Inspiré des souvenirs de lycée de sa réalisatrice, Diane Kurys, Diabolo Menthe se situe en 1963 et suit le quotidien de deux sœurs adolescentes, Anne, 13 ans, et Frédérique, 15 ans. Le rôle d'Anne est joué par Éléonore Klarwein, dont c'est la première apparition à l'écran. Diane Kuruys flashe sur elle après que sa directrice de casting lui montre une photo en noir et blanc de la jeune fille sur un balcon. Il s'agit d'une révélation pour la réalisatrice qui peinait jusque-là à trouver l'interprète de son héroïne.
Bien que très timide dans la vie, Éléonore, fille du peintre allemand Mati Klarwein, n'a pas peur du cinéma. Elle est même retenue pour jouer dans Attention, les enfants regardent avec Alain Delon, mais décline l'offre pour tourner dans Diabolo Menthe : « Tout le monde me dit que je suis folle. D’un côté, le petit film d’une inconnue ; de l’autre, Delon, star mondiale. Mais je tiens parole. Tant mieux : le film avec Delon sera un bide »*. À sa sortie, Diabolo Menthe remporte un succès inattendu : il totalise 3 millions d'entrées et reçoit le prestigieux prix Louis-Delluc. La chanson titre d'Yves Simon devient un tube.
Capture d'écran
Éléonore Klarwein devient une star à 14 ans. Invitée chez Michel Drucker ou en couverture de Elle, la jeune fille discrète supporte plutôt mal sa nouvelle célébrité. Elle quitte l'école après avoir redoublé sa seconde et enchaîne trois films l'année suivante : Vas-y maman, La Clé sous la porte et Le Temps des vacances. Elle s'essaie même à la chanson avec le titre Je ne suis pas une gamine. En 1983, elle tient un petit rôle dans Surexposé de James Toback avec Nastassja Kinski et Harvey Keitel.
Mais ces débuts prometteurs sont vite stoppés par la croissance de la comédienne, qui grandit brutalement en quelques mois et passe de 1m60 à 1m78. Trop grande pour jouer les ingénues mais trop jeune pour jouer les femmes, son physique la pénalise dans les castings : « Je passe même un casting pour le tirage du Loto mais là encore, je ne corresponds pas. Les castings, c’est humiliant, rabaissant. » Il faudra attendre 2018 pour la revoir dans le film En Douce puis le documentaire de Vincent Delerm, Je ne sais pas si c'est tout le monde.
Elle continue aujourd'hui de recevoir des courriers de fans de Diabolo Menthe. L'actrice garde un souvenir magnifique du film mais concède qu'il est parfois pesant d'être toujours identifiée à ce personnage. Lorsqu'on la contacte pour participer aux bonus du DVD du film, elle partage son amertume : « Je me dis que ce film a rapporté beaucoup d’argent à pas mal de monde, mais rien à moi, à part les 10 000 francs de l’époque. Le distributeur m’informe que je ne toucherai rien sur les ventes du DVD. Or, si Diabolo est un souvenir magnifique, c’est aussi un boulet que je porte depuis quarante ans. (...) Donc quel intérêt, ce DVD, si tout le monde y gagne sauf moi ? Je crois être quelqu’un de gentil et j’aime faire plaisir, mais là, franchement... Finalement, ils me proposent 300 euros ! Ridicule. Je refuse ».
Après la comédie, Éléonore Klarwein exerce pendant dix ans dans le mannequinat avant de monter sa propre agence. Elle travaille désormais dans l'hôtellerie à Trouville, en Normandie, où elle élève ses quatre filles.
*Toutes les citations sont extraites de l'article « Diabolo Menthe » : l'histoire douce-amère d'un film culte publié dans le numéro 48 (Juillet 2017) de Vanity Fair France.
