Lipnick, lui demande de scénariser un film de série B sur le monde des lutteurs. Barton Fink accepte alors qu'il ne connait pas du tout cet univers sportif. L'auteur s'installe dans un grand hôtel suranné quasi désert et bien étrange. Dès les premières heures, l'angoisse de la page blanche envahit Barton Fink. C'est à ce moment que le jeune auteur rencontre Charlie Meadows , un étrange voisin...
En plus d'abriter des galeries de Freaks impayables, les films des frères Coen sont aussi souvent peuplés de personnages vénaux et louches derrière leurs bureaux, des hommes souvent vulgaires dont le pouvoir aiguise les appétits. C'était le cas par exemple du détective privé Emmet Walsh dans Blood Simple. Dans Miller's Crossing, c'était Albert Finney, en boss mafieux. Dans Barton Fink, c'est Michael Lerner, le puissant producteur de films, que vient voir John Turturro (dont le personnage s'inspire du vrai scénariste Clifford Odets). Auteur de théâtre au talent reconnu à New York, gravitant dans un cercle plutôt élitiste, il est finalement attiré par la promesse hollywoodienne de faire de l'argent en tentant sa chance au sein de la Mecque du cinéma. Mais Hollywood détruit ses rêves. Il tombe même sur un (savoureux et drôle) William Faulkner porté sur la bouteille, écrivant lui aussi des scénarios pour gagner assez de quoi vivre...
Chef-d'oeuvre de comédie noire, Barton Fink mélange l'univers d'un David Lynch avec une touche de Bunuel, enrobé dans le style et la patte inimitable des frères Coen.
Mulholland Drive (2001)
Los Angeles, cité des anges. Une mystérieuse femme fatale, amnésique et blessée, erre sur la sinueuse route de Mulholland Drive. Elle se réfugie chez Betty, une apprentie comédienne fraîchement débarquée de sa province et veut conquérir Hollywood. D’abord effrayée par cette inconnue se faisant appeler Rita, Betty découvre dans son sac des liasses de billets verts. De plus en plus complices, les deux femmes décident de mener l’enquête afin de découvrir la véritable identité de Rita...
Dans l'hypnotique Mulholland Drive de David Lynch, on n'est pas dans la satire. Mais dans un univers néo-noir, où la frontière entre le rêve et le cauchemar hollywoodien ne cesse d'être brouillée. Betty Elms est une aspirante actrice, attirée sous les feux de la rampe hollywoodienne. Pour son malheur, elle sera victime d'un monde et d'un milieu où la désillusion est grande, où la frontière avec la réalité est de plus en plus mince, jusqu'à la détruire. Elle est terrifiée et torturée à l'idée d'échouer dans sa tentative de devenir l'actrice qu'elle aimerait être, et se réfugie inexorablement dans un monde fantasmatique.
Cela dit, le petit milieu du cinéma selon Lynch est aussi fait de réalisateurs totalement dépossédés de leurs oeuvres qui se voient en outre imposer le casting, comme en fait amèrement l'expérience Adam (Justin Theroux) dans le film; "This is no longer your movie" lui glisse d'ailleurs un producteur à l'oreille. Le combat du réalisateur contre les producteurs, celui de David contre Goliath, comme une réminiscence de celui que livra effectivement Lynch sur la production de son film maudit Dune ?
Un petit tuyau pour celles et ceux qui seraient tenté de découvrir le film, qui aide quand même un peu à la compréhension de l'oeuvre. Le film se déroule dans trois espaces / univers différents. L'esprit des protagonistes, la réalité d'événements passés, et la réalité du présent; la clé étant de comprendre et se demander à chaque fois dans quelle réalité on se trouve.
Boulevard du crépuscule (1950)
Norma Desmond, grande actrice du muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, Salomé. Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. DeMille de tourner à nouveau avec elle, Gillis commence à prendre ses distances...
Quand Eric Von Stroheim rentra en Europe après sa douloureuse expérience de réalisateur aux Etats-Unis, où ses films étaient régulièrement mutilés d'un quart, de la moitié voir des trois-quarts, il déclara, amer : "Hollywood m'a tué". C'est donc non sans une cruelle ironie de le voir dans son dernier grand rôle au cinéma avec l'extraordinaire Boulevard du crépuscule, pour lequel il obtient la seule citation à l'Oscar de sa carrière (meilleur second rôle). Il y interprète un ex-metteur en scène devenu serviteur de Norma Desmond, l'ancienne gloire du muet persuadée qu'Hollywood veut toujours d'elle alors qu'elle a été reléguée depuis longtemps au rayon des antiquités.
