La Plateforme, huis clos violent et anxiogène, connaît un engouement certain de la part du public depuis sa diffusion sur Netflix le 20 mars dernier. Dans ce long-métrage, des personnes sont enfermées dans une sorte de prison. Chaque cellule comprend deux détenus. Au centre de la pièce, une plateforme remplie de nourriture descend d'étage en étage. Un système qui favorise les premiers servis et affame les derniers, révélant les plus bas instincts de l'homme et de la femme.
Réalisé par Galder Gaztelu-Urrutia, La Plateforme est à la fois une satire sociale grinçante qui interroge sur notre société actuelle, et un divertissement horrifique qui ose aller très loin dans la violence. Le huis clos est un sous-genre intéressant car il force le cinéaste à faire preuve d'ingéniosité pour troubler le spectateur en étant cantonné à un seul et unique décor (une pièce, une maison ou une île déserte...) Un exercice extrêmement compliqué qui a inspiré de nombreux grands réalisateurs, dont Alfred Hitchcock avec La Corde.
Si vous avez aimé La Plateforme et que vous avez envie d'enchaîner quelques huis clos en cette période de confinement (si vous n'avez pas froid aux yeux), voici quelques petits conseils de longs-métrages similaires que vous pourrez trouver sur Netflix (avec un petit bonus à la fin concernant un classique du huis clos disponible sur Amazon Prime Vidéo).
NETFLIX
Imaginez-vous en train de passer un week-end en amoureux dans votre maison de campagne. Pour pimenter le séjour, vous décidez de vous adonner à un jeu sexuel avec votre moitié. Elle vous attache les mains sur les montants du lit pour faire monter la tension puis... tombe raide morte. Vous ne pouvez plus bouger, coincé sur le lit, au milieu de nulle part où personne ne vous entendra crier. Angoissant n'est-ce pas ? C'est ce qui arrive à Jessie, personnage principal de ce film basé sur un roman de Stephen King. Menotée, isolée... Jessie commence à halluciner et finit par affronter de terribles secrets.
Cette adaptation de Stephen King, on la doit à un spécialiste du genre, Mike Flanagan, réalisateur de l'excellente série horrifique The Haunting of Hill House, mais aussi de la suite de Shining, Doctor Sleep. Le cinéaste nous gratifie avec Jessie d'un huis-clos des plus angoissants, permettant à Carla Gugino de livrer la meilleure performance de sa carrière. La comédienne excelle dans le rôle de Jessie, tenant le film à bout de bras (c'est le cas de le dire) du début à la fin.
Don't Breathe - La maison des ténèbres
Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient. Mis en scène par Fede Alvarez, qui avait réalisé en 2013 el remake d'Evil Dead, Don't Breathe démarre comme une énimère variation du genre home invasion.
On regarde ça d'un oeil un peu inquisiteur, en pensant qu'on va avoir droit à un petit slasher gentillet pour ados. Mais on se rend très vite compte que ça aller aller beaucoup plus loin que ça et qu'il ne faut pas se fier à la bouille mignonne du héros de 13 Reasons Why, Dylan Minnette. L'oeuvre se révèle très rapidement être un huis-clos sophistiqué et terrifiant, grâce notamment au charisme du génial Stephen Lang. L'acteur campe la personne aveugle agressée chez lui par ces jeunes malfrats... qui vont vite se rendre compte qu'ils n'ont pas affaire avec un vieux monsieur sénile. Violent, trash, sans concessions... une petite pépite horrifique à voir absolument.
On ne présente plus le The Thing de John Carpenter, chef-d'oeuvre du genre avec Kurt Russell. Celui-ci n'est ni une suite ni un remake, mais un préquel, et il vaut le coup d'oeil ! Nous y suivons La paléontologue Kate Lloyd, jouée par Mary Elizabeth Winstead. Cette dernière part en Antarctique rejoindre une équipe de scientifiques norvégiens qui a localisé un vaisseau extraterrestre emprisonné dans la glace. Elle y découvre un organisme qui semble s'être éteint au moment du crash, de multiples années auparavant. Mais une manipulation élémentaire libère accidentellement la créature de sa prison glacée. Capable de reproduire à la perfection tout organisme vivant, elle s'abat sur les membres de l'expédition, les décimant un à un. S'il est impossible de surpasser l'ambiance anxiogène de son illustre prédécesseur, The Thing parvient tout de même à restituer une atmosphère paranoïaque et un sentiment d'isolement qui nous prend aux tripes.
On pense également à Alien avec une parfaite Mary Elizabeth Winstead qui prend en charge l'expédition et se révèle l'héroïne du film, ce qui permet une autre approche que l'oeuvre de Carpenter. Cet opus sonde les réactions humaines face à l'indicible, la montée de la paranoïa et de la folie. De plus, le monstre, mélange d'effets spéciaux numériques et trucages pratiques, est dégoûtant à souhait. Le tout rendu possible grâce à l'ingéniosité d'Alec Gillis et de Tom Woodruff, Jr. (II), génies des effets spéciaux cosmétiques et mécaniques (Starship Troopers, AVP: Alien vs. Predator) qui s'efforcent ici de rendre hommage aux incroyables trucages du film original conçus par Rob Bottin. À noter que The Thing est écrit par Eric Heisserer, scénariste de Prmier Contact de Denis Villeneuve.
Cette fois, le huis-clos ne se situe plus dans un endroit sordide, une maison glauque ou en plein hiver dans un froid glacial... mais en plein milieu d'un champ, dans un vert paturage. Un frère et sa sœur s'aventurent dans un champ d'herbes hautes pour porter secours à un enfant perdu, mais découvrent qu'il n'est peut-être pas possible d'en sortir.
Adapté d'une nouvelle de Stephen King, Dans les hautes herbes explore le huis-clos de manière originale en plongeant ses protagonistes dans un environnement hostile. Le cinéaste Vincenzo Natali, auteur du célèbre Cube, dont nous allons parler plus bas, retranscrit très bien à l'écran la perte de repères des personnages et la montée en tension qui en découle. Porté notamment par Patrick Wilson (Conjuring), le film nous donne une bonne de frissons façon Stephen King et possède une très belle esthétique signée Vincenzo Natali.
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Dérangeant, oppressant, violent... Cube a marqué son époque. Premier film de Vincenzo Natali, que nous évoquions juste avant, l'oeuvre raconte le destin d'un groupe de personnes se retrouvant enfermé dans une prison surréaliste. Ils doivent évoluer dans un labyrinthe sans fin constitué de pièces cubiques communicantes et équipées de pièges mortels. Le policier, l'architecte, l'étudiante en mathématiques, la psychologue et l'autiste captifs ne savent qu'une seule chose : chacun possède un don particulier qui, combiné aux autres, peut les aider à s'évader.
Au fur et à mesure que la peur grandit, les conflits personnels et les luttes de pouvoir s'amplifient. Il leur faudrait pourtant réussir à s'associer pour échapper à une mort certaine. Impossible de ne pas penser à Cube quand on voit La Plateforme. Sorti il y a plus de 20 ans, le film proposait déjà une satire brillante de notre société individualiste et consumériste que La Plateforme reprend à sa sauce tout modernisant le propos. Cube est un coup de maître, tant sur la forme que sur le fond, et ne laissera personne indifférent une fois parvenu à son dénouement.