Plongée réaliste au sein d'un commissariat de la ville de Roubaix, Roubaix, une lumière marque la première incursion d'Arnaud Desplechin dans le polar. Avec ce film, le réalisateur a voulu concevoir un long métrage ancré dans le réel à partir d'un matériel brut : un fait divers datant de 2002, où un couple de jeunes filles toxicomanes ont tué une personne âgée, et le documentaire "Roubaix commissariat central, affaires courantes", où elles ont avoué ce crime. Cette immersion puissante, réalisée par Mosco Boucault et aussi centrée sur d'autres affaires, a été tournée en 2002, mais diffusée pour la première fois en 2008.
Arnaud Desplechin explique à quel point les images du documentaire l'ont hanté et donc poussé à en faire un film : "Comme le prologue du scénario l’indique : j’ai voulu ici ne rien offrir à l’imagination, ne rien inventer, mais retravailler des images vues à la télévision il y a 10 ans, et qui n’ont cessé de me hanter depuis. Pourquoi n’ai-je jamais pu oublier ces images ? C’est que d’habitude, je ne sais m’identifier qu’aux victimes. Je n’aime pas beaucoup les bourreaux. Et pour la première et unique fois de ma vie, chez deux criminelles, je découvrais deux soeurs."
Sans commentaire et jugement, "Roubaix commissariat central, affaires courantes" constitue un document exceptionnel sur le travail des policiers et la criminalité dans cette ville du nord de la France (où le taux de chômage est l'un des plus importants de l'Hexagone). De même que le film d'Arnaud Desplechin, Mosco Boucault n'a pas voulu montrer Roubaix sous un aspect trop misérabiliste : dans cette optique, les enquêteurs sont déterminés mais compatissants, et les accusés apparaissent de manière terriblement banale, voire humaine (même dans le cas des deux meurtrières).