Ce samedi 14 septembre, le Jury Révélation dont elle est la présidente remettra un seul prix. Le lauréat succèdera notamment à Detachment de Tony Kaye avec Adrien Brody, primé en 2011 et qu'elle nous confie avoir particulièrement aimé parmi la liste des longs métrages récompensés ici. En attendant de connaître le verdict, Anna Mouglalis évoque son amour pour le cinéma de Paul Thomas Anderson et le jeu de Nicole Kidman.
UN RÉALISATEUR FÉTICHE
Je suis très très prise par le cinéma de Paul Thomas Anderson. J'adore son cinéma et sa dimension purement cinématographique. On est à une époque où l'on cède beaucoup aux plans Steadycam, parce que tout est fait pour passer à la télé, mais quelques cinéastes continuent à faire du cinéma et du plan large. Il est tellement inspiré. There Will Be Blood c'était magistral. Même dans sa comédie, Punch-Drunk Love, c'est d'une maîtrise : chaque mouvement de caméra est un mouvement de pensée, même dans une comédie. Les castings sont toujours intéressants, on sent qu'il aime les acteurs.
Il nous a révélé Vicky Krieps, qui avait déjà tourné plein de films mais que l'on ne connaissait pas dans un rôle principal, et elle est extraordinaire dans Phantom Thread. Il arrive à filmer les moments où elle rougit, c'est magnifique. Et le film est une métaphore des rapports toxiques poussée à son comble. J'ai trouvé ça très très beau. Avec cette perfection, ce côté froid, associé au regard qu'il porte sur la mode, qui est très dure à filmer. Mais il n'y aucune caricature, j'ai trouvé ça fort. Et c'est vraiment du cinéma d'auteur. On le sent, lui, dans chaque plan de chaque film et je trouve ça très très puissant.
"Phantom Thread", le dernier film en date de Paul Thomas Anderson :
UNE ACTRICE
Ce que fait Meryl Streep est fou. J'adore Bette Davis. Mais il y a cette actrice certes australienne, qui a fait une grande carrière américaine : Nicole Kidman. Elle donne une telle dimension à ses rôles. Elle est impressionnante et il y a un tel engagement chez elle, notamment dans Big Little Lies ou le rôle qu'elle a dans la série de Jane Campion [Top of the Lake, ndlr], dont je vais voir les yeux fermés tout ce qu'elle fait et produit. Dans la carrière de Nicole Kidman j'ai particulièrement aimé sa façon d'interpréter la vie métaphorique de Diane Arbus dans Fur, que j'ai trouvé incroyable. Je l'ai aussi adorée dans Portrait de femme. Mais à chaque fois en fait. Dans tout ce qu'elle fait. Et puis c'est un féminin très singulier, avec sa pudeur, cette espèce de folie qu'elle arrive à maîtriser. Elle est vibrante.
Nicole Kidman était récemment dans la saison 2 de "Big Little Lies" :
