Les Hommes du feu suit Philippe (Roschdy Zem), un pompier de 45 ans qui dirige une caserne dans le Sud de la France. L'été est chaud et les feux (criminels ou pas) partent de partout. Arrive Bénédicte (Emilie Dequenne), adjudant-chef, qui a le même grade que Xavier (Michaël Abiteboul), un quadra aguerri... A l'occasion de la diffusion de ce film réaliste sur la vie de ces héros du quotidien, ce soir sur France 3, retour sur l'immersion effectuée par Pierre Jolivet et ses comédiens dans une vraie caserne.
L'objectif principal de Pierre Jolivet était de coller, caméra à l'épaule, au plus près du réel, avec pour référence L.627 (1992) de Bertrand Tavernier, qui raconte la vie d’une brigade des stups sans artifices et quasiment sans histoire. Ainsi, tout ce que l'on voit dans Les Hommes du feu lui a été raconté par de vrais pompiers. Le capitaine de la caserne où le film a été tourné, Stéphane Guyot, a même relu et validé chaque scène écrite par le réalisateur, lequel précise : "Il n'était pas question de faire un film de super-héros, pas question d'enjoliver la réalité – leur quotidien parle de lui-même. A l'inverse, un documentaire ne m'aurait pas permis d'aller aussi près des flammes, pour des raisons évidentes de sécurité, ou à l'intérieur d'une voiture accidentée, au plus près des blessés."
Avant les prises, Pierre Jolivet et son équipe ont effectué une immersion totale dans une caserne pendant sept semaines, précisément celle de Bram (un petit village de l'Aude). "Nous avons été dans cette caserne tous les jours. Moi, pendant trois mois et Roschdy, pendant deux mois. L'idée, c'était vraiment d'avoir une petite caserne du Sud de la France parce que j'ai passé beaucoup de temps en Provence dans la famille et qu'il y avait deux oncles qui étaient pompiers volontaires. Alors, je connaissais très bien cette ambiance de petits villages du Sud qui vivent quand même avec la peur du feu pendant les trois mois d’été. Je voulais attraper cette ambiance très particulière. Je suis allé traverser tout le département de l'Aude jusqu'à trouver celle qui me correspondait", se rappelle le réalisateur.
Les Hommes du feu : "Au plus près des flammes pour que le spectateur puisse devenir pompier"Les sapeurs-pompiers de la caserne avaient même amené Roschdy Zem sur un champ de blé en feu où plusieurs hectares de terre étaient en train de brûler. "C'est assez flippant parce que vous pouvez avoir l'impression que les flammes vous disent : "viens, je vais te parler". Attiré, fasciné, on y va, on approche - on peut aller tout près sans être vraiment en danger. Mais, peu à peu, ce danger, vous le sentez venir. Et tout à coup, cette chaleur qui vous saute au visage ! Comme si les flammes vous rentraient dans le crâne… Alors, d’instinct, vous faites un pas en arrière. En fait, c'est une image de l'enfer, un incendie", se souvient le comédien, qui pour l'occasion retrouve Pierre Jolivet pour la sixième fois après Fred, Ma petite entreprise, Filles uniques, La Très très grande entreprise et Mains armées.
Une des choses ayant intéressé Roschdy Zem dans cette immersion au sein de la caserne est d'avoir côtoyé des pompiers volontaires, et non un corps d'élite. Le comédien se rappelle : "De voir ces gens qui ont une vie assez ordinaire se consacrer de façon addictive au métier de pompier avec cette implication qu'est la leur et ce qui en découle. Forcément, il y a des opérations qui ne les laissent pas indemnes. On est forcément en empathie avec ces gens-là. Et il y a un véritable échange qui s'opère et un respect mutuel. Ça, c'était intéressant à découvrir et c'est ce que nous offre aussi ce métier : ce mélange des deux mondes que j'ai pu retrouver dans d'autres films, mais, là, encore plus, parce qu'il y a vraiment ce sentiment de vie de famille."
Roschdy Zem & Pierre Jolivet : une grande histoire d'amitié et de cinémaCette volonté de réalisme, dans Les Hommes du feu, se retrouve aussi dans son casting : ainsi, en dehors des six rôles principaux (Roschdy Zem, Emilie Dequenne, Michaël Abiteboul, Guillaume Labbé, Grégoire Isvarine et Guillaume Douat), tous les autres personnages de la caserne sont joués par de véritables sapeurs-pompiers de Bram. Pierre Jolivet raconte à ce sujet : "Ils sont dans leur propre rôle et pourtant, il a fallu, comme c'est toujours le cas avec les acteurs non-professionnels, travailler pour retrouver leur naturel. Les mêmes mots, les mêmes gestes, qu'ils répètent dix fois, vingt fois par jour dans la réalité de leur métier, devenaient extrêmement difficiles à prononcer ou à effectuer sur un plateau de tournage avec la pression de la caméra."