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    Dérapages sur Arte : que vaut le thriller social avec Eric Cantona ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    Arte lance ce soir "Dérapages", sa nouvelle mini-série portée par Eric Cantona dans la peau d'un homme brisé par le chômage qui se révolte contre le système. Cette adaptation du roman "Cadres noirs" de Pierre Lemaitre mérite-t-elle le détour ?

    Stéphanie Branchu/Arte

    De quoi ça parle ?

    Alain Delambre est un homme que le chômage a détruit. Contre toute attente, sa candidature est retenue pour un poste de DRH. Alain veut y croire à tout prix, quitte à mettre sa famille en danger. Quand il comprend qu’il n’est qu’un faire-valoir pour conforter une candidature déjà retenue, il profite de l’épreuve finale pour dynamiter le système. Alain n’a alors plus rien à perdre...

    Les jeudis 23 et 30 avril à 20h55 sur Arte, et d'ores et déjà disponible en intégralité sur arte.tv

    6 épisodes vus sur 6

    À quoi ça ressemble ?

    C'est avec qui ?

    Loin du flic taciturne au grand coeur qu'il incarne dans la collection de France 3 Le VoyageurEric Cantona change totalement de registre avec Dérapages, réalisée par Ziad Doueiri (Baron noir), dans laquelle il campe Alain Delambre, un cadre senior brisé par six ans de chômage qui, après un nouvel espoir professionnel déçu, va sombrer dans une spirale infernale sans retour. À ses côtés, Suzanne Clément, récemment au générique de Vampires sur Netflix, interprète son épouse, Nicole, qui peine à déceler les signes du cauchemar qui se dessine, tandis qu'Alex Lutz prête ses traits à un PDG de multinationale glaçant.

    Le reste de la distribution comprend notamment Gustave Kervern dans le rôle du meilleur ami et camarade de galère d'Alain, Adama Niane (La Mante, Maroni), Alice de Lencquesaing, et Xavier Robic (Parents, mode d'emploi).

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Écrite par Pierre Lemaitre à partir de son propre roman Cadres noirs, sorti en 2010, cette mini-série en six épisodes est avant tout l'histoire d'une chute et d'une révolte contre le système. Alain Delambre, homme ordinaire de 57 ans, est totalement usé par les années de chômage qui se succèdent et les petits boulots qu'il accumule pour survivre. Alors que la colère le ronge et que sa famlille ne le comprend plus, son comportement lui vaut un renvoi de son dernier boulot en date et des déboires judiciaires. Mais c'est à ce moment-là que le destin semble enfin décidé à donner un coup de pouce à cet ancien directeur des ressources humaines d'une PME. Un cabinet de recrutement lui propose en effet un poste au sein d'Exxya, une multinationale en difficulté qui prépare un important plan de licenciement. Pour obtenir ce job, Alain est prêt à tout, même à trahir sa famille et à participer à la dernière étape de sélection qui consiste en un jeu de rôle visant à simuler une fausse prise d'otages. Afin d'identifier le cadre d'Exxya le plus résistant au stress et le plus à même à prendre les commandes d'une nouvelle usine et de virer plus de 1000 employés dès son arrivée. Mais rien ne va se passer comme prévu et Alain va répondre à l'humiliation d'une manière très personnelle.

    Stephanie Branchu/Arte

    À mi-chemin entre le thriller tendu, le polar social, et le drame familial, Dérapages nous happe dès ses premières minutes pour ne plus nous lâcher et c'est bien là la force principale de cette mini-série hybride qui repose avant tout sur la prestation assez dingue d'Eric Cantona, qui habite chaque plan d'une fureur à peine contenue et trouve l'un de ses plus beaux rôles grâce à ce portrait très extrême d'un homme brisé et incontrôlable. Malgré un côté parfois trop caricatural, cette proposition bourrée de cynisme et d'humour noir parvient à frapper fort en prenant la forme d'un pamphlet au vitriol à l'encontre du capitalisme, des puissants, des multinationales, et du management qui en prend pour son grade. Un cri de colère désespéré - celui de Delambre - qui résonne plus que jamais avec l'actualité, dans une société où l'écart entre les riches et les pauvres se creuse et demeure un sujet brûlant. Au coeur des premiers épisodes, ce propos est sans contreste le coeur palpitant de la série qui trouve son point culminant lors du troisième épisode, summum de violence et de cynisme à ne pas rater. Mais malheureusement, Dérapages perd ensuite de sa puissance et de son souffle dans la seconde moitié de sa première et unique saison.

    Passé le tournant de l'épisode 3, la série se transforme en polar judiciaire et carcéral plus convenu, qui peine à éviter les clichés du genre et multiplie les rebondissements parfois dignes de La Casa de Papel (on exagère un peu mais à peine). Le jeu de dupes reste un ressort essentiel du récit et Eric Cantona continue de porter la série sur ses épaules, mais l'intérêt du téléspectateur retombe et les twists, parfois indigestes, commencent à agacer. Reste que l'on a tout de même envie de savoir comment toute cette histoire va se terminer et que le talent des comédiens, tous excellents (Suzanne Clément et Alice de Lencquesaing en tête), demeure une agréable constante de bout en bout de la série. Alors pour son casting et ses trois premiers épisodes d'une réussite bluffante, Dérapages est tout de même chaudement recommandée. Surtout en cette période où les séries inédites ne sont pas légion à la télévision.

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