Francis Ford Coppola, une évidence
Pour son dixième anniversaire, le festival Lumière met à l’honneur le cinéaste américain Francis Ford Coppola, qui succède donc à sa compatriote Jane Fonda. "Une évidence" reconnaît Maelle Arnaud, directrice de la programmation de l’Institut Lumière, qui nous avoue qu’il y a déjà plusieurs années que le réalisateur avait été contacté pour recevoir le Prix Lumière, mais n’avait jusqu’ici pu se rendre disponible pour des raisons d’agenda. "Enfin" présent à Lyon pour y être célébré comme il se doit, Francis Ford Coppola ne viendra d’ailleurs pas les mains vides, puisqu’il y présentera le montage définitif de son chef d’oeuvre Apocalypse Now, ainsi que des versions restaurées inédites en première mondiale de Dementia 13 ou Les Gens de la pluie, ou pour la première fois montrées en France: Conversation secrète, Outsiders, Rusty James, Dracula.
Cette année plus que jamais, le festival Lumière accueille des invités de marque, dont chacun aurait d’ailleurs pu prétendre à l’attribution du Prix Lumière : la comédienne Frances McDormand – lauréate de deux Oscars – mais aussi des talents internationaux comme l’italien Marco Bellocchio, le mexicain Gael García Bernal ou encore l’actrice d’origine russe Marina Vlady. Un éclectisme qui appuie la volonté du festival de représenter le cinéma sous toutes ses formes, en accueillant des invités venus des quatre coins du monde, mais aussi en célébrant tout aussi bien le cinéma d’auteur que des personnalités plus populaires comme Alain Chabat, présent cette année à Lyon pour assister à une séance exceptionnelle de son film Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre.
"Nous ne voulons pas que le cinéma de patrimoine soit réservé à un public d’happy few, et d’ailleurs nous constatons que les Lyonnais accordent une grande confiance à notre programmation, en allant justement à la découverte de films qu’ils ne connaissent pas" se félicite Maelle Arnaud pour qui la force du festival Lumière réside justement sur sa volonté de célébrer tous les cinémas, sans aucun jugement sur la valeur des films proposés.
Le cinéma coréen à l’honneur
Autre invité de marque de cette édition 2019, le cinéaste Bong Joon-ho, vainqueur en mai dernier de la Palme d’Or pour son électro-choc social Parasite. Si la venue du sud-coréen sera l’occasion pour lui de remercier le public français pour l’accueil triomphal réservé à son film (plus de 1,5 million d’entrées en salles !), Maelle Arnaud précise toutefois que ce dernier a été invité par Thierry Fremaux avant même l’annonce du palmarès cannois. "Il y a deux ans, nous avions reçu Park Chan-wook, il nous paraissait logique d’inviter cette année son compatriote Bong Joon-ho, qui a grandement contribué au succès ces deux dernières décennies des films sud-coréens dans les salles françaises."
Dixième anniversaire oblige, le festival Lumière tirera également un bilan de son parcours exceptionnel avec les retours de deux anciens prix Lumière, Ken Loach et Martin Scorsese. "Un certain nombre de nos invités nous ont exprimé leur envie de revenir à Lyon après leur première venue. Nous attendions le bon moment pour accueillir ces deux réalisateurs et nous ne pourrions être plus heureux de les faire revenir accompagnés de leurs deux nouveaux films." Le cinéaste britannique présentera en effet son dernier long métrage en date Sorry We Missed You (au cinéma le 23 octobre prochain) tandis que son homologue américain dévoilera en avant-première son très attendu The Irishman, disponible dès le 27 novembre sur la plate-forme Netflix.
Lumière Classics
En comparaison avec d’autres festivals de cinéma, Lumière possède la double particularité de ne proposer aucune compétition mais aussi de placer le public au cœur de l’événement. Ainsi, les séances sont proposées sur l’ensemble de la métropole lyonnaise, avec des séances dans plusieurs villes limitrophes, comme Villeurbanne, Sainte-Foy-Lès-Lyon ou encore Vaulx-en-Velin. "Dès le lancement du festival, nous ne voulions pas centraliser l’événement : ainsi ce ne sont pas uniquement les spectateurs qui vont au festival, mais au contraire le festival qui se rend chez les spectateurs" souligne Maelle Arnaud.
Avec ses projections, ses conférences et ses rétrospectives, Lumière est donc avant tout un événement public. Mais en l’espace d’une décennie, le festival est également devenu un rendez-vous des professionnels de l’industrie cinématographique avec la tenue d’un marché du film permettant de présenter en avant-première des copies restaurées de classiques avant leur ressortie en salles. Un véritable succès puisque ce sont désormais plus de 200 films qui sont soumis chaque année aux organisateurs du festival Lumière, qui lance par ailleurs pour cette édition 2019 le label Lumière Classics, composé de deux sections distinctes consacrées aux films français et internationaux.
Pour Maelle Arnaud, le cinéma de patrimoine demeure d’ailleurs l’une des priorités du festival Lumière : "Auparavant, nous ne pouvions revoir certains films que dans les cinémathèques. De nos jours, avec les DVD, les plate-formes, le public a davantage accès au cinéma de patrimoine. C’est évidemment une excellente nouvelle, mais il convient néanmoins pour nous de veiller à ce que les œuvres restaurées ne perdent pas en qualité mais aussi d’assurer un accompagnement de ces films."
Le festival Lumière 2019 se tiendra des 12 au 20 octobre prochains dans la région lyonnaise.