Si il existe encore des sériephiles passés à côté de BoJack Horseman, il n'est pas trop tard pour se mettre à cette série Netflix déjà culte. Rejoignant rapidement le panthéon des séries animées déjantées et politiquement incorrectes, - Les Simpson, South Park, Rick & Morty pour ne citer qu'elles -, le show de Raphael Bob-Waksberg a su conquérir un public averti grâce à des ingrédients savoureux.
BOJACK, LE LOSER MAGNIFIQUE
La série tourne autour de BoJack Horseman, ancienne star de sitcom des années 90. Névrosé, dépressif, alcoolique, drogué, égocentrique, le cheval anthropomorphique tente de faire son grand retour à Hollywoo, malgré toutes ses tares, avec l'aide de ses "amis" : Todd Chavez, Princess Carolyn, Diane Nguyen et Mr. Peanutbutter. À la manière d'un Hank Moody (Californication), BoJack est un véritable anti-héros aussi détestable que touchant, au comportement problèmatique avec les personnes qui l'entourent et qui se fout royalement des conséquences de ses actes.
Malgré tout, ses rencontres, ses déboires et ses déconvenues vont l'amener à se remettre en question et à tenter tant bien que mal d'évoluer. Malheureusement pour lui, son passé le rattrape toujours entre une ancienne co-star en danger, une demi-sœur cachée, des parents abusifs ou une relation problématique avortée. Ces problèmes bien ancrés dans le réel montrent à quel point BoJack Horseman est une dramédie pour adultes qui tire autant vers le comique burlesque que le drame tragique.
Si la série dresse le portrait d'un être auto-destructeur qui provoque à la fois le rire et le malaise, et ce bien malgré lui, elle égratigne aussi le célèbre concept d'American Dream en utilisant le meilleur terrain de jeu : celui du show business. Le showrunner Raphael Bob-Waksberg s'est inspiré de sa propre expérience pour créer le personnage du mégalo BoJack et son univers loufoque, coloré et cynique.
BoJack Horseman ou l'échec de l'American DreamTOUT EST POSSIBLE À HOLLYWOO
BoJack et son entourage tentent de percer dans leurs milieux respectifs à Hollywoo et même s'ils ont bien du mal à être heureux, Los Angeles et ses collines sont bien leur seul point de chute pour espérer réussir. Raphael Bob-Waksberg et ses équipes réussissent avec brio à décortiquer ce monde à travers des thématiques modernes et importantes. En bonus, les clins d’œil à la pop culture sont omniprésents dans la série, qu'ils soient incrustés dans les décors en arrière-plan ou distillés dans les dialogues.
Du côté de l'incarnation, BoJack Horseman bénéficie d'un casting vocal solide qui fait preuve d'une auto-dérision rafraîchissante. Parmi les personnages principaux, on retrouve Will Arnett (BoJack), Aaron Paul (Todd), Paul F. Tompkins (Mr. Peanutbutter), Amy Sedaris (Princess Carolyn) et Alison Brie (Diane). Avec le succès public et critique, de nombreuses stars sont apparues en guests pour prêter leurs voix, telles que Daniel Radcliffe, Lisa Kudrow, Paul McCartney, John Krasinski, Liev Schreiber, Naomi Watts, Jessica Biel, et bien d'autres.
En plus d'une écriture soignée et de dialogues qui font mouche, BoJack Horseman est désignée par la dessinatrice et directrice artistique Lisa Hanawalt. Cette dernière offre une esthétique léchée et une ambiance visuelle singulière grâce à l'utilisation d'aquarelle. Cette animation détaillée et colorée fait désormais partie des signes distinctifs de la série. Cet univers riche est en plus extrêment addictif grâce à l'esprit quasi soapesque de la vie de BoJack.
Enfin, les scénaristes de cette comédie satirique excellent aussi dans l'écriture de moments dramatiques puissants. En témoignent notamment les bottle episodes,- des épisodes à part avec un décor et un casting réduits, souvent constitués d'un monologue ou petit dialogue et basés sur un fort élément dramatique -, de BoJack Horseman, souvent listés dans les meilleurs épisodes de séries télévisées. On retiendra "Comme un poisson hors de l'eau" (saison 3, épisode 4), un épisode totalement muet et "Le churro gratuit" (saison 5, épisode 6), un monologue d'une vingtaine de minutes en huis clos.
Le générique de BoJack Horseman :