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    Jeunesse sauvage : "Qu’elle soit violente ou émotionnelle, la jeunesse est sauvage"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Sortie ce mercredi du premier long métrage de Frédéric Carpentier, "Jeunesse sauvage", avec les jeunes comédiens Pablo Cobo et Darren Muselet. Rencontre.

    Fratel Films

    L'histoire : Raphaël, le chef d’une bande de jeunes voleurs de rues, voit son autorité menacée par Kevin, son fidèle lieutenant. Pour garder le pouvoir, il doit affronter la trahison et un univers de plus en plus violent, où les armes remplacent les poings. 

    AlloCiné : Quel a été le point de départ du projet ?

    Frédéric Carpentier, réalisateur de Jeunesse sauvage : J’ai fait beaucoup d’ateliers dans les quartiers. On arrive avec une caméra et on propose aux jeunes d’écrire un scénario. Ils le tournent et ils le jouent. Cela amène à faire un travail avec eux, tout en gardant la bonne distance, car c’est leur film. Cela les a amené à se livrer et j’ai découvert qu’il y avait tout un monde. C’était souvent des jeunes qui avaient un passé de délinquance, et dans l’échange, ils me faisaient connaître leur mode de vie.

    Je me suis lancé dans un casting sauvage, parce que je voulais absolument rendre que ce que j’ai reçu, pour permettre à d’autres jeunes de s’en sortir, de leur donner une 2ème chance. Le cinéma est un art fantastique parce qu’il créé un séisme dans la vie des gens. Il faut bien sûr faire attention à ce qu’on fait mais pour la plupart, ça a marché. Certains ont changé de vie, certains sont devenus acteurs, de passer le permis et faire autre chose, de s’aventurer dans le monde, de prendre leur vie en main.

    Pourquoi ce titre, Jeunesse sauvage ?

    Frédéric Carpentier : Au départ, je voulais l’appeler Vie sauvage, mais quelqu’un m’a doublé ! Il a bien fallu trouver un autre titre. Jeunesse sauvage s’est imposé car cette jeunesse, elle est brute. Dans sa manifestation, qu’elle soit violente ou émotionnelle, elle est sauvage ! Je voulais vraiment appuyer cette idée, parce que c’est presque un leitmotiv. J’avais envie de marteler ça.

    Les jeunes qui sont dans le film ont entre 16 et 20 ans, et c’est vrai qu’à cet âge là on est très spontané. On ne se pose pas trop de questions. On vit ! Et c’est cette énergie que j’avais envie de capter. Montrer l’énergie dense de cette jeunesse. Ne pas avoir un regard négatif dessus. De monter que c’est une vraie chance de pouvoir démarrer sa vie comme ça. Je tenais beaucoup à le montrer, le restituer. Donc c’est pour ça qu’on a un casting vraiment minutieux, que Pablo a travaillé autant pour pouvoir être le chef de bande, qu’on a choisi des jeunes qui apportaient vraiment des énergies et des couleurs. 

    Est-ce que c’est ta toute première expérience de cinéma ? 

    Pablo Cobo, comédien : Non, ce n’est pas ma première expérience. J’ai été sur deux projets avant, mais avec des responsabilités bien moindres. C’est la première fois que l’on me demande faire une réelle proposition. Ce qui est assez spécifique avec ce projet, c’est que Frédéric Carpentier, le réalisateur quand il m’a dit qu’il voulait que ça soit moi le rôle, il m’a tout de suite bien fait comprendre que ma place allait être réellement centrale dans le film, mais surtout dans le travail en amont. On allait devoir travailler comme un duo. Donc ça c’est ma première et je croise les doigts pour que ça ne soit pas la dernière fois.

    Frédéric Carpentier : C’était un défi. Pablo est venu avec les qualités que je recherchais. C’est un acteur qui a une présence très féline et qui a un réel potentiel. Il avait les moyens de pouvoir extraire en lui des émotions. C’était un travail qu’il fallait qu’on fasse ensemble. En plus, il n’avait pas le gabarit du personnage, donc il fallait que physiquement il s’impose aussi. Il y avait un travail énorme de préparation pour le personnage et pour le jeu d’acteur.

    C’était un rôle très difficile. J’en avais conscience et je lui avais dit dès le départ. Pour ça, on a eu la chance d’avoir du temps, et ce temps on l’a mis à profit. Il s’est avéré qu’on a eu un an. On a travaillé intensivement pendant un an. On travaillait mais on se voyait aussi pour parler d’autre chose, car c’était important aussi de nourrir le personnage et le film d’autres choses.

    Comme le disait Pablo, de créer ce duo entre metteur en scène et acteur principal, pour qu’il y ait un pilier central du film que cette relation artistique vienne créer la force du film. On a réussi à le bâtir mais ça n’a pas été du jour au lendemain. Non seulement il a appris beaucoup de jeu sur les émotions par exemple, pour pouvoir exprimer autant d’émotions. Mais aussi physiquement, il a fait de la musculation pendant un an ; il a pris 8 kilos de masse musculaire, il a corrigé sa scoliose… C’était vraiment une performance d’acteur. Je suis très heureux du résultat.

    Pablo, est-ce que tu as regardé des films ou t’es inspiré d’acteurs ?

    Pablo Cobo : Non, pas vraiment. J’ai plus été inspiré par des gens autour de moi, par exemple des amis à moi qui ont arrêté l’école très tôt, et se sont donné comme discipline de beaucoup travailler. Cette volonté m’inspire énormément. Avoir envie, d’y aller, ne pas compter ses heures, accomplir des choses et pouvoir en être fier.

    Frédéric Carpentier : Il a appris comment intérioriser son jeu d’acteur. Je pense que les bons et grands acteurs trouvent en eux-mêmes cette force, cette énergie du personnage mais il faut être capable d’établir cette connexion avec soi-même. 

    Jeunesse sauvage
    Jeunesse sauvage
    Sortie : 22 juin 2020 | 1h 20min
    De Frédéric Carpentier
    Avec Pablo Cobo, Darren Muselet, Léone François
    Presse
    2,7
    Spectateurs
    2,9
    louer ou acheter

    Propos recueillis au Festival du film international de Saint Jean-de-Luz 2019

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