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    La Quatrième Dimension sur Canal+ : les 3 épisodes immanquables du reboot
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Vous n'êtes pas plus emballés que cela par le reboot de "La Quatrième Dimension" ? Pas assez curieux ? En manque de temps ? Voici les trois épisodes qu'il ne faut pas rater... et qui pourraient vous motiver à voir la suite.

    CBS All Access

    "Vous voyagez dans une autre dimension, pas seulement une dimension de vision et de son, mais aussi d'esprit..." : depuis le 10 octobre, vous pouvez entendre l'intégralité de ce monologue culte sur Canal+, qui diffuse le reboot de La Quatrième Dimension en France. Produite et présentée par Jordan Peele, cette nouvelle mouture, la quatrième de la série crée par Rod Serling en 1959, n'est pas totalement convaincante. La faute à des épisodes trop longs (45 minutes en moyenne contre 25 dans les premières saisons de l'originale) qui atténuent l'ambiance recherchée et rendent les chutes trop prévisibles, et à une écriture trop scolaire, où les sujets de société cachés derrière le fantastique paraissent trop surlignés.

    Le milieu du divertissement, le terrorisme, le racisme et les violences policières, la Guerre Froide, la politique, la fin du monde, #MeToo, le port d'armes aux États-Unis... Comme son modèle, la forme sert avant tout à parler de l'époque à laquelle le show a été produit, mais la sauce a plus de mal à prendre en 2019 qu'en 1959. Surtout à une époque où les séries et plateformes de diffusion se multiplient, et où certains de ses héritiers (Black Mirror en tête) ont pris possession d'un créneau anthologique laissé vacant. Cette Quatrième Dimension nouvelle mérite cependant le coup-d'oeil, que l'on soit fan ou non de l'originale. Et si le temps ou la curiosité venaient à manquer, voici les trois épisodes à ne pas rater... et qui pourraient vous donner envie d'en voir plus.

    CAUCHEMAR À 30 000 PIEDS (S01E02)

    Le plus mythique - "Justin Sanderson, un journaliste souffrant de stress post-traumatique après une expérience horrible au Yémen, accepte de réaliser un reportage à Tel-Aviv, contre l'avis de son épouse. Installé dans l'avion qui l'amène en Israël, il découvre dans la poche de son siège un lecteur MP3 qui contient un podcast..."

    CBS All Access

    Les connaisseurs auront une impression de déjà-vu. À juste titre. Car il s'agit du remake de l'un des plus célèbres épisodes de la série originale : le troisième de la saison 5 ("Cauchermar à 20 000 pieds", réalisé par Richard Donner et emmené par William Shatner), dont George Miller s'était emparé avec John Lithgow dans son segment du film à sketches sorti en février 1984 dans nos salles. Deux versions centrées sur un personnage (un homme qui se remet d'une dépression nerveuse et un écrivain qui a peur de l'avion) terrorisé par la créature qui se trouve sur l'aile de l'appareil et qu'il semble être le seul à voir, alors que la menace d'un accident se fait de plus en plus précise.

    Dans l'épisode de 2019, tout tourne autour d'un journaliste (Adam Scott) atteint de stress post-traumatique et que l'écoute d'un podcast va mettre en panique lorsqu'il réalise que c'est peut-être le sort funeste de son vol qui lui est révélé en avant-première. Si l'on aperçoit quelques petits clins-d'oeil à celles qui l'ont précédé, cette version joue encore plus la carte de la paranoïa et inscrit ce reboot dans l'après-11-Septembre. De façon un peu trop insistante, certes, et trop longue pour que le dénouement ne soit vraiment surprenant. Mais ce "Cauchemar..." a le mérite de ne reposer que sur sa narration, sa mise en scène et son interprétation au lieu de miser sur des effets, et se révèle efficace pour le néophytes, et intéressant pour les fans, en tant qu'exercice de style.

    UN VOYAGEUR (S01E04)

    Le plus parano - "Alaska, le 24 décembre. Yuka Mongoyak, une jeune sergent, arrête son frère dans l'unique but de permettre à son supérieur, le capitaine Pendleton, de lui accorder son pardon, comme le veut la tradition. A leur arrivée devant le commissariat, le frère et la soeur aperçoivent une étrange lueur dans le ciel..."

    CBS All Access

    Intégrer le folklore dans son histoire, La Quatrième Dimension l'a toujours fait et le reboot ne déroge pas à la règle en mêlant la magie de Noël à l'ambiguïté qui règne autour du mystérieux homme qui se fait appeler Un Voyageur, apparu soudainement dans la cellule d'un commissariat en Alaska, le soir du 24 décembre. Qui est-il ? D'où vient-il ? Que veut-il ? Les questions ne cesseront de se poser jusqu'au dénouement, l'un des moins évidents de cette nouvelle version, qui parvient à nous faire douter jusqu'aux derniers instants, malgré les vagues certitudes que nous pensons avoir à mi-parcours.

    Élégament mis en scène par Ana Lily Amirpour (A Girl Walks Home Alone at Night), "Un voyageur" repose en grande partie sur la prestation de Steven Yeun (ex-Glenn de The Walking Dead), qui s'appuie sur son visage sympathique et la séduction suave dont il faisait preuve dans Burning pour nous laisser autant dans le flou que les autres personnages du récit, à commencer par le Capitaine Pendleton incarné par Greg Kinnear. Et, surtout, l'épisode permet à la série de renouer avec l'un des thèmes majeurs de son modèle : la peur de l'envahisseur liée à la Guerre Froide, qui a ressurgi d'une autre manière depuis quelques années. Comme quoi La Quatrième Dimension peut encore être d'actualité.

    L'HOMME FLOUTÉ (S01E10)

    Le plus méta - "Adam Wegman, un écrivain qui affronte la page blanche, a tout à coup une idée qu'il juge géniale : débuter son roman par une explosion nucléaire. A ce moment, sa compagne rentre à la maison. Loin de partager son enthousiasme, elle se dirige vers la fenêtre et ouvre les rideaux sur un paysage de ruines..."

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    La plus grande réussite, et de loin, de cette première saison. Car il s'agit autant d'un épisode de La Quatrième Dimension qu'un épisode SUR La Quatrième Dimension, ce qui transparaît davantage dans le second synopsis : "Sophie Gelson, scénariste pour The Twilight Zone, est hantée par une mystérieuse silhouette." Un postulat de départ qui permet à ce reboot, via le personnage incarné par Zazie Beetz, d'interroger le poids de l'héritage qu'il a entre ses mains, et même de faire son auto-critique lorsqu'il est demandé à l'héroïne de simplifier son écriture ou quand Jordan Peele interrompt son monologue en disant "On peut faire mieux (...) Je trouve que la narration, c'est pas encore ça." Un constat que nous avons fait, plus d'une fois, devant les histoire précédentes.

    Entre les messages un peu trop évidents et les monologues parfois sentencieux, cette première saison de The Twilight Zone a donné le sentiment d'être comme Sophie : trop scolaire et précautionneuse vis-à-vis du bébé de Rod Serling, dont l'ombre plane jusque sur le sticker que l'on aperçoit sur l'ordinateur de la scénariste. Très respectueux de son modèle, que ce soit dans sa fin en noir et blanc, la présence d'un extrait de l'une ses épisodes les plus célèbres ("Question de temps", le huitième de la saison 1) ou un aspect du dénouement que nous ne révélerons pas, "L'Homme flouté" semble marquer l'émancipation du reboot, tout en révélant la présence d'un easter egg qui lie toutes les histoire entre elles, et pourrait vous donner envie de tout (re)voir.

    Entre hommage, mea culpa et affranchissement du passé, cet épisode porte définitivement la patte de Jordan Peele (ses films comme ses sketches avec Keegan-Michael Key) dans son concept méta. Et les dernières phrases de son monologue de fin laissent augurer un avenir beaucoup plus audacieux pour la série : "N'ayons pas peur du mystère supérieur qui nous est vital, qui dépasse toute imagination, mais célébrons-le. Soyons ouverts à l'inconnu. Cela ne marque pas la fin de l'histoire, mais un nouveau commencement... pour la Quatrième Dimension." L'argument pourra paraître léger auprès de ceux qui n'ont pas plus accroché que cela au reboot, mais il se pourrait bien que The Twilight Zone prenne pour de bon la mesure de son potentiel avec sa saison 2, prévue pour 2020.

    La diffusion de "The Twilight Zone" se poursuit jusqu'au 7 novembre sur Canal+, mais tous les épisodes sont déjà disponibles sur MyCanal. En couleurs mais également en noir et blanc, pour rester dans l'ambiance de la série originale, dont la saison 1 est aussi visible sur la plateforme.

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