Un constat d'autant plus cruel que Billy Wilder convoque effectivement d'anciennes gloires du cinéma muet comme Buster Keaton, ou des stars de l'âge d'or d'Hollywood comme Gloria Swanson. Mais c'est aussi une oeuvre lucide : elle évoque en effet l'écroulement d'un empire, celui d'Hollywood, jadis la Nouvelle Babylone, alors même que les années 50 sont considérés comme un nouvel âge d'or pour les majors, qui entreront à nouveau en récession dans les années 60-70 avec l'émergence du Nouvel Hollywood. Dans tous les cas, un chef-d'oeuvre absolu, et sans doute le film le plus célèbre dans la thématique "Hollywood flingue Hollywood".
The Very Black Show (2001)
Pierre Delacroix est le seul scénariste noir d’une grande chaîne de télévision. Jusqu’à présent, ses idées n’ont jamais donné d’émission à succès et, cette fois-ci, son patron a été très clair : soit il trouve LE concept, soit il est viré ! Acculé, Pierre présente un projet insensé : il relance les spectacles de music-hall où les acteurs maquillés incarnaient des caricatures de Noirs et imagine une émission de variétés parodique. Le show connaît un succès fulgurant et tourne au phénomène culturel. Le taux d’audience ne cesse de grimper, jusqu’au jour où l’imprévisible survient…
Le racisme à son paroxysme dans cet extraordinaire Very Black Show de Spike Lee. Au coeur du film : l'usage des fameux et infâmants Blackfaces, qui renvoient à une forme théâtrale pratiquée dans les Minstrel Shows, puis dans le vaudeville, dans lequel le comédien incarnait une caricature stéréotypée de personne noire. Extrêmement populaire, c’est même devenu un genre à part entière au début du XXe siècle. Le cinéma -Hollywood donc- ne s'est évidemment pas privé dans son histoire de mettre en scène des acteurs blancs le visage peint en noir, interprétant des personnages noirs.
La terrible charge de Spike Lee culmine dans une séquence aussi douloureuse que salutaire : une compilation de Blackfaces et de représentations de la communauté noire en général dans les films et les Cartoon de l’époque.
Frances (1982)
En 1940, Frances Farmer est célèbre pour les scandales qu'elle provoque. Comédienne de talent, elle connaît la gloire. Hollywood va pourtant finir par s'acharner à briser la carrière d'une actrice jugée trop rebelle...
Porteur d'une charge émotive à fendre les pierres en deux, le film de Graeme Clifford reste un des meilleurs rôles de Jessica Lange, bouleversante, qui prête ses traits à cette actrice détruite par Hollywood.
Actrice sensible et fragile, celle que l'on qualifia de "nouvelle Garbo" était talentueuse, mais aussi individualiste et rebelle. Elle disait d'ailleurs régulièrement détester Hollywood, hormis l'argent. Elle eu le malheur de se mettre à dos le Mogül Adolph Zukor ainsi que d'autres magnats. Ses ennuis commençèrent en octobre 1942, à la suite d'un incident banal : conduite en état d'ivresse, sans permis et pleins phares dans une zone de restriction lumineuse. Arrêtée, elle fut condamnée à 180 jours avec sursis. Pour ne pas s'être présentée devant son agent de probation, elle fut de nouveau arrêtée, cette fois-ci dans un hôtel, tandis que la Police enfonca la porte de sa chambre. Elle fut emmenée nue dans le Hall de l'hôtel. Dans le même temps, sa carrière artistique, jadis au zénith de la Paramount, dégringola.
Peu après une condamnation ferme aux 180 jours de prison, sa mère déclara sa fille mentalement déficiente, et signa un formulaire d'internement. La suite, c'est Kenneth Anger qui la raconte, dans son ouvrage culte Hollywood Babylone (et publié pour la première fois en France aux éditions Tristram en 2013) : "Frances avait refusé de travailler en prison. Elle se retrouva collée dans un sanatorium privé pour y subir pendant trois mois les écrasantes injections quotidiennes d'une cure de Sakel; une pratique aujourd'hui complètement discréditée. Après l'horreur du sanatorium, l'attendaient dix années dans l'enfer absolu de l'asile psychiatrique. Elle fut déclarée folle en 1944 et placée dans la maison de fous de Steilacoom, dans l'Etat de Washington. [...] Son internement s'y révélerait le pire supplice auquel une star fut jamais soumise - la plus abominablement tragique des tragédies hollywoodiennes. Le purgatoire d'Hollywood [...] l'avait rendue malheureuse. Ses étoiles sans pitié la laissèrent en proie à un Enfer de camisoles de force, de lanière de cuir et de gardiennes démoniaques [...]. Sa chute avait suscité peu de compassion dans la cité glamour qui l'avait exploitée. Elle avait été une "invivable fauteuse de troubles", ils étaient ravis d'être débarassés d'elle".
