Ne coupez pas ! suit une équipe de tournage sur le plateau d'un film de zombies fauché quand débarquent de vrais morts-vivants. Sur le papier (et même à l'écran, du moins dans son premier tiers), le long-métrage de Shin'ichirô Ueda pourrait apparaître comme une énième comédie horrifique issue de la vague lancée par le succès de Shaun of the Dead, sorti il y a déjà 15 ans. Il serait pourtant dommage de se fier à sa première impression car voici une oeuvre qui sort brillamment son épingle du jeu.
Un phénomène inattendu
Rien ne destinait ce film à devenir un raz-de-marée au Japon. Ce projet d'étudiants tourné en huit jours, sans comédiens connus et avec un budget dérisoire (3 millions de yens japonais, soit environ 24 000€ ; à titre de comparaison, Le Projet Blair Witch a coûté le double) sort dans deux petites salles à Tokyo. Pourtant, le bouche-à-oreille fait son effet : l'enthousiasme des spectateurs est tel qu'il se retrouve en 4-5 mois programmé dans plus de 300 cinémas à travers le pays, devenant le septième plus gros succès au box-office nippon en 2018, engrangeant au total plus de 27 millions de dollars de recettes. Le film est également présenté dans une cinquantaine de festivals à travers le monde et remporte une vingtaine de récompenses, dont de nombreux prix du public.
Une comédie réjouissante et déroutante
Ne coupez pas ! pourrait être le croisement de Shaun of the Dead, Le Projet Blair Witch et La Nuit américaine (!). Construit en trois temps, le film débute par un plan séquence de 37 minutes de film de zombies, avant de déboucher sur deux parties dont on vous réserve la surprise. Ne vous fiez pas aux apparences : s'il s'agit d'un film fauché, il n'a pourtant rien de Z.
Derrière des acteurs au jeu faussement outré et en roue libre et des allures de found footage amusant mais dont on pense deviner les ressorts, voici une oeuvre ambitieuse qui transcende son budget et s'impose comme une leçon de mise en scène et d'écriture. Jouant avec les mises en abyme, Ne coupez pas ! est qui plus est une véritable déclaration d'amour au cinéma et à ses artisans, comme en témoigne sa dernière partie où l'équipe se démène pour achever coûte que coûte le tournage. Totalement imprévisible, le film s'enrichit à chaque visionnage et repose sur un rapport de confiance avec son spectateur qui voit ses attentes sans cesse bousculer.
Même Edgar Wright est tombé sous le charme :
Toujours agréable de voir une comédie d'horreur faire quelque chose d'un peu différent et j'ai été ravi de découvrir à la moitié de Ne coupez pas ! qu'il s'agissait d'un mélange entre un film de zombies et la pièce de théâtre Noises Off de Michael Frayn. Très drôle et très doux. Il mérite son succès monstre. Regardez-le !
La bande-annonce de Ne coupez pas ! :