Nous sommes en 1972. Deux ans après sa première réalisation, Le Distrait, Pierre Richard remet le couvert, mettant en scène et interprétant le personnage principal des Malheurs d'Alfred. Il y campe un architecte de profession qui voit ses constructions s'écrouler. Un jour, alors qu'il décide d'en finir en se jetant d'un pont, il croise le chemin d'Agathe, une présentatrice TV dépressive. Ensemble, ils se remontent le moral et Alfred se retrouve, un peu par hasard, à la tête d'une équipe de jeu télévisé. La chance va enfin lui sourire.
Le Distrait et Les Malheurs d'Alfred réuniront respectivement 1,4 et 1,3 millions de spectateurs, faisant de Pierre Richard une figure incontournable de la comédie française. Par la suite, en 1974, l'acteur brille devant la caméra de Claude Zidi dans La Moutarde me monte au nez après avoir triomphé dans la saga Le Grand Blond. L'histoire suit Pierre, un professeur dans un pensionnat d'une petite ville du Midi. Il rédige également les discours de son père, en pleine élection électorale, sans oublier les articles pour son ami Patrick, un critique de spectacles.
Ses élèves ont alors la bonne idée d'intervertir le contenu des dossiers. Pierre se retrouve alors dans une foule de situations cocasses et déconcertantes. Le long-métrage réunit 3,7 millions de spectateurs en 74. Quelques années après ce film, en 1981, l'acteur et réalisateur atteint la consécration avec le succès mondial de La Chèvre. Le triomphe ne s'arrête pas aux frontières de l'Hexagone et ses 7 millions d'entrées mais s'étend notamment jusqu'à Hong Kong !
Les films avec Pierre Richard marchent très bien dans ces contrées en raison des gags très visuels proposés par ce dernier. En 1981, l'acteur s'envole donc pour la cité chinoise afin de promouvoir La Chèvre. La distributrice du film à Hong Kong arrange alors un rendez-vous pour le comédien. Elle aimerait bien qu'il rencontre la star des arts martiaux, Jackie Chan. Ce dernier use également de gags très visuels dans ses oeuvres et la distributrice verrait bien une collaboration entre les deux artistes.
"À l'époque, Jackie Chan n'était pas ce qu'il est devenu après, il ne faisait pas encore de films à Hollywood, il ne tournait qu'en Chine", confie Pierre Richard dans son livre Je sais rien mais je dirai tout, écrit en collaboration avec Jérémie Imbert et publié chez Flammarion. Le célèbre interprète du Marin des mers de Chine ou Combats de maître est enthousiaste. "Pourquoi ne pas faire un film ensemble ?", s'emballe l'acteur ? "Une comédie policière avec un détective chinois et un français, ç'aurait pu être explosif", déclare Richard.
"C'est peut-être un peu de ma faute, je n'ai pas suivi le coup, je n'ai pas dit à mon producteur français : Allons revoir Jackie Chan. Mais Jackie aurait pu aussi dire à son producteur : Allons revoir Pierre Richard. On ne l'a pas fait et il est parti pour les Etats-Unis", regrette le comédien. Nous aurions pu avoir un Rush Hour à la française près de 20 ans avant ! L'idée d'une comédie policière avec un duo que tout oppose exposée par Pierre Richard se retouve un peu dans le long-métrage porté par Jackie Chan et Chris Tucker. Ce dernier incarne une sorte de Pierre Richard américain, maladroit et gouailleur.