Sorti en 1975, Le Sauvage voit Martin (Yves Montand), un créateur de parfums qui s'est exilé sur une île d'Amérique latine, rencontrer Nelly (Catherine Deneuve), une jeune femme volcanique fuyant son fiancé. Elle lui propose de lui vendre un Toulouse-Lautrec, emprunté à son patron, en guise de salaire s'il l'aide à rentrer en France. Celui-ci accepte. Soulagé, il regagne son île où il a la surprise... De retrouver Nelly !
A l'occasion de la diffusion du film, cet après-midi sur France 2, focus sur le fait qu'Yves Montand n'était pas le premier choix de Jean-Paul Rappeneau pour jouer Martin... Ce qui a créé une source de frustration chez le comédien.
Jean-Paul Rappeneau ambitionnant de faire une comédie d'aventure à l'américaine, il a d'abord voulu engager Elliott Gould (Le Privé) pour se glisser dans la peau de Martin. Mais le producteur Raymond Danon voulait absolument un Français pour ce personnage. Ainsi, Paul Newman, Marlon Brando et Jack Nicholson, qui avaient également été plus ou moins envisagés, ont eux aussi été écartés.
Le metteur en scène pensa ensuite à Yves Montand : "J'ai d'abord pensé à Montand. Mais quand j'en ai parlé à Jean-Loup Dabadie (le scénariste), il a rechigné. Il venait de faire César et Rosalie et Vincent, François, Paul et les autres avec lui, il voulait sûrement changer un peu. On s'est donc mis à chercher dans la short-list des stars françaises de l'époque."*
Rappeneau proposa alors le rôle à Alain Delon et Lino Ventura, qui n'aimaient pas l'histoire. Il alla solliciter Jean-Paul Belmondo, qui ne voulait pas jouer dans un film sans sa compagne du moment, Laura Antonelli, qu'il avait rencontrée sur le tournage des Mariés de l'an deux (Rappeneau, 1971). Or, il était hors de question, pour le cinéaste et les producteurs, de se séparer de Catherine Deneuve (choisie dès l'écriture).
Finalement, Jean-Paul Rappeneau se tourna à nouveau vers Yves Montand. Ce dernier accepta, mais avec un peu d'amertume compte tenu du fait qu'il était conscient de ne pas être le premier choix. Une décision qui a finalement porté ses fruits, le film ayant été plutôt bien reçu par la critique et le public. L'acteur refera même équipe avec le réalisateur en 1982, pour Tout feu tout flamme.
*"Ça tourne mal ! L'histoire tumultueuse et méconnue du cinéma français" de Philippe Lombard, Editions La Tengo, 168 pages, 22€ / Nicolas Schaller, "Peau neuve", Télé Obs, n°2448, 6 octobre 2011.