Les Ensorcelés (1953)
Le producteur Harry Pebel convoque dans son bureau Georgia Lorrison, une grande actrice, Fred Amiel, un jeune réalisateur, et James Lee Bartlow, un écrivain. Pebel attend un coup de téléphone de Jonathan Shields. Celui-ci a permis à ces trois personnes d'accéder au rang de star mais s'est parfois mal comporté avec elles. Aujourd'hui en difficulté, il leur demande de l'aider.
Bien sûr, Billy Wilder est déjà passé par là avec son Boulevard du crépuscule, trois ans auparavant. Reste que ce grand film de Vincente Minnelli est plus que recommandé. Ne serait-ce déjà que pour voir un Kirk Douglas absolument génial dans un de ses très rares rôles d'authentique salaud. Celui d'un producteur tyrannique, égoïste, vil et odieux, sordide et sans scrupule, manipulateur. Une authentique ordure comme l'était son père dans le film et dont il prend la succession.
Pour Minnelli, il s'agit d'une histoire cynique et cruelle, auréolée d'un certain romantisme. Comme l'écrivait en 2000 Jean-Pierre Deloux (décédé en 2009), rédacteur en chef de la revue POLAR, à propos du cinéaste : "Cette histoire synthétise tout l'amour et la haine des gens du cinéma envers Hollywood, l'ambition, l'opportunisme, le sentiment de puissance. Mais le film montre aussi le respect que portent les gens du cinéma à ceux qui dépensent leur talent sans compter. [...] Rêves de puissance, de succès ou de gloire motivent les protagonistes du film, aux aspirations "Bigger Than Life".
Le Jour du fléau (1975)
Homer, vieux garçon introverti tombe amoureux de Faye, une jeune figurante ambitieuse et prête à tout pour arriver à devenir une star. Un soir, Homer la surprend dans les bras d’un autre homme. Furieux et humilié, il met un terme à leur relation. Mais un soir, au cours d’une de ces avants premières où se presse tout Hollywood, il découvre que tout le monde était au courant de l’infidélité de la jeune femme. Il sombre alors dans une folie meurtrière...
"Par train, par voiture, par bus, ils vinrent à Hollywood...à la recherche d'un rêve" proclamait une catchline posée sur l'affiche du film mis en scène par John Schlesinger, qui signe ce Jour du fléau un an avant son extraordinaire Thriller Marathon Man. Mais Le jour du fléau est surtout une histoire où les gens viennent en Californie pour y mourir. Adapté d'un puissant et terrifiant roman de Nathanael West ("L'incendie de Los Angeles", publié en 1939), qui est d'ailleurs très supérieur au film, Le jour du fléau dépeint Hollywood comme le Nadir du mauvais goût, où les carrières se font et défont en l'espace d'une nuit -alcoolisée, c'est mieux-, une ville et un univers peuplé de Freaks, d'aspirants acteurs / actrices qui ne le seront jamais, quand ce ne sont pas les enfants, sorte de monstrueux croisement contre-nature entre une Shirley Temple et Baby Jane- qui sont catapultés sur le devant de la scène par des parents avides de gloires.
Film un peu maudit d'un cinéaste qui a réalisé des oeuvres nettement supérieures, Le jour du fléau mérite malgré tout le coup d'oeil, ne serait-ce que pour entendre la musique de John Barry, et voir la composition d'un saisissant Donald Sutherland. Jusqu'à l'hallucinant - et très dérangeant- climax du film; une avant-première de The Buccanneer de Cecile B. de Mille tournant à l'émeute...et à l'horreur absolue.
Ed Wood (1994)
Ed Wood, le réalisateur le plus décrié par la critique, était néanmoins l’une des figures les plus emblématiques d’Hollywood. Ce film retrace le parcours de ce cinéaste excentrique entouré d’amis tout aussi étranges que lui. Surnommé "le plus mauvais réalisateur de tous les temps", il est aujourd’hui adulé par les amateurs de fantastique dans le monde entier…
Ed Wood, le réalisateur le plus décrié par la critique, était néanmoins l’une des figures les plus emblématiques d’Hollywood. Ce film retrace le parcours de ce cinéaste excentrique entouré d’amis tout aussi étranges que lui. Surnommé "le plus mauvais réalisateur de tous les temps", il est aujourd’hui adulé par les amateurs de fantastique dans le monde entier…
Le biopic signé Tim Burton est autant une satire d'Hollywood qu'une véritable déclaration d'amour au cinéma. Au-delà de la passion que nourrit Ed Wood pour les pull angora de sa petite amie et sa fascination pour le trans-genre, que ce soit pour lui-même ou dans l'une de ses oeuvres (Glen or Glenda), Burton revient avec une affection teintée d'amertume sur l'amitié unissant Ed Wood et Bela Lugosi, l'acteur iconique des films d'épouvante, inoubliable Comte Dracula (et remarquablement interprété par Martin Landau).
Un Bela Lugosi pour tout dire poignant, accro à la morphine, vivant seul, reclu au milieu des coupures de presse et autres trophées d'une gloire depuis longtemps passée, et dont plus personne au sein des studios ne veut. Un tacle de Burton sur la cruelle nature exploitatrice d'Hollywood, qui recrache les os de ses talents une fois digérés.
Star 80 (1983)
Le film retrace le tragique destin de Dorothy Stratten. Dorothy travaille dans un bar. Un jour, Paul Snider, un souteneur, lui propose de poser pour le magazine Playboy et de participer au concours de la Playmate. Elle remporte le concours et pose pour des photos de plus en plus osées, avant de décrocher quelques rôles au cinéma et à la TV. C'est le début de la célébrité... Elle épouse Paul qui se révèle violent. Elle a une aventure avec un cinéaste et veut divorcer, mais Paul la menace...
Amour, gloire (éphémère) et beauté. Et mort(s) à l'arrivée. Dans la (malheureusement trop courte) filmographie du grand Bob Fosse, il est urgent de réévaluer cette pépite que constitue Star 80. Porté par un impeccable Eric Roberts et surtout par une lumineuse Mariel Hemingway, le film revient sur l'histoire de Dorothy Stratten, assassinée à 20 ans en 1980 par un mari jaloux qui retournera son arme contre lui...après avoir abusé du cadavre de son ex compagne. C'est avec Peter Bogdanovich que Stratten eut une liaison. Ce dernier fut tellement dévasté par sa mort que non seulement il écrivit un livre quatre ans plus tard revenant sur ces tragiques événements ("The Killing of The Unicorn"), mais il se maria en outre en 1988 avec la soeur de Dorothy Stratten, Louise (dont il divorca en 2001).
The Player (1992)
Hollywood. Griffin Mill, responsable de production arrogant et cynique, va en une seule journée se disculper d’un meurtre qu’il a pourtant commis, se débarrasser d’un collègue dangereux pour sa carrière et d’une assistante par trop amoureuse, et enfin séduire la femme de sa victime.
Sur un scénario de Michael Tolkin basé sur son propre roman, Robert Altman brosse une satire acerbe d'Hollywood avec qui il règle ses comptes, tout en faisant défiler au passage la quasi intégralité du Who's Who du 7e art qui enchaîne les caméos. Le réalisateur essuya des échecs commerciaux au Box Office dans les années 70-80, même si la critique se révélait parfois être positive. Il multiplia donc les projets hors Majors et les petits budgets.
De façon assez ironique, Altman fit son come-back à Hollywood avec ce film. Tout en prenant soin d'y glisser des propos qui n'ont rien perdus de leur force. Comme le règne tout-puissant (et loin d'être terminé..) du High Concept si cher à Don Simpson (pour rappel : l'inventeur du concept justement); la nécessité d'une star à l'affiche d'un film pour garantir son succès (Bruce Willis est carrément proposé comme tête d'affiche pour tous les films, tandis que c'est Julia Roberts pour le volet féminin ...); tout le monde est sacrifiable; le Happy End fait sa loi; tout ce qui a déjà été fait peut être refait ou faire l'objet d'une suite (dans le film est par exemple évoqué une suite au Lauréat), un principe qui a plus que jamais force de loi à Hollywood ces dernières années...