De quoi parle la saison 2 ?
Pour tenter d'échapper à Candace et aux fantômes de son passé, Joe Goldberg quitte New York et part s'installer à Los Angeles, une ville qui représente pourtant tout ce qu'il déteste. Et c'est sous une nouvelle identité - Will Bettelheim - qu'il fait la rencontre de Love, une jeune femme qui ne va pas tarder à devenir le nouvel objet de son obsession amoureuse. Mais alors que le passé n'est jamais bien loin et que ses tendances psychopathes ne demandent qu'à se réveiller, Joe peut-il vraiment prétendre à un nouveau départ avec Love ?
Disponible le 26 décembre sur Netflix. 10 épisodes vus sur 10.
À quoi ça ressemble ?
Qui reste ? Qui part ? Qui rejoint la série ?
Suite des aventures de Joe Goldberg oblige, Penn Badgley rempile évidemment dans la peau du plus sexy des libraires psychopathes. Il est cependant le seul comédien régulier (ou "principal") de la première saison de You à être encore présent au casting puisqu'Elizabeth Lail (Beck), Shay Mitchell (Peach), Zach Cherry (Ethan), et Luca Padovan (Paco) sont désormais aux abonnés absents. Mais que les fans qui désespèrent de voir des visages familiers se rassurent : quelques surprises sont au rendez-vous. Et Candace, l'ex de Joe revenue d'entre les morts à la toute fin de la saison 1, prend beaucoup plus d'importance au cours de cette deuxième salve d'épisodes, toujours sous les traits de la comédienne Ambyr Childers.
À nouveau constituée de 10 épisodes, la saison 2 de You, toujours supervisée par Sera Gamble (The Magicians), introduit évidemment un grand nombre de nouveaux personnages, à commencer par Love Quinn, interprétée par Victoria Pedretti (The Haunting of Hill House), qui fait office de nouvelle héroïne de la série aux côtés de Joe. Et c'est autour de ces deux figures principales que gravitent notamment Forty (James Scully), le frère de Love, Delilah (Carmela Zumbado), une journaliste qui gère l'intendance de l'immeuble dans lequel s'installe Joe, Ellie (Jenna Ortega), la soeur adolescente de Delilah, ou encore Robin Lord Taylor (Gotham) dans un rôle dont on ne peut rien dire pour ne pas gâcher l'intrigue. Autant de personnages dont les destinées vont toutes, à un moment ou un autre, entrer en collision de manière étonnante avec les projets de Joe.
Cette deuxième saison est-elle à la hauteur de la première ?
"On prend le même et on recommence" pourrait être, à première vue, le sous-titre de cette deuxième saison de You, puisqu'après avoir fait de Beck l'objet de son obsession malsaine, Joe ne peut s'empêcher de reproduire le même schéma de harcèlement avec Love, une talentueuse chef cuisinière/pâtissière dont il fait la rencontre en se faisant engager comme vendeur du rayon librairie du magasin Anavrin ("Nirvana" épelé à l'envers, oui oui). Ajoutez à cela une jeune voisine que Joe tente d'aider et de protéger, ou encore le retour de la fameuse "cage en verre", qui a réussi comme par magie à passer d'une côte à l'autre des Etats-Unis pour atterrir dans un garde-meuble de Los Angeles, et l'on pourrait se dire que cette saison 2 a tout de la redite sans originalité ni saveur. Mais ce serait mal connaître la showrunneuse Sera Gamble, qui en adaptant Hidden Bodies, la suite en roman de You toujours signée Caroline Kepnes, apporte encore plus de profondeur, de surprise, et de fun aux aventures du plus complexe des stalkers que la télévision ait connue.
Si la première saison s'efforçait de déconstruire le trope cher aux comédies romantiques du chevalier servant (à travers le personnage de Joe), la série, moins problématique dans son approche des thématiques du harcèlement, du trauma, ou des violences faites aux femmes, que dans sa réception par une partie du public, n'était visiblement pas toujours parvenue à faire passer son message. À savoir que Joe n'a rien d'un mec bien, quoi qu'il en pense. Des fans sur les réseaux sociaux s'étaient en effet empressés de demander à Penn Badgley de les "kidnapper" et semblent donc avoir forcé les scénaristes à forcer le trait pour qu'il n'y ait plus de confusion possible.
Alors oui, Joe vit toujours dans une forme de déni, ou de folie, qui le pousse à penser qu'il a lui aussi droit à l'amour et qu'il peut changer au contact de Love, effaçant ainsi tout ce qu'il a pu commettre par le passé et la mort "accidentelle" de Beck qu'il a camouflé pour faire accuser le docteur Nicky. Mais plus les cadavres s'amoncellent sur son passage - et oui, cela continue en saison 2 - plus les téléspectateurs sont eux, au moins, obligés de comprendre que Joe est un psychopathe que rien ni personne ne pourra repentir. Love Quinn, plus qu'un personnage, devient alors un symbole de ce à quoi Joe aspire (il pense qu'elle représente l'amour vrai et que toutes les autres n'étaient que des passades) et voir cet antihéros, plus "anti" que "héros", se convaincre que Candace est folle et qu'il n'a rien du psychopathe qu'elle l'accuse d'être devient de plus en plus jouissif au fil de la saison.
Malgré un démarrage un peu lent qui pourrait avoir tendance à décourager, ces nouveaux épisodes de You sont en réalité plus consistants que les précédents. Tout comme leur personnage principal en somme. Revitalisée par son nouveau cadre et ses nouveaux enjeux, la série se permet davantage de choses, et lorgne notamment beaucoup plus du côté de l'humour et du second degré. Que ce soit à travers une satire bien sentie de la vacuité et du nombrilisme de Los Angeles (une ville que Joe déteste mais qui va finir par l'adopter), les nombreuses erreurs commises par Joe, ou encore divers clins d'oeil à la saison 1, comme le fait que le frère de Love, aspirant réalisateur star, cherche à adapter le roman de Beck en long métrage... avec l'aide de Joe !
Mais surtout, cette saison 2 nous offre des personnages beaucoup moins unidimensionnels. À l'image de Love, moins agaçante et pleurnicharde que Beck, qui allie un côté solaire assez magnétique, une vraie force de caractère, et un passé riche en blessures et en secrets, qui en fait un bien meilleur "adversaire" pour Joe. Les autres nouveaux venus ne sont pas en reste (on retient surtout les prestations de Jenna Ortega, impeccable en ado on ne peut plus actuelle, et de Chris D'Elia en comédien trouble) et avec cette galerie de personnages qui agissent souvent comme des révélateurs sur Joe, You parvient à s'intéresser de manière plus profonde et frontale au psychisme de son héros, à son passé (dévoilé peu à peu en flashbacks), et à sa propre condition de vilain, alors qu'il est confronté à ce qu'il a fait endurer à Candace et à l'agression sexuelle dont a été victime une autre femme de son entourage. Et c'est peut-être dans cette opposition harceleur/survivantes, et dans ce que cela renvoie à Joe et de Joe, que la saison 2 de You est la plus réussie et la plus pertinente.
Plus surprenante, plus extrême, et parfois aussi plus sanglante (résultat certainement du passage de la chaîne Lifetime à Netflix aux États-Unis entre la première et la deuxième saison), cette deuxième salve d'épisodes s'impose comme un divertissement tout ce qu'il y a de plus haletant et bingeable. D'autant plus que l'arrivée de Candace à Los Angeles relance l'intrigue dans une nouvelle direction là encore assez jouissive, qui voit Joe se retrouver pour la première fois en position de proie. Qui tente par tous les moyens de limiter les manoeuvres de son ex afin d'éviter que le vernis de ses (nombreux) mensonges ne craque. Et alors que la saison 1 se dirigeait vers une issue assez attendue, les deux derniers épisodes de cette saison 2 rebattent totalement les cartes et nous offrent le plus gros twist de la série. Qui prend tout le monde, Joe y compris, par surprise, et promet pour la suite. Une suite qui devrait certainement voir le jour puisqu'un ultime rebondissement se produit durant les toutes dernières secondes du final - un événement qui devrait vous faire hurler - et ouvre vers une possible saison 3 qu'on espère, une fois encore, imprévisible et un peu barrée.