Years and Years raconte sur 15 ans la vie des Lyons, une famille de Manchester, alors que la Grande-Bretagne se retire de l'Europe et qu'un nouveau monde émerge. Vivienne Rook, une célébrité rebelle devenue une femme politique majeure, divise l'opinion par ses prises de position controversées. Son arrivée au pouvoir va bouleverser le pays et bien au-delà. Une famille ordinaire peut-elle faire la différence ?
A découvrir tous les lundis soirs sur Canal + à partir du 2 septembre. Bande-annonce :
AlloCiné : Il y a quelques années, des rumeurs vous annonçaient comme nouvel incarnant du Doctor Who. Finalement, vous voyagez bien dans le temps, d'une certaine manière, toujours avec Russell T Davies mais dans Years and Years. Une belle revanche !
Russell Tovey : Oui, c'est vrai ! Je n'avais pas vu les choses comme ça mais vous avez raison. Je voyage à travers les années en compagnie de cette famille, celle de mon personnage, qui est au coeur de Years and Years car c'est un drame familial avant tout. C'est une série qui raconte comment une famille survit aux années, aux disputes, aux séparations, tout en puisant dans les événements politiques du pays et du monde entier même qui ont une répercussion directe sur qui ils sont et qui ils deviennent. C'est ce qui rend la série accessible malgré son propos qui l'est moins.
La vision de notre futur qui est proposée est assez terrifiante...
Elle l'est et on est vraiment dans la prédiction. Russell T Davies a imaginé ce qui pourrait vraiment se passer, avec le souci que cela reste toujours crédible. Ce n'est pas nécessairement ce qui pourrait arriver de pire. Il y a une réplique où l'un des personnages dit que notre génération a vécu dans une sorte de "pause" dans l'histoire, après la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à nos jours, où il s'est passé des choses terribles dans plein d'endroits du monde, mais pas directement chez nous, en Europe. Et que depuis quelques temps, les choses redeviennent plus difficiles. Il y a le terrorisme bien sûr, et Trump au pouvoir qui nous impacte, et plein de petites choses inquiétantes auxquelles il faut prêter attention même si elles nous effrayent. Il est parti de ça pour explorer ce qui allait se passer pour la prochaine génération.
Ce qui n'empêche pas cette famille de continuer à vivre, mais avec moins d'insouciance...
C'était important de montrer que malgré tout, on continue de rire, d'aimer, de faire l'amour, de créer des amitiés, de se bourrer la gueule; on continue de se lever tous les matins. Une forme de résilience.
On retrouve les thématiques qui sont chères à Russel T Davies, mais aussi cette écriture qui n'appartient qu'à lui...
On y retrouve l'âme et l'esprit de Russell. Mais aussi toute son imagination débordante, qu'il met au profit de ce futur. Avec des inventions assez dingues. Puis son humour bien sûr. La comédie et la tragédie, c'est ainsi qu'il voit la vie. Quand les personnages sont tristes, ils se moquent de leur propre tristesse. Ce qui permet de détendre l'atmosphère et ne pas toujours être dans une sorte de lourdeur qui ne lui ressemblerait pas.
Que pouvez-vous dire sur votre personnage, Daniel, qui est vraiment au coeur du premier épisode ?
C'est un mec plutôt cool, un mec bien, engagé, qui travaille auprès des migrants pour les aider à s'intégrer; il est le témoin de la xénophobie qui continue d'exister dans notre société. Il est aux premières loges. Il est gay, il est amoureux d'un homme mais il réalise que ce n'est peut-être pas la relation dont il a besoin pour s'épanouir pleinement. Il va faire une autre rencontre qui va changer sa vie. Il aime profondément sa famille. Au départ, c'est un anglais moyen, à la vie finalement assez rangée. Mais tout va bousculer...
Et qu'y a-t-il de queer dans la série, au-delà de votre personnage ?
Daniel est marié à un homme, puis tombe amoureux d'un autre, ça c'est une chose. Mais à travers eux, à travers ce couple, la série raconte ce que c'est que d'être un homme gay en 2019 et dans les années qui suivent. Sinon, il y a l'une des soeurs de Daniel qui est fluide. L'une de ses nièces qui est trans... enfin je ne veux pas trop vous en dire ! C'est une surprise... On croit savoir quelque chose et Russell vous prend par surprise ! Il adore ça. En tout cas, tout le monde dans le futur devient de moins en moins binaire, tout est plus fluide.
Après voilà, c'est l'homme qui a créé Queer As Folk ! La communauté LBGTQ+ lui doit beaucoup en terme de représentation. Cette série passait quand même en prime-time sur Channel 4 ! C'était vraiment osé. Et je pense que les futures générations le verront comme quelqu'un de très important, qui a participé à faire bouger les choses.
Vous aussi vous commencez à devenir une icône gay, de par les rôles que vous choisissez que ce soit dans Looking, Quantico, Arrow et maintenant Years and Years !
J'adore cette idée ! Je suis fier de qui je suis et je suis heureux de la carrière que j'ai eue jusqu'ici. J'ai joué plein de personnages LGBTQ dans plein de projets très différents et j'ai énormément de chance. Je joue des hétéros parfois, et ça me va très bien aussi. Ce qui m'importe toujours c'est que le rôle soit intéressant, homo, hétéro ou bisexuel, et surtout qu'il ne soit pas un cliché, pas un stéréotype. Il y a plein de plateformes aujourd'hui qui permettent plus de nuances et on a tout à y gagner. Jusqu'ici, tous les rôles de gays que j'ai joués étaient différents et c'est ce qui me rend le plus fier.
Quelles sont les séries anglaises du moment que vous recommandez ?
Ce n'est pas très original mais je suis dingue de Fleabag, la série de Phoebe Waller-Bridge, qui a un ton unique. Et aussi Killing Eve bien sûr, son autre série. J'adore aussi After Life de Ricky Gervais qui est disponible sur Netflix. Un peu de comédies intelligentes, ça fait du bien par les temps qui courent !
La bande-annonce de Years and Years, tous les lundis soirs sur Canal+ :
Propos recueillis en avril 2019 à Cannes lors du Festival CANNESERIES