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    Jumbo et l'objectophilie : le film s'inspire d'une femme qui a épousé... la Tour Eiffel !
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Jumbo, drame porté par la talentueuse Noémie Merlant, raconte l'histoire d'une jeune femme tombant amoureuse d'un manège. Saviez-vous que cette étrange attirance portait un nom, l'objectophilie ?

    Jumbo, premier long-métrage réalisé par Zoé Wittock, raconte l'histoire de Jeanne, interprétée par Noémie Merlant. Cette dernière est une jeune femme timide qui travaille comme gardienne de nuit dans un parc d’attraction. Elle vit une relation fusionnelle avec sa mère, l’extravertie Margarette. Alors qu’aucun homme n’arrive à trouver sa place au sein du duo que tout oppose, Jeanne développe d’étranges sentiments envers Jumbo, l’attraction phare du parc.

    C'EST QUOI L'OBJECTOPHILIE ?

    Le film explore un thème original, l'objectophilie. Ce terme désigne une attirance amoureuse et / ou sexuelle pour un objet inanimé. Dans le cas de Jeanne, il s'agit donc d'un manège dans un parc d'attractions. Pour construire son scénario, la cinéaste Zoé Wittock a fait des recherches, vu des documentaires sur le sujet de l'objectophilie. Elle a aussi parlé à des spécialistes. "Mais je me suis rendue compte que je ne voulais pas évoquer trop en détail ce qui était vu comme une maladie. Je voulais aborder ce thème du point de vue de l’émotion, plus que de la compréhension. J’ai tout de même noté que la plupart des gens qui sont « objectophiles » ont été victimes d’un trauma ou présentent une forme d’autisme", souligne la réalisatrice.

    Je me suis documentée sur l’autisme. J’ai appris que, parfois, les personnes autistes ont une hypersensibilité à la lumière, aux mouvements, aux sons. Certains psychologues pensent que c’est ce qui explique ce repli vers les objets : il y a une difficulté de communication avec les êtres humains qui les poussent vers une relation avec quelque chose de plus neutre. Dans le cas d’Erika Eiffel, c’est lié à un trauma : elle a été agressée sexuellement dans sa jeunesse. Après cette agression, elle est devenue championne de tir à l’arc. S’étant détournée des hommes, elle dormait avec son arc", ajoute Zoé Wittock.

    C'EST QUI ERIKA EIFFEL ?

    La cinéaste parle d'Erika Eiffel, une femme ayant un nom de famille évoquant une certaine Dame de fer bien connue des parisiens. C’est en découvrant l'histoire d'Erika Eiffel, ancienne militaire de l'US Air Force, que le projet de Jumbo est né dans la tête de Zoé Wittock. La réalisatrice finissait ses études aux États-Unis quand elle est tombée sur un article de journal consacré à cette femme qui a épousé la Tour Eiffel. En 2007, elle a organisé un mariage très officieux, célébré à Paris, par une espèce de pasteur !

    "Avec mes proches, nous nous sommes réunis au deuxième étage. Un ami a lu mes vœux en français, puis j’ai récité un poème à la Tour. C’était très émouvant de lui offrir mon cœur. Nous avons une connexion spéciale. Ceci dit, ce mariage n’a aucune valeur auprès de la loi. Il n’y a pas eu de cérémonie et aucun papier officiel n’a été signé", déclare Eiffel. Toutefois, cette dernière est parvenue à prendre le nom de sa chère et tendre Dame de fer : "C’est le nom qui est inscrit sur mon passeport et mon permis de conduire. La procédure est compliquée. Ca m’a pris beaucoup de temps et coûté plusieurs centaines de dollars."

    Jumbo
    Jumbo
    Sortie : 1 juillet 2020 | 1h 33min
    De Zoé Wittock
    Avec Noémie Merlant, Emmanuelle Bercot, Bastien Bouillon
    Presse
    2,9
    Spectateurs
    2,4
    Voir sur Paramount+

    Cette histoire fait sourire mais fascine aussi beaucoup Zoé Wittock. "J’ai contacté Erika Eiffel et, en discutant avec elle, j’ai été mise face à mes propres clichés. En fait, elle était l’inverse de ce que je pensais. Je m’attendais à quelqu’un d’extrême, voire d’exalté. Elle était posée, très articulée. Ce sentiment de me retrouver un peu bête face à elle m’a fait comprendre que c’était un personnage plus intéressant que je ne l’avais imaginé. Il y avait quelque chose à creuser", confie l'artiste.

    L'histoire d'Erika n'est pas la seule ayant fait sensation aux USA. En 2017, Carol Santa Fe, une femme de San Diego en Californie a épousé la gare de sa ville. "Nous avons d’abord consommé notre amour il y a quelques années lorsque j’ai ressenti le mur dans mon dos et toute son énergie. J’ai presque eu un orgasme mais j’ai eu peur d’être surprise par le personnel de la gare. La sexualité d’objectophile n’est pas une maladie mentale. C’est notre sexualité tout comme être lesbienne ou bisexuel, nous ne sommes pas fous", a déclaré Carole au New York Post.

    NOÉMIE MERLANT ÉVOQUE SON PERSONNAGE DANS JUMBO

     

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