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    BoJack Horseman ou l'échec de l'American Dream
    Caroline Langlois
    Caroline Langlois
    -Responsable vidéos
    Caroline Langlois a eu un parcours classique. Les Visiteurs le dimanche soir en famille, la cassette de Titanic en boucle le week-end. Jarmusch et Hitchcock en sortie scolaire. La première galoche devant Spider-Man 2. Et puis les nuits blanches avec Lost, les répliques culte de Friends...

    Aujourd'hui BoJack Horseman est de retour sur Netflix pour une saison 5 inédite dans laquelle il semble toujours en quête du bonheur. L'occasion de faire le point sur le traitement de l'American Dream dans la série animée.

    A l'origine de BoJack Horseman, Raphael Bob-Waksberg, jeune auteur fraîchement débarqué de New York en quête de succès à Los Angeles. Alors qu'il contemple la ville des anges depuis une villa de luxe sur l'une des collines qui l'entourent, il réalise qu'il se sent à la fois au sommet du monde et terriblement seul. Il ne lui en faudra pas plus pour s'inventer un personnage à qui tout peut réussir mais éternellement malheureux.

    D'après lui, s'il y a bien un milieu qui est représentatif de cette idée, c'est celui du show business. Et en particulier Hollywood, symbole ultime de l'illusoire American Dream, où viennent s'échouer bon nombre de rêves de succès, de gloire et de richesse. Et où, pour ceux à qui la réussite sourit, l'insatisfaction et l'incapacité d'être heureux trouvent quand même leur chemin.

    Vivre - ou du moins tenter - l'American Dream c'est par principe s'extirper de son environnement géographique et familial pour s'envoler vers des contrées contées comme des terres de tous les possibles. Chaque personnage du show a vécu et voulu cet exil : BoJack a grandi à San Francisco auprès de parents indifférents ; Diane vient de Boston où elle a partagé son enfance entre ses quatre frères débiles, un père sadique et une mère odieuse ; Princess Carolyn vivait dans une famille italienne pour laquelle sa mère - aux tendances alcooliques irresponsables - était servante.

    Netflix

    Tous sont victimes de la société, de ses illusions et même de son propre succès. Et, bien entendu, le héros en est le parfait exemple : c'est un acteur tentant vainement de trouver le bonheur dans la célébrité, la fête et les filles, et noyant son inaptitude à l'atteindre dans l'alcool. L'ambitieuse Princess Carolyn se heurte à la compétition qui régit au sein de la communauté des agents d'acteurs. Son travail, c'est sa drogue. Et c'est même son excuse pour ne pas se laisser le temps de s'offrir ce dont elle rêve réellement : fonder une famille. Diane quant à elle se voyait grand auteur défendant la cause féministe et se retrouve à écrire le portrait d'un has been arrogant.

    Le personnage de Todd n'a pas le même parcours. Si on ne sait pas vraiment d'où il vient, une chose est sûre : il ne semble pas savoir où il va. Empli de bonnes intentions, débordant d'idées-concept qui le poussent à s'embarquer dans des entreprises farfelues - il a ouvert son propre Disneyland - il peine à trouver un équilibre dans sa vie professionnelle, certainement face à un Los Angeles lissé qui rejette ses idées, et ne décollera jamais du canapé de BoJack où il crèche depuis la saison 1. Quant à Mr. Peanutbutter, celui-ci est servi par la chance puisqu'il n'a jamais demandé ce qu'il obtient. Il faut bien qu'il y en ait un à qui tout réussi !

    Comme toute bonne satire animée qui se respecte, BoJack Horseman est avant tout une comédie. Sauf qu'à l'inverse des Simpson et autres South Park, quand BoJack révèle son côté dramatique, il n'y va pas de main morte et verse dans un tragique où l'humour ne peut plus rien. Les conséquences de l'insatisfaction liée à l'American Dream (la depression, l'overdose, le suicide...) sont donc ici abordées de façon crue et brutale. Un traitement plutôt contradictoire avec l'état d'esprit de Raphael Bob-Waksberg qui déborde d'énergie et de joie, un peu façon Mr. Peanutbutter, et qui, surtout, au vu du succès de la série, semble bien vivre son American Dream.

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