Once upon a time... in Hollywood
Compétition Officielle
Le réalisateur réitère son amour du western et même plus largement du cinéma dans cette fresque située à un moment clé de l’Histoire du médium (les années 60). Outre son duo d’acteurs formidable, le film contient une réflexion sur la représentation de la violence, élément que l’on ne détaillera pas ici car il ruinerait l’élément de surprise de certaines scènes. Malgré ces bons éléments, le film sonne parfois comme un brouillon de scènes réunies autour d’une époque. En résulte un défaut de rythme et une perte de clarté quant au sujet réel du film. Tarantino veut-il nous parler d’une époque révolue du cinéma ? De la relation entre un acteur et son cascadeur ? Du parcours de Sharon Tate ? Un peu de tout cela, en fait. Tarantino est un boulimique de cinéma et Once Upon A Time in Hollywood s’en ressent. Il est riche, trop riche sans doute, véritable agrégat des influences multiples du cinéaste. Il n’est pas exclu que le montage du film, terminé à la dernière minute pour figurer en compétition officielle, ne soit changé d’ici à la sortie en salles le 3 juillet prochain. Corentin Palanchini (@Sartana87)
On adore chez Tarantino voir de grands acteurs cabotiner comme jamais, placer des répliques qui pourraient vite devenir des gimmicks ("oh boy" se pose déjà là !), découvrir de folles idées de mise en scène, et enfin une playlist idéale nous faisant souvent (re)découvrir des perles musicales. Ça tombe bien, il y a tout ça dans Once Upon A Time in Hollywood, et bien plus encore. On est évidemment charmé par ce duo iconique d'acteurs qui n'avaient pourtant étonnament jamais joué ensemble. On aime aussi le mélange de tons de ce film, qui a de quoi surprendre. Laissez-vous tenter ! La promesse d'un grand film est évidemment tenue. Brigitte Baronnet (@BBaronnet)
Comme Quentin Tarantino nous a demandé de ne pas spoiler, je pense que la meilleure manière de parler de son Once Upon A Time In... Hollywood, c’est peut-être de le résumer en quelques mots. Pas d'analyse, juste quelques mots. Alors, ce Once Upon A Time In... Hollywood tant attendu, il est parfois génial, parfois bancal, souvent drôle, nostalgique aussi, et même mélancolique. On aime ses hommages et ses images, on aime sa densité, mais aussi cette manière de vagabonder avec légèreté. C'est du bonheur, avec quelques longueurs. Bref, un mélange d'émotions qui ressemble furieusement, finalement, au cinoche de Quentin Tarantino. Clément Cuyer (@clemt77)
Un grand moment de cinéma, qui dès ses premiers plans nous captive comme lorsque gamin débutait le fameux "il était une fois". Chez Tarantino aujourd'hui, il y avait Brad Pitt et Leonardo DiCaprio réunissant enfin leur talent (et leur sexitude) dans un même plan. Il y avait du rire, de la violence, des errances, une vraie atmosphère, une histoire vraie mais pas que, des fulgurances, de l'action et beaucoup d'émotion. Emotion de cinéphile adolescent(e) devenu grand(e), émotion de spectateur avec qui le metteur en scène joue parfaitement. Il y a tout de même quelques moments dont on se passerait volontiers. Mais ça n'enlève rien au plaisir fou qu'on y a trouvé. Laetitia Ratane (@laetitia.ratane)
Share - réalisé par Pippa Bianco
Séance Spéciale
Share, comme partager. En l'occurrence une vidéo qui parvient à Mandy, 16 ans, après une soirée alcoolisée dont elle n'a aucun souvenir. Elle s'y découvre inconsciente, dénudée et entourée de plusieurs camarades de classe. La vidéo est courte, ne montre rien, mais suggère beaucoup. Entre doute, honte, isolement et quête de réponses, la jeune femme est dès lors 'confrontée à l’absence fantomatique d’un événement qui la hante', comme le résume parfaitement le site officiel du Festival de Cannes. Et doit faire face aux conséquences de ce post sur sa vie et celle de ses proches. Share comme partager un vécu, un trauma, une émotion inspirés de son expérience et de celles d'autres victimes. C'est la proposition de la réalisatrice Pippa Bianco, qui prolonge avec ce premier long métrage son court homonyme primé à la Cinéfondation en 2015, et aborde avec intelligence la question du viol et du harcèlement à l'ère sociale. Le propos est fort, le traitement subtil, la comédienne Rhianne Barreto impressionnante. Une Caméra d'Or pourrait s'ajouter samedi à ses trois prix déjà glanés à Sundance." Yoann Sardet (@SardetY)
La fameuse invasion des ours en Sicile
Un certain regard
Cette histoire nous est contée par un conteur-musicien et sa fille. Trouvant refuge pour la nuit dans une montagne, ils croisent un vieil ours et décident de lui raconter une épopée, celle de l’invasion de la Sicile par les ours. Le procédé est classique mais la truculence du père et sa complicité avec sa fille séduit immédiatement. Commence alors l’histoire qui donne son titre au film : Léonce est le chef d’une tribu de 10 000 ours, en Sicile. Alors qu’il pêche avec son petit, ce dernier lui échappe et est emporté par le courant. Après des semaines à broyer du noir, poussé par son peuple affamé voyant l’hibernation arriver, Léonce décide de partir chez les hommes en traversant la vallée qui les sépare, afin d’y trouver de la nourriture, et peut-être son fils. Après les batailles, le film -comme le conte avant lui- explore le règne du roi ours parmi les humains, avec une intrigue un peu plus attendue et moins inspirée formellement. Le film plaira toutefois au public auquel il se destine, et c’est bien là le principal. Sortie en salles le 9 octobre 2019. Corentin Palanchini (@Sartana87)
Quinzaine des réalisateurs
Emmené par les troublants Pekka Strang et Krista Kosonen, Dogs don't wear pants suit le deuil d'un père de famille démoli et anesthésié après la noyage de son épouse. Entre pulsion de vie (ressentir à tout prix) et pulsion de mort (comme rarement on ne l'a décrit), le héros se noie lui aussi. Sa rencontre avec une jeune adepte de pratiques SM va lui ouvrir la voie de la guérison, celle-ci se trouvant étrangement dans la mutilation. Il y a des scènes chocs dans ce film (mention spéciale à l'arrachage de dent à la pince à outils) mais il y a aussi beaucoup d'humour, de second degré et un regard délicat sur un sujet toujours très difficile à traiter. Laetitia Ratane (@laetitia.ratane)
Hors-Compétition
Annoncé avant même le lancement du Festival comme Le Grand Bain de ce Cannes 2019, La Belle Epoque s’inscrit en effet dans la lignée de la comédie à succès de Gilles Lellouche. Rythme, qualité de la mise en scène, et un casting prestigieux. Ce film sur le temps qui passe joue habilement avec les époques et nous invite à un voyage dans le temps sur la pitch ambitieux et malin : Victor (Daniel Auteuil), un sexagénaire désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où Antoine (Guillaume Canet), un brillant entrepreneur, lui propose une attraction d’un genre nouveau : mélangeant artifices théâtraux et reconstitution historique, cette entreprise propose à ses clients de replonger dans l’époque de leur choix. Victor choisit alors de revivre la semaine la plus marquante de sa vie : celle où, 40 ans plus tôt, il rencontra le grand amour... Inventif, joueur, avec un paquet de répliques bien senties, La Belle époque pourrait bien détonner lors de sa sortie à l’automne. Mention spéciale à Fanny Ardant en tête, que Nicolas Bedos décoiffe avec jubilation ! Brigitte Baronnet (@BBaronnet)
Compétition
Avec Parasite, Bong Joon-Ho revient tourner sur ses terres natales après deux expériences hollywoodiennes. Et ce retour aux sources est un coup de maître. Avec cette histoire d'une famille modeste mettant en place un plan pour parvenir à travailler au service d'une famille bien plus riche, le cinéaste sud-coréen signe une fable jouissive et féroce autour des inégalités sociales. Son Parasite, qui débute comme un véritable jeu, une comédie noire très drôle, s'aventure ensuite dans des territoires bien plus aventureux. Crescendo, le long métrage se transforme ainsi en véritable ovni qui fait rire, frémir et réflechir, qui inquiète et qui intrigue, qui terrifie autant qu'il émeut. Un coup de maître, on vous dit. Clément Cuyer (@clemt